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Le patient atteint de cancer a besoin à la fois d’un traitement médical et d’un accompagnement psychologique. |
Truong Nguyên Xuân Quỳnh, membre de l’Association vietnamienne de médecine palliative et conseillère en travail social au Saigon Psychub, affirme qu’il est essentiel que le patient soit bien informé sur sa maladie et qu’il participe à l’élaboration d’un plan de soins qui respecte ses attentes. C’est le premier pas vers une “bonne mort”, un concept encore peu connu mais indispensable dans les soins actuels.
Être à l’écoute
Il n’est jamais facile d’apprendre que l’on est gravement malade. Pourtant, cacher la vérité - comme on le fait souvent dans certaines traditions - peut avoir l’effet inverse. Le patient sent bien que son corps change, et si on ne lui dit pas clairement ce qu’il se passe, il risque d’être encore plus inquiet.
Discuter franchement du pronostic, des soins possibles, de la gestion de la douleur ou des souhaits du patient à la fin de sa vie permet de mieux le préparer sur le plan mental et émotionnel. Quand l’espérance de vie tombe sous six mois, il est important que le médecin parle avec lui des soins à envisager, du lieu où il souhaite être soigné, des moyens d’apaiser sa douleur ou encore de ses dernières volontés.
Selon la Dre Quỳnh, au début, certains patients peuvent être surpris de devoir faire leurs propres choix médicaux. Mais avec une bonne explication, ils s’adaptent rapidement et expriment leurs souhaits avec confiance.
Les enfants aussi ont leur mot à dire
Les soins palliatifs ne concernent pas que les adultes. Les enfants atteints de maladies graves ont eux aussi besoin d’un accompagnement respectueux. À l’Hôpital pédiatrique de Hô Chi Minh-Ville, une unité de soins palliatifs a été ouverte dès l’inauguration de l’hôpital. Huỳnh Duy Quang, responsable par intérim du service, raconte le cas d’un garçon de 11 ans atteint de leucémie, pris en charge à domicile dans ses derniers jours, entouré par sa famille et accompagné par une équipe soignante attentive, ce qui lui a permis d’éviter les douleurs.
M. Quang précise que dans la relation entre le médecin et l’enfant, il est important de rester “à pied d’égalité”. Même si l’enfant ne peut pas décider seul, il faut l’écouter, lui donner la parole. Parfois, une question simple comme “Qu’est-ce que tu aimerais dire au docteur aujourd’hui ?” peut faire émerger des pensées profondes et inattendues.
Les enfants sont souvent privés de leur droit d’être informés ou de participer aux décisions. Mais si c’est possible, le médecin doit encourager la famille à respecter les souhaits de l’enfant, même les plus petits.
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Les patients en phase terminale ont des souhaits personnels pour leurs derniers instants. |
Une démarche de savoir, de compétences et d’humanité
Aujourd’hui, plusieurs grands hôpitaux - comme l’Hôpital universitaire de médecine et de pharmacie de Hô Chi Minh-Ville, l’Hôpital d’oncologie de la ville ou l’Hôpital central de gériatrie - ont mis en place des services de soins palliatifs bien structurés. Il ne s’agit pas seulement de soulager la douleur, mais d’un vrai travail d’équipe entre médecins, infirmiers, psychologues, travailleurs sociaux et pharmaciens.
Depuis 2019, l’École de médecine de Hô Chi Minh-Ville enseigne officiellement l’art délicat d’annoncer une mauvaise nouvelle. Grâce à des mises en situation, les étudiants s’entraînent à écouter, poser les bonnes questions, gérer les émotions et rester présents auprès des patients dans les moments les plus fragiles de leur vie.
“Une formation peut durer quelques jours ou plusieurs semaines, mais le plus important, c’est de changer sa manière de penser et que l’hôpital investisse dans les personnes”, confie Mme Quỳnh.
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Le soutien psychologique apporté par le médecin au patient joue un rôle important. |
À l’Hôpital d’oncologie de Hô Chi Minh-Ville, le service de soins palliatifs existe depuis 2011. Il aide les patients atteints de cancer à mieux vivre la maladie, sur le plan physique, mais aussi mental et social. Pour Dang Huy Quôc Thinh, président de l’Association vietnamienne de médecine palliative, il ne suffit pas d’avoir de bonnes connaissances médicales : il faut aussi avoir du cœur, savoir écouter et bien communiquer.
Avec cette approche centrée sur le patient, les soins palliatifs ne cherchent pas à prolonger la vie coûte que coûte, mais à faire en sorte que les derniers jours soient vécus pleinement, sans douleur, sans solitude, avec respect et liberté.
L’accompagnement humain, chaleureux et attentionné de l’équipe médicale dans les derniers moments de vie est le plus beau cadeau que l’on puisse offrir à un patient.
Texte et photos : Quang Châu/CVN