Un nombre record d’entreprises en création

À peine sept mois après son entrée en vigueur, la Résolution 68 du Bureau politique sur le développement de l’économie privée confirme son fort pouvoir d’attraction : le nombre d’entreprises nouvellement créées ou revenues sur le marché atteint un niveau record, tandis que les flux d’investissements vers l’économie progressent de manière spectaculaire.

Conditionnement du caoutchouc transformé chez la compagnie par actions  BRC.
Photo : Hông Nhung/VNA/CVN

Près de 276.000 entreprises créées ou de retour sur le marché

Rien qu’au mois de novembre, le nombre d’entreprises nouvellement créées a continué de croître vigoureusement, enregistrant une hausse de près de 35% par rapport à la même période de l’an dernier.

Sur les onze premiers mois de l’année, le total des entreprises créées ou ayant repris leurs activités s’est établi à 275.600, en progression de plus de 26% par rapport à 2024.

Dans le détail, les créations d’entreprises ont augmenté de près de 21%, tandis que les retours sur le marché ont bondi de 37%. En moyenne, l’économie vietnamienne a ainsi accueilli environ 25.100 entreprises nouvelles ou réactivées chaque mois.

Selon l’Office général des statistiques (ministère des Finances), l’un des indicateurs les plus marquants de la conjoncture sur cette période de onze mois réside dans l’ampleur des capitaux injectés dans l’économie.

Le total des capitaux nouvellement enregistrés et des apports supplémentaires a atteint 5,6 millions de milliards de dôngs, soit une hausse de plus de 104% en glissement annuel.

Le principal moteur provient des entreprises déjà en activité. Les capitaux additionnels enregistrés par ce segment ont atteint près de 3,9 millions de milliards de dôngs, en hausse spectaculaire de 197,3%.

Pour l’Office des statistiques, ces chiffres traduisent une réalité claire : alors que les nouvelles entreprises démarrent avec un capital moyen d’environ 9,8 milliards de dôngs (niveau comparable à celui de l’an dernier), les entreprises existantes investissent massivement afin d’élargir leurs capacités de production et leurs activités.

Cette dynamique s’inscrit dans l’effervescence observée sur le marché, marquée par le lancement de nombreux projets de plusieurs milliards de dollars ces derniers mois. Ils concernent notamment l’immobilier, la logistique, les zones industrielles ou encore les énergies renouvelables, portés par des investisseurs nationaux tels que Becamex, VinEnergy, VinFast, VinAI, Sun Group, Trung Nam ou Novaland.

À l’approche du XIVᵉ Congrès national du Parti, Hô Chi Minh-Ville prévoit par ailleurs de lancer et d’inaugurer 21 projets structurants, dont quatre financés par des capitaux privés, avec la participation de groupes de premier plan comme Sun Group, Vingroup et Masterise.

Au regard de ces résultats positifs, l’économiste Dô Thiên Anh Tuân, enseignant à l’École de politiques publiques et de management Fulbright, réaffirme que les politiques menées au niveau central ont fait l’objet de réformes profondes, générant un effet sans précédent. Les statistiques récentes reflètent ainsi une évolution favorable du secteur privé.

Accélérer la levée des blocages

Pour autant, l’économiste Dô Thiên Anh Tuân rappelle que les secteurs traditionnels, grands pourvoyeurs d’emplois, demeurent sous pression. Si le nombre de créations et de retours sur le marché progresse, celui des sorties et des dissolutions augmente également.

D’où l’urgence, pour les autorités locales et les ministères, de lever rapidement les verrous réglementaires qui entravent les entreprises depuis longtemps, notamment en réduisant les coûts d’exploitation et les coûts informels.

"À l’ère nouvelle, il n’est plus acceptable de maintenir des politiques contradictoires entre le discours et l’action. Les orientations doivent être claires et appliquées à tous les niveaux : les collectivités locales et les administrations de base doivent accompagner pleinement les entreprises, les aider à grandir. Il est essentiel de soutenir des entreprises +locomotives+, capables d’entraîner les PME et de les intégrer aux chaînes de valeur mondiales", insiste Dô Thiên Anh Tuân.

De son côté, Nguyên Quôc Viêt, spécialiste des politiques publiques à l’Université d’économie (Université nationale de Hanoï), estime que la forte hausse des investissements, portée par de grands projets d’infrastructures lancés cette année, témoigne des premiers effets tangibles de la Résolution 68.

L’augmentation du nombre de créations s’explique également par la transformation de nombreuses grandes activités commerciales individuelles en entreprises formelles. L’ensemble correspond globalement aux objectifs initiaux des nouvelles politiques.

Toutefois, l’analyse des données révèle des contrastes : si les créations d’entreprises progressent fortement dans l’industrie manufacturière, les dissolutions y sont également nombreuses.

Dans le secteur de la construction, les créations marquent le pas, tandis que les cessations d’activité bondissent de 77%. Le marché traverse ainsi une phase de sélection particulièrement rigoureuse : les entreprises peu performantes, insuffisamment professionnalisées ou incapables de suivre les transformations technologiques et numériques sont contraintes de quitter le marché.

Selon Nguyên Quôc Viêt, les nouveaux moteurs de croissance des entreprises - et de l’économie dans son ensemble - devront reposer davantage sur l’efficacité de l’utilisation du capital, la productivité du travail et la productivité globale des facteurs. Plus que jamais, lever les obstacles structurels qui freinent ces moteurs apparaît comme une condition déterminante pour accélérer le développement du secteur privé.

"Après sept mois de mise en œuvre de la Résolution 68 et près d’une année charnière vers une nouvelle ère, deux problèmes doivent impérativement être résolus : les chevauchements et contradictions des textes juridiques et des politiques d’application. Ces contraintes doivent être examinées et supprimées en urgence, car elles pénalisent non seulement les entreprises et les citoyens, mais entravent aussi l’action des administrations, où nombre de responsables hésitent à décider par crainte de l’erreur", plaide-t-il.

Enfin, il souligne que, malgré les discours sur la réforme institutionnelle, la transparence, les mécanismes de reddition de comptes et l’intégrité demeurent insuffisants. Après les fusions administratives, de nombreuses collectivités peinent encore à s’adapter à de nouveaux modes de fonctionnement, se retrouvant désorientées et surchargées.

L’accent mis sur les procédures, au détriment de l’efficacité réelle, provoque des engorgements et une baisse de productivité. Autant de défis à relever rapidement pour permettre au secteur privé d’accélérer et de contribuer à l’objectif de croissance économique à deux chiffres du pays dans les années à venir.

Nguyên Nga - Câm Sa/CVN

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