>> Préserver les métiers traditionnels des minorités ethniques
>> Le tissage du lin des H’mông à Lùng Tám
>> Le dessin à la cire d’abeille des H’mông à Yên Bái
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Le batik des H'mông a été reconnu en 2023 comme patrimoine culturel immatériel national. |
Photo : VNA/CVN |
Le batik est un art complexe, qui comporte de nombreuses étapes et dont tous les matériaux et couleurs proviennent de la nature. Bien que le processus de dessin des motifs puisse sembler simple, chaque étape requiert précision et compétence, et prend un temps considérable.
Giàng Thi So, artisane de 58 ans de la commune de Ta Van, cité municipale de Sa Pa, dans la province de Lào Cai (Nord), utilise cette technique depuis près de 40 ans.
Un travail difficile
“Peindre des motifs à la cire d’abeille exige de l’habileté, de la minutie et de la patience. Je suis la seule de ma famille à continuer ce métier. J’aime dessiner à la cire d’abeille depuis mon plus jeune âge et j’ai appris auprès des femmes expérimentées de mon village”, explique-t-elle.
“L’art du batik exige non seulement de grandes compétences, mais aussi de la créativité et de la flexibilité. Les motifs représentent souvent des animaux et des plantes de la nature des escargots, des feuilles, des fleurs et la lune et il est donc essentiel d’avoir une bonne imagination. Les motifs racontent également des histoires sur la vie des communautés ethniques minoritaires dans les montagnes”, ajoute-t-elle.
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L'art du batik exige non seulement de grandes compétences, mais aussi de la créativité et de la flexibilité. |
Photo : VNA/CVN |
La cire d’abeille doit être soigneusement sélectionnée : jaune pour la cire jeune et noire pour la cire ancienne. Après avoir extrait le miel, la cire est chauffée jusqu’à ce qu’elle fonde, puis les deux types de cire sont mélangés.
La cire d’abeille doit être chauffée à 70°-80°C pour éviter qu’elle ne sèche pendant l’utilisation. Le stylet est en bambou ou en bois, avec une pointe formée de trois feuilles de cuivre triangulaires. Plus la pointe est affinée, plus le dessin devient complexe.
“Une fois les motifs dessinés sur le tissu avec la cire, celui-ci est plongé dans une teinture, généralement de l’indigo, une plante qui produit une couleur bleu foncé. La cire, qui n’absorbe pas la teinture, protège les parties du tissu où elle a été appliquée, créant ainsi un contraste avec le reste du tissu teint. Après que le tissu ait séché, la cire est enlevée par ébullition. Cela laisse les motifs dessinés en blanc ou dans la couleur originale du tissu, tandis que le reste du tissu prend la couleur de la teinture”, explique Mme So.
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Photo : VNA/CVN |
Ces dernières années, les autorités des provinces du Nord ont lancé des initiatives afin de préserver et promouvoir cette artisanat H’mông. Les touristes sont de plus en plus attirés par les villages où ils peuvent observer et même pratiquer le batik. De nombreux visiteurs ramènent chez eux des tissus qu’ils ont eux-mêmes créés, ajoutant ainsi une touche personnelle à leur expérience culturelle.
Ly Thi Ninh, une artisane du village de Trông Tông dans le district de Mù Cang Chai, province de Yên Bai, a récemment fait une démonstration de batik lors d’une exposition à Hanoï, attirant à la fois les locaux et les touristes internationaux.
Mme Ninh est considérée comme l’une des meilleures de son village, ayant appris la broderie, le tissage à la main et le batik auprès de sa grand-mère et de sa mère dès son plus jeune âge.
“Les H’mông croient que les motifs ornant leurs costumes et objets quotidiens sont bien plus que de simples décorations. Ils constituent un langage visuel, un pont entre le monde terrestre et le divin, permettant de communiquer avec les ancêtres et d’invoquer leurs bénédictions. Chaque motif est un symbole chargé de sens, évoquant les forces de la nature, les esprits ancestraux et les aspirations profondes du peuple H’mông”, partage-t-elle.
Reconnaissance nationale
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Grâce à des artisanes maîtres comme Mmes So et Ninh, qui restent passionnées par leur métier, l'art du batik a toutes les chances d'être préservé pour les générations futures. |
Photo : VNA/CVN |
Le batik des H’mông a été reconnu en 2023 comme patrimoine culturel immatériel national. Cette technique est préservée depuis des générations par les communautés H’mông dans des districts tels que Mù Cang Chai, Tram Tâu et Van Chân dans la province de Yên Bai. Elle est utilisée pour créer des motifs qui décorent des articles traditionnels tels que sacs à main, écharpes et vêtements. Cette reconnaissance devrait contribuer à préserver cet artisanat traditionnel et à le faire connaître à un public plus large, favorisant ainsi le tourisme dans les provinces du Nord.
Grâce à des maîtres comme Mmes So et Ninh, qui restent passionnées par leur métier, l’art du batik a toutes les chances d’être préservé pour les générations futures.
L’ethnie H’mông, qui compte près de 1,4 million de personnes, vit dans les provinces montagneuses du Nord telles que Hà Giang, Tuyên Quang, Lào Cai et Yên Bai. Ils sont connus pour leurs artisanats, notamment la sculpture sur argent, la fonte de bronze et la broderie.
Parmi ceux-ci, le batik, véritable héritage ancestral, transcende la simple décoration vestimentaire. Il est une expression artistique raffinée qui témoigne de la profondeur spirituelle et de l’identité culturelle de ce peuple.
Huong Linh/CVN