Développer le secteur privé de la santé nécessite des politiques spécifiques

La Résolution N°68-NQ/TW du Politburo, consacrée au développement de l’économie privée, entend en faire un levier majeur de croissance nationale. Le secteur de la santé privée, pleinement concerné, dispose d’une formidable opportunité d’essor. Hô Chi Minh-Ville, déjà leader en la matière, voit encore s’élargir son potentiel après la fusion avec Bình Duong et Bà Rịa-Vung Tàu.

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Cependant, de nombreux obstacles persistent et freinent encore l’essor de la santé privée. Des politiques plus fortes et concrètes s’avèrent nécessaires afin de favoriser ce développement à l’avenir, de répondre à la demande croissante en soins médicaux des habitants et, à terme, d’attirer également des patients étrangers vers le Vietnam.

L'hôpital Van Phúc investit dans des système d'équipements modernes.

Modèles pionniers dans le développement de la santé privée

En 1987, la naissance du Centre Medic Hòa Hảo a marqué l’émergence du tout premier établissement privé de santé à Hô Chi Minh-Ville. Depuis, la ville a vu fleurir une multitude de structures privées, comblant les lacunes du secteur public et contribuant à perfectionner le système de soins.

Après 1975, la prise en charge médicale reposait presque exclusivement sur les dispensaires et hôpitaux publics, confrontés à un cruel déficit en médecins, médicaments et équipements. Quelques cliniques privées existaient mais restaient marginales. L’année 1987 a marqué un tournant avec la création du Centre Medic Hòa Hao, premier établissement doté de services d’analyses et d’imagerie médicale. Grâce à ses équipements modernes et à une équipe de praticiens chevronnés, le centre a séduit une partie de la population en quête de soins de meilleure qualité.

La Résolution 90-CP du gouvernement, adoptée en 1997 pour promouvoir la socialisation de l’éducation, de la santé et de la culture, a ouvert la voie à la création d’hôpitaux privés. En 1999, l’hôpital Hoàn My, d’une capacité initiale de 31 lits, est devenu le premier hôpital privé de la ville né de cette politique. Rapidement, d’autres établissements tels que Triêu An, Vạn Hạnh ou An Sinh ont suivi, élargissant l’offre de soins pour Hô Chi Minh-Ville et l’ensemble du Sud.

Le personnel de gestion qualifié de Vạn Phúc assure la réussite dans la concurrence.

Devenue pôle économique majeur, la métropole s’est transformée en terre d’accueil fertile pour la santé privée. Les capitaux étrangers se sont également investis, à l’image de Columbia Asia Gia Định, ouvert en 1998, premier hôpital privé au Vietnam financé à 100% par l’étranger, avec 20 lits et un large éventail de spécialités. En 2003, l’Hôpital FV, fondé par un collectif de médecins français, a poursuivi cette dynamique en introduisant des standards internationaux.

Pour les experts, la santé privée est née et s’est développée comme une réponse naturelle à la demande sociale. Forte de ses infrastructures modernes, de services différenciés et d’une approche personnalisée, elle répond tout particulièrement aux besoins des classes moyennes et aisées.

Selon le Dr Nguyên Hoàng Tuân, directeur de l’Hôpital Phuong Nam, le secteur privé joue un rôle complémentaire essentiel : il désengorge le public, stimule l’innovation, renforce la concurrence et améliore la qualité globale des soins. Si des conditions favorables et une régulation efficace sont mises en place, le privé cessera d’être un concurrent pour devenir un partenaire du public au service de la population.

Des obstacles persistants

L’Hôpital privé Minh Anh attire des chirurgiens qualifiés pour offrir des services de soins de haute qualité.

Le Dr Dao Canh Tuât, président du Conseil d’administration de l’hôpital Vạn Phúc City et vice-président de l’Association des hôpitaux privés du Vietnam, souligne que malgré leur croissance rapide, les hôpitaux privés demeurent inégaux en termes de qualité, souvent de petite taille et sans vision stratégique à long terme. Les différences juridiques entre public et privé entraînent un accès inéquitable aux ressources et aux politiques. Par ailleurs, l’acquisition de terrains de grande superficie reste quasi impossible, faute de capitaux, freinant leur expansion.

Le Dr Nguyên Hoàng Tuân relève aussi la difficulté d’accès aux financements et la pénurie de personnels qualifiés comme des freins majeurs. Contrairement au secteur public, les hôpitaux privés doivent autofinancer leurs infrastructures et ne bénéficient d’aucun soutien spécifique de l’État, ce qui alourdit leurs charges.

Pour les spécialistes, il est indispensable de mettre en place des politiques incitatives ciblées afin que la santé privée devienne un véritable partenaire du secteur public dans la prise en charge des patients.

Texte et photos : Quang Châu/CVN

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