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| Giàng Mi Giao posant pour une photo avec un groupe de touristes étrangers à Hà Giang. |
| Photo : CTV/CVN |
Né dans une famille H’mông de sept enfants à Quan Ba, Giàng Mi Giao a grandi au cœur du plateau rocheux, dans une maison de fortune où l’eau potable était un luxe. En saison sèche, il parcourait sept kilomètres pour porter quelques bidons d’eau ; en saison des pluies, la famille attendait des semaines que l’eau de pluie décante. "Chez nous, une maison solide était un rêve lointain, et le maïs constituait la nourriture", se souvient-il.
Après la classe de troisième, Giao quitte l’école pour travailler dans une mine au Quang Ninh. Douze heures par jour sous terre lui rapportaient neuf millions de dôngs par mois, bien plus que les maigres revenus des familles de son village où un animal d’élevage mettait des années à être vendu. Il envoie tout à ses parents, sans imaginer un autre avenir.
Son service militaire, puis son retour à Hà Giang en 2022, ont coïncidé avec l’essor fulgurant du tourisme dans la province. Alors qu’il ne sait pas quoi faire, des jeunes du village lui parlent d’un métier nouveau : conduire des touristes étrangers. Il se présente chez Jasmine Hà Giang avec des vêtements usés. "J’ai vu en lui une sincérité rare", raconte le directeur, Nguyên Van Tuân, qui décide de le former dès le premier jour.
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| Des "easy riders" transportant des touristes étrangers au tour de drapeau de Lung Cu. |
| Photo : Jasmine Ha Giang/CVN |
La formation reprend tout à zéro : hygiène, conduite, communication, sens du service. Le premier tour reste un souvenir mêlé de peur et de silence. Ne parlant pas anglais, Giao passe trois jours "figé", souriant comme on le lui a appris. Mais le pourboire de 700.000 dôngs le confronte à une évidence : pour avancer, il doit apprendre. Il télécharge une application de traduction, répète chaque mot appris auprès des touristes, pratique dans chaque repas, chaque arrêt. Leur patience devient sa meilleure école.
Un guide aimé, une source d’inspiration
Un an plus tard, Giao parle aisément, conduit avec assurance et incarne l’esprit des "easy riders" de Hà Giang. Aujourd’hui chef de groupe, il gère les équipes, veille à la sécurité, raconte aux voyageurs son enfance et la vie sur le plateau. Sa sincérité touche les visiteurs ; certains reviennent pour demander un tour guidé uniquement par lui. Une voyageuse lui a même offert un collier de grande valeur, émue par sa bienveillance.
Avec un revenu de 12 à 13 millions de dôngs par mois, Giao a rénové la maison familiale et garanti l’accès permanent à l’eau. Surtout, il a ouvert une voie nouvelle pour les jeunes de son village : une vingtaine d’entre eux travaillent désormais comme easy riders grâce à lui.
"Aujourd’hui, je vis dans ma terre natale et je roule sur les chemins où je portais autrefois de l’eau sur le dos. Chaque voyage, je le raconte comme une part de moi", confie-t-il.
Thao Nguyên/CVN





