Arnaques aux dons : les hôpitaux de Hô Chi Minh-Ville cibles de cyber-escrocs

De faux appels aux dons et des usurpations d’identité exploitent la compassion des citoyens pour détourner leur générosité ont tendance à augmenter à Hô Chi Minh-Ville. Face à ces fraudes numériques, les hôpitaux lancent un cri d’alerte et appellent la population à une vigilance absolue.

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À Hô Chi Minh-Ville, les hôpitaux ne luttent plus seulement contre la maladie. Depuis quelques mois, ils font face à une menace insidieuse née sur les réseaux sociaux : des arnaques sophistiquées qui exploitent la bonté des citoyens. De faux appels aux dons, des pages Facebook clonées, des coups de téléphone alarmistes…

Les escrocs redoublent d’ingéniosité pour transformer la solidarité en source de profit. Désemparés face à la vitesse de propagation de ces fraudes numériques, les hôpitaux lancent un appel pressant : "Protégez votre cœur, ne laissez pas votre générosité être détournée".

La réputation de nombreux programmes caritatifs est ternie par des canaux “noirs”.

Le premier à tirer la sonnette d’alarme fut l’Hôpital pédiatrique N°2. Ses équipes ont découvert une série de publications virales illustrées de photos bouleversantes : des enfants reliés à des perfusions, le regard chargé de peur. Les messages appelaient à des dons urgents pour régler des frais d’hospitalisation prétendument "vitaux". En réalité, il s’agissait d’un stratagème cynique : de fausses histoires et des comptes bancaires personnels pour capter l’argent des bienfaiteurs. "C’est une exploitation éhontée de la compassion humaine ", s’indigne un représentant de l’établissement. "Tout don doit passer par notre Service de travail social, avec un suivi totalement transparent".

Des bienfaiteurs abusés, une confiance fragilisée

Touchés par ces récits dramatiques, plusieurs donateurs ont transféré de l’argent avant de découvrir la supercherie en consultant la page officielle de l’hôpital. Pour certains, l’amertume d’avoir été trompés s’ajoute à la honte d’avoir soutenu, malgré eux, des escrocs. La même mise en scène a été observée à l’Hôpital de Thu Duc, où une page Facebook soigneusement maquillée reprenait le logo, l’adresse et même les photos authentiques des médecins pour inspirer confiance. L’hôpital a dû rappeler publiquement : "Nous ne possédons qu’une seule page officielle et nous ne faisons jamais appel aux dons sous une forme individuelle". Les autorités ont été saisies, mais la suppression des pages frauduleuses s’apparente à un combat sans fin : à peine fermées, d’autres réapparaissent.

Cho Rây est victime de cyber-escrocs.

À l’hôpital Cho Rây, la situation est encore plus complexe. Centre hospitalier emblématique du Sud, il attire non seulement les patients mais aussi… les fraudeurs. Leur méthode est désormais bien rodée : créer de toutes pièces des patients fictifs à partir de photos d’archives et de faux documents médicaux (ordonnances, reçus d’hospitalisation), ou recycler des histoires réelles de patients déjà sortis pour inventer de nouveaux drames. Les appels à dons renvoient toujours à un compte bancaire personnel, parfois accompagné de messages lacrymaux destinés à émouvoir des donateurs locaux comme internationaux.

Lê Minh Hiên, chef du Service de travail social de Cho Rây, décrit un quotidien où la lutte contre les escroqueries est devenue une mission à part entière : "Chaque semaine, nous recevons des dizaines d’appels : des internautes inquiets, des proches de patients… Tous veulent savoir si l’histoire qu’ils ont lue est vraie".  Une fois la vérification faite dans le système médical, si une usurpation est confirmée, la procédure est immédiate : rapport à la direction, signalement à la police, mobilisation du service juridique pour faire retirer les pages frauduleuses. Mais le temps joue souvent contre l’hôpital : les publications virales circulent à une vitesse fulgurante, et l’émotion publique agit comme un accélérateur de clics.

Les fausses collectes ne sont qu’une facette du problème. Selon l’hôpital Cho Rây, de nombreuses cliniques privées et salons esthétiques utilisent son nom pour attirer des clients. Vidéos douteuses, publicités mensongères, pages Facebook aux logos copiés : le phénomène sème la confusion. "Beaucoup de patients pensent venir chez nous alors qu’ils entrent dans un établissement totalement privé ", explique un cadre de l’hôpital. L’établissement rappelle qu’il ne dispose que d’un seul service officiel de chirurgie plastique et esthétique, situé dans son enceinte, sans aucune filiale externe. Cette confusion, entretenue par des pratiques illégales, nuit à la crédibilité du système hospitalier et fragilise la relation de confiance avec les patients.

Les donneurs de sang sont devenus de nouvelles victimes des cyber-escrocs.

Les donneurs de sang, nouvelles victimes

Dernière cible en date : les donneurs de sang bénévoles. Le scénario est bien rodé : un message annonce que " les résultats du don présentent des anomalies", suivi d’une demande d’informations personnelles (carte d’identité, numéro de compte, identifiant VNeID), et d’un lien vers une personne à contacter via Zalo, censée assurer un " examen complémentaire". En quelques semaines, des centaines de donneurs ont été piégés. Au-delà du risque financier, ces pratiques menacent un pilier de la solidarité : le don de sang volontaire, déjà fragile face aux besoins médicaux croissants.

Pour réagir, le Service de la santé de Hô Chi Minh-Ville a mis en place une stratégie à plusieurs volets : envoi de SMS officiels aux donneurs, diffusion d’alertes renforcées via l’application Goutte de sang dorée, campagnes de sensibilisation dans les médias, et mise en place d’une hotline dédiée (028.3955.7858) pour toute vérification immédiate. Mais pour tous les hôpitaux concernés, une certitude s’impose : la première ligne de défense reste la vigilance citoyenne.

" Chaque don, chaque acte de générosité compte, mais un seul clic irréfléchi peut suffire à nourrir le crime numérique ", avertit un responsable hospitalier. Dans cette ville où la solidarité a toujours été une force, le défi est désormais clair : protéger sa générosité pour qu’elle atteigne ceux qui en ont réellement besoin.

Texte et photos : Quang Châu/CVN

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