Un mois en canot de sauvetage à travers trois régions du pays

Lorsque Dao Dang Công Trung a mis à l’eau son canot de sauvetage à Dà Nang pour rallier les zones inondées du Nord, il ne s’attendait pas à vivre plus d’un mois de missions ininterrompues à travers trois régions du pays.

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Dao Dang Cong Trung pilote un canot de sauvetage pour venir en aide une famille prise au piège par les eaux à Nam Phuoc, à environ 7 km de Hôi An, lors des inondations de fin octobre dans le Centre du Vietnam.
Photo : Nguyên Dông/CVN

Le 27 novembre au matin, après sept jours passés dans les eaux de l’ancienne province de Phu Yên, il regagne Dà Nang. Épuisé, l’homme de 44 ans s’arrête devant sa maison et appelle doucement : "Maman, ouvre-moi la porte". Sa mère accourt, affolée : "Pourquoi as-tu mis autant de temps ?"

Pendant près de deux mois, Công Trung a sillonné sans relâche les eaux, depuis l’ancienne province de Bac Giang jusqu’à Dà Nang, puis vers Phu Yên - aujourd’hui rattachée à la province de Dak Lak - durement touchée par les crues successives. Chaque opération de sauvetage dure environ une semaine, couvrant près de 1.300 km, avec seulement quelques jours de repos entre deux missions.

"Au départ, nous pensions ne rester que quelques jours dans le Nord, mais les opérations n’en finissaient plus. Les catastrophes naturelles de cette année ont eu des conséquences bien au-delà de toutes les prévisions", confie le chef de l’équipe de secours “Chung tay vì cộng dông” (Unis pour la communauté).

Le 19 novembre après-midi, Trung et son groupe de volontaires a quitté Dà Nang pour Phu Yên en réaction à la montée soudaine des eaux. Ils apportaient 200 gilets de sauvetage, 500 bouteilles d’eau, 150 repas préparés et du pain frais - des produits essentiels pour les communautés isolées. Le départ est décidé en urgence, forts de l’expérience acquise lors du précédent secours à Hôi An. L’équipe se composait de pilotes de canot, d’assistants, d’un chauffeur de camion et d’un coordinateur logistique. Le groupe transportait deux pirogues légères mais puissantes, adaptées au relief escarpé du Centre-Sud.

Leur premier point d’intervention était Dông Hòa - Tây Hòa, dans l’ancienne province de Phu Yên, en aval de la rivière Ba, une zone basse et côtière régulièrement submergée. Le trajet de plus de 500 km, effectué dans la nuit du 19 novembre, se déroulait alors que de nombreux secteurs commencent à être inondés. Les véhicules se retrouvaient dans des embouteillages interminables, et certains axes sont coupés par les eaux. Le 20 novembre après-midi, ils se rassemblaient près du pont Trân Hưng Dao, dans le quartier de Tuy Hoà, là où l’eau était la plus profonde, pour lancer les opérations d’évacuation en canot.

Distribution de vivres aux sinistrés dans les zones fortement inondées à Phu Yên. 
Photo : Công Trung/CVN

La zone de sauvetage s’étendait de Tuy Hoà à Hoà Thinh, puis à Dông Hòa, dans la commune de Phu Hoà. L’intervention la plus éprouvante a eu lieu le 21 novembre au matin, sous une pluie battante et un vent glacial. À bord du canot Thân Gio, deux secouristes traversaient des champs transformés en "haute mer" pour rejoindre le hameau de Quy Hâu. Ils venaient secourir un bébé de trois mois souffrant d’une forte fièvre et un vieil homme blessé nécessitant une hospitalisation urgente.

Sur près de 10 km, la pirogue affrontait des eaux profondes et se faufilait sous les passages inférieurs de la route nationale. Les deux habitations n’étaient distantes que de quelques centaines de mètres, mais les ruelles inondées obligaient à de nombreux détours. L’opération durait plus de quatre heures, rythmées par des tourbillons capables de faire chavirer l’embarcation et d’engourdir les mains du pilote.

Habitué aux opérations de secours dans les trois régions du pays, Trung affirme n’avoir jamais vu d’inondations aussi dévastatrices qu’à Phu Yên. Le relief accidenté et les courants violents mettaient les canots à rude épreuve, même pour des pilotes chevronnés. À Tiên Luc (ancienne province de Bac Giang) comme à Hôi An (Dà Nang), l’eau montait haut, mais le terrain plat facilitait les déplacements. Malgré plus de vingt ans d’expérience, Trung reconnaît que, parfois, "on se rend compte qu’on est encore vivant seulement en touchant la rive".

Dao Dang Cong Trung et l'équipe de secours SOS Dà Nang apportent de la nourriture à la zone inondée de Tien Luc, dans l'ancien Bac Giang (aujourd'hui Bac Ninh), début octobre 2025.
Photo : Trung Dào/CVN

Son équipe a secouru de nombreuses personnes, mais il leur est parfois impossible d’évacuer tout le monde, les communications étant presque totalement coupées dans les zones isolées.

Trois jours après, lorsque les eaux commençaient à se retirer, le groupe déchargeait 15 tonnes de marchandises envoyées par des entreprises de Hô Chi Minh-Ville pour les distribuer dans les zones les plus touchées.

Cette mission a été soutenue par de nombreux donateurs, offrant carburant, gilets de sauvetage, riz, nouilles, couches pour enfants et produits d’hygiène féminine. En plus des évacuations et de la distribution d’aides, l’équipe collaborait avec un groupe de bénévoles de Hôi An pour préparer près de mille repas chauds par jour destinés aux sinistrés.

Selon Trung, les équipes de secours sont toujours prêtes, mais, lors de crues majeures, elles peuvent vite être débordées. Il conseille donc aux familles vivant en zones inondables de s’équiper de bateaux pneumatiques, de planches de SUP ou de grands conteneurs en mousse attachés par des cordes. Chaque membre de la famille doit porter un gilet de sauvetage. Des sacs ou boîtes étanches contenant de la nourriture sèche, de l’eau potable pour 1 à 3 jours, des lampes torches et des fusées de détresse doivent être préparés à l’avance.

"Les inondations peuvent survenir à tout moment. Mais si chacun se prépare, les risques diminuent. Si chaque foyer est prêt, tout le quartier le sera aussi", rappelle-t-il.

Tâm An/CVN

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