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| Duong Thuy Vi possède une collection de médailles impressionnante. |
| Photo : VNA/CVN |
À sept ans, Duong Thuy Vi découvre le wushu par curiosité. Écolière de CP espiègle et têtue, elle s’enthousiasme en écoutant son cousin raconter ses entraînements et supplie ses parents de l’inscrire. “Je ne savais pas vraiment ce qu’était le wushu. Je me disais juste que ce serait comme jouer : courir, m’amuser, et surtout éviter trop de devoirs. J’ai insisté pour que mon père m’y emmène”, se souvient-elle.
L’euphorie ne dure que quelques jours. Très vite, viennent les douleurs aux jambes, aux bras, les muscles endoloris. Puis les exercices techniques, les étirements poussés, les figures à haute difficulté, elle pleure à chaudes larmes. “Chaque séance, je pleurais et me disais que j’arrêterais le lendemain. Étrangement, une fois les larmes essuyées, tout rentrait dans l’ordre”, raconte Duong Thuy Vi.
Grandir sur le tapis, briller sur le podium
Plus tard, en repensant à son parcours, elle confie avoir souvent pleuré en silence : de douleur, de blessures, sous la pression, sujette chaque année à plusieurs épisodes de “trop cogiter”. “Parfois, je me demandais : je m’entraîne pour le plaisir et la santé, alors pourquoi pleurer autant ?”
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| Duong Thuy Vi, icône du wushu vietnamien. |
| Photo : VNA/CVN |
Vingt-cinq ans ont passé. Sa vie s’est presque entièrement résumée à un cycle : du tapis d’entraînement au tapis de compétition. Si elle est restée fidèle au wushu, c’est par passion - ou, dit-elle, parce que “le wushu m’a choisie, et je ne pouvais pas choisir autre chose”.
Duong Thuy Vi possède une collection de médailles impressionnante - des titres nationaux, régionaux, continentaux et mondiaux - qui se comptent par centaines et trônent dans une vitrine familiale. La petite championne a marqué de grandes étapes du wushu vietnamien aux SEA Games, aux Jeux asiatiques et aux Mondiaux, à force de talent, d’entraînement acharné et d’un dévouement total à sa discipline.
Sur les réseaux sociaux, son profil laisse entrevoir une vie d’“idole du wushu” : images souriantes, compétitions aux quatre coins du monde, instants de gloire sur les podiums. La réalité est moins rose. “Moi aussi, je veux être jolie, m’habiller, me maquiller pour sortir avec des amis, mais c’est rare. Le sport, surtout les arts martiaux, forge des muscles qui peuvent paraître moins féminins ; les entraînements intensifs bousculent hormones et santé. Beaucoup de choses difficiles à dire que l’on ne perçoit pas de l’extérieur. Ce sont des sacrifices des athlètes féminines”, confie Duong Thuy Vi.
Les saisons s’enchaînent, les stages aussi : presque pas de temps pour la famille. Les rares heures à la maison sont souvent avalées par le sommeil, lessivée par des semaines d’efforts. “Parfois, je ne fais que ranger ma chambre. J’ai beaucoup de centres d’intérêt, mais peu de temps pour les poursuivre. En ce moment, je me sens même un peu comme une vieille dame : j’aime le thé vert et le café”, partage-t-elle.
Selon elle, ses histoires avec le wushu paraissent modestes, mais en un clin d’œil, c’est déjà “un tiers de vie” qui a filé. À 32 ans, elle s’entraîne et concourt encore, ce que Duong Thuy Vi de 20 ans jugeait impensable, convaincue que personne ne peut tenir indéfiniment.
En 25 ans, le wushu lui a pris beaucoup - difficile d’en faire la liste -, mais Duong Thuy Vi se prépare aussi à l’avenir, pour rester liée à cet art. Son parcours ne se résume pas à s’entraîner et à performer. C’est un apprentissage continu pour se perfectionner. “Le wushu n’a jamais été +vieux+ pour moi. J’ai encore tant à apprendre, et chaque jour m’apporte une nouvelle leçon”, conclut-elle.
Phuong Nga/CVN




