>> La réorganisation des unités administratives de niveau provincial, une décision historique
>> La réorganisation des collectivités locales ne doit pas affecter d'autres tâches essentielles
>> La réorganisation administrative, opportunité en or pour le tourisme
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Une partie de Hanoï vue d'en haut. |
Photo : VNA/CVN |
L’Assemblée nationale vietnamienne a adopté le 12 juin une résolution majeure visant à réorganiser les unités administratives au niveau provincial. Résultat : le pays ne compte désormais plus que 34 provinces et municipalités, contre 63 auparavant. Cette réforme ambitieuse vise à rationaliser l’administration, renforcer l'efficacité des politiques publiques et favoriser un développement plus harmonieux entre les territoires.
Au-delà des chiffres, cette nouvelle carte redéfinit les contours politiques, économiques et sociaux du Vietnam, en plaçant certaines localités sur le devant de la scène nationale. Le réagencement modifie considérablement la répartition des ressources, la taille des entités et leur accès aux zones côtières, entre autres facteurs clés.
Des provinces plus grandes, plus fortes, plus maritimes
L’un des effets les plus visibles de cette réforme est l’augmentation du nombre de provinces ayant un accès à la mer. Sur les 34 nouvelles entités administratives, 21 sont désormais côtières, contre 28 sur les 63 précédentes. En pourcentage, cela signifie que 62% des provinces disposent d’un littoral, contre seulement 44% auparavant.
Parmi ces provinces maritimes figurent non seulement des localités historiquement liées à la mer, comme Quang Ninh (Nord) ou Cà Mau (Sud), mais aussi des zones intérieures agrandies à la faveur de la fusion, comme à Lâm Dông (Hauts plateaux du Centre), désormais intégrée à la liste grâce à l’ajout de territoires côtiers.
La nouvelle carte administrative donne à la mégalopole du Sud, Hô Chi Minh-Ville, une stature encore plus imposante. Résultat de la fusion avec les provinces voisines de Binh Duong et Bà Ria - Vung Tàu, Hô Chi Minh-Ville devient la ville la plus peuplée du pays avec plus de 14 millions d’habitants.
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En superficie, elle atteint désormais 6.772 km², se plaçant juste derrière la nouvelle ville de Dà Nang (fusionnée avec Quang Nam au Centre), qui s'étend sur près de 11.859 km².
Mais c’est surtout sur le plan économique que la métropole s’illustre. Avec un produit régional brut (GRDP) de plus de 2.700.000 milliards de dôngs et des recettes budgétaires dépassant les 681.000 milliards de dôngs en 2024, la nouvelle Hô Chi Minh-Ville surpasse largement Hanoï, jusqu’ici capitale économique du pays. Le trio formé avec Bà Ria - Vung Tàu et Binh Duong constitue une superstructure industrielle et logistique d’envergure régionale.
Des inégalités persistantes malgré la fusion
Si certaines provinces gagnent en puissance, d’autres restent marquées par de fortes disparités. Le cas de Lâm Dông est révélateur : avec ses 24.233 km², elle devient la province la plus vaste du pays, résultat de la fusion entre Lâm Dông, Binh Thuân et Dak Nông. Une mosaïque territoriale qui unit les hauts plateaux à la côte sud-centre du pays.
En revanche, la province de Hung Yên, fusionnée avec Thái Bình, ne dépasse pas 2.515 km², faisant d’elle la plus petite entité du pays. Elle illustre les limites géographiques de certaines fusions, moins dictées par la superficie que par des logiques démographiques ou historiques.
Côté population, An Giang s’impose comme la province la plus peuplée après son union avec Kiên Giang, totalisant 4,9 millions d’habitants. À l’opposé, Lai Châu, bien que vaste (plus de 9.000 km²), n’abrite que 512.000 âmes, affichant l’un des taux de densité les plus bas du pays.
Redistribution économique et changements de leadership
La réorganisation a également bouleversé le classement des provinces selon leurs performances économiques. Si Hô Chi Minh-Ville et Hanoï dominent toujours, d'autres localités comme Dông Nai (PIBR de plus de 609.000 milliards de dôngs en 2024) ou Thanh Hoa (plus de 56.000 milliards de dôngs de recettes budgétaires) émergent comme des moteurs régionaux.
Les revenus moyens par habitant ont aussi évolué. Avant la fusion, Binh Duong dominait à 107,6 millions de dôngs annuels par personne. Désormais, la moyenne issue des fusions place Hanoï en tête (89 millions), suivie par la nouvelle Hô Chi Minh-Ville (86,5 millions) et Hai Phong (78,6 millions).
Cette restructuration sans précédent constitue un tournant majeur dans la politique d’aménagement du territoire du Vietnam. Elle oblige les autorités locales à repenser leurs modèles de gouvernance, à harmoniser les infrastructures et à concilier des identités régionales parfois contrastées.
Le succès de cette réforme dépendra de la capacité à créer des synergies entre les entités fusionnées, à optimiser les ressources et à garantir une croissance inclusive. Pour l’heure, le Vietnam semble avoir jeté les bases d’un nouveau modèle administratif et économique, plus adapté aux exigences du XXIe siècle.
Dan Thanh/CVN