>> Arrivée du voilier Ha Long bay, Vietnam à Quang Ninh
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Gavin dans la baie de Ha Long, province de Quang Ninh, en juillet 2025. |
Photo : Vnexpress/CVN |
"Le Vietnam, c’est un rêve pour moi", confie-t-il, les yeux humides, debout face à la baie de Ha Long. Classée au patrimoine naturel mondial, cette merveille du Nord du pays fut à la fois son moteur et son ultime destination, point d’orgue d’un voyage de 374 jours à vélo à travers les continents.
Originaire de Dublin, Gavin travaille dans le secteur des médias. Depuis toujours, il nourrit le rêve de faire le tour du monde en combinant ses trois grandes passions : le voyage, l’aventure et le cyclisme.
En 2022, il relève un premier défi : 5.000 km à vélo à travers l’Europe en mode bikepacking, une forme de voyage autonome où tout l’équipement est transporté sur le vélo.
"Le vélo est, selon moi, la manière la plus fluide et continue de voir le monde changer", explique-t-il.
Mais c’est en découvrant par hasard une photo de la baie de Ha Long que Gavin prend sa décision : entreprendre le voyage de sa vie, de l’Atlantique au Pacifique, de l’Europe à l’Asie, vers le Vietnam, un pays qu’il n’a jamais visité mais qui l’attire par son histoire riche et la chaleur de son peuple, souvent louées par la communauté internationale.
"Je me suis dit que la mer, les grandes îles et les plages paisibles seraient la fin parfaite de mon périple", se souvient-il.
Une traversée de 20 pays
Après six mois de préparation et de démarches administratives (photos d’identité, visas), Gavin quitte Dublin le 1ᵉʳ juillet 2024. Son itinéraire initial devait passer par l’Espagne, la France, Monaco, l’Italie, la Slovénie, la Hongrie, la Serbie, la Bulgarie, la Grèce, puis la Turquie et enfin la Géorgie, où il prévoit de passer l’hiver à Tbilissi.
Au printemps 2025, après la fonte des neiges, il reprend la route à travers les déserts du Kazakhstan et de l’Ouzbékistan, puis franchit les chaînes de montagnes du Tadjikistan et du Kirghizistan. Pour la dernière étape, il prend un vol pour Bangkok, traverse le Laos puis atteint le Vietnam.
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Vue aérienne de la baie de Ha Long, province de Quang Ninh. |
Photo : VNA/CVN |
Le parcours évolue pourtant en cours de route. Gavin adapte régulièrement son trajet au gré des rencontres. Il visite finalement la Hongrie et la Serbie, absentes de son plan initial. Il évite certains pays instables comme l’Iran, l’Afghanistan, le Pakistan ou l’Inde, et renonce à traverser la Chine en raison des difficultés d’obtention de visa.
Gavin pédale en moyenne 5 heures par jour. Dans les zones désertiques, il roule à l’aube ou en soirée, dort sous la tente, parfois sur des sols durs, sur des canapés, dans des caravanes ou chez l’habitant.
Il est brièvement rejoint par un ami en France pour franchir les Pyrénées, mais l’essentiel de son aventure est en solitaire. Il fait tout de même quelques rencontres : 600 km avec une Américaine entre la Bulgarie et Istanbul, puis 1.000 km dans les déserts d’Asie centrale avec un Anglais rencontré à Tbilissi.
Mais la solitude devient lourde. Les 40 jours passés au Tadjikistan sont les plus éprouvants, physiquement comme mentalement. Une douleur aiguë au genou manque de l’obliger à abandonner à Douchanbé. Puis les ennuis mécaniques s’enchaînent : rayons cassés, longues recherches de réparateurs, grippe, insolation, intoxication alimentaire…
Dans les montagnes du Pamir, les routes effondrées compliquent chaque étape.
Et ce n’est pas tout : au Kirghizistan, son pneu crève sur un éclat de verre. Il chute violemment, sa jambe est profondément entaillée. Il doit subir une intervention chirurgicale pour retirer les débris. Incapable de marcher pendant une semaine, il songe à tout arrêter.
"J’étais à bout. Mais je ne voulais pas lâcher, pas après tout ça", confie-t-il.
Un engagement solidaire pour Purple House
Ce qui le pousse à continuer, c’est sa levée de fonds pour Purple House, une organisation irlandaise qui aide les patients atteints de cancer : soutien psychologique, transport vers les chimiothérapies, groupes d’entraide, activités physiques adaptées…
"Porter ce maillot violet m’a donné une raison de tenir, même quand tout allait mal. "
Malgré la fatigue, la chaleur et l’humidité extrême en Asie du Sud-Est, Gavin poursuit jusqu’au bout. Le 8 juillet 2025, il franchit la frontière du Vietnam. Il n’a que quelques jours pour découvrir le pays, emballer son vélo à Hanoï et rentrer chez lui.
À Hanoï, Gavin se régale de pho et tombe amoureux du banh mi, devenu son petit-déjeuner préféré.
De retour à Dublin, il est accueilli en héros. Famille et amis l’attendent avec banderoles et étreintes, le faisant fondre en larmes.
Veronica O’Leary, directrice de Purple House, salue son exploit : "Gavin a porté haut nos couleurs aux quatre coins du monde. Grâce à lui, notre message de solidarité est allé plus loin que jamais."
Il est nommé "Héros de Purple House" pour son engagement exceptionnel.
"La vie est fragile, mais magnifique. Il faut la vivre pleinement, entouré des gens qu’on aime, et poursuivre ses rêves", conclut Gavin, un large sourire aux lèvres.
Thao Nguyên/CVN