Un hiphopeur vietnamien arbitrera un concours international

Nguyên Viêt Thành, alias «Thành Lion-T», chef du club Big Toe, a été invité à participer en tant qu’arbitre à un concours international de hip-hop en juillet 2012 au Canada. Un honneur, à travers lui, pour tous les hiphopeurs vietnamiens.

Nguyên Viêt Thành a avoué que cette invitation a été «une grosse surprise». «Je suis fier d’être le premier Vietnamien chargé de +tenir la balance+ à un concours de cette envergure. J’ai un peu le trac car c’est une grande responsabilité, en plus devant des professionnels du monde entier», confie-t-il. Et d’expliquer l’origine de cet honneur : «Mon ami Uwe, un bboy allemand, a envoyé au comité d’organisation quelques vidéos de séances d’entraînement que j’ai encadrées au Vietnam. Peu de temps après, on m’a téléphoné et invité à participer au prochain concours».

Hiphopeur Nguyên Viêt Thành, chef du club Big Toe.


Envers et contre tous
Thành Lion-T est le fondateur de Big Toe, un des clubs de hip-hop apparus ces dernières années à Hanoi. Il s’est passionné pour cette danse «exotique» dès son introduction au Vietnam dans les années 1990. «Au début, cette passion n’a pas été soutenue par mes parents. Au contraire, ils ont cherché à m’en détourner, de peur que cela m’éloigne de la vraie vie et que je me retrouve dans l’avenir sans gagne-pain», se souvient Thành. Il les a écouté, a exercé un temps différents jobs pour faire plaisir à papa et maman. «Mais, cela n’a duré qu’un temps. L’amour du hip-hop m’a entraîné irrésistiblement vers la salle d’entraînement. Et j’ai décidé dès lors de m’y attacher toute ma vie».
Il crée le groupe Big Toe. Le début d’une grande aventure, non sans embûches. «Au début, on nous regardait de travers et nous devions nous entraîner dans les terrains vagues. Un jour, je me suis cassé la jambe dans un trou. Le coin était désert. Mes amis ont perdu une demie-heure pour faire venir un cyclo afin de m’amener à l’hôpital», se rappelle-t-il. Mais les difficultés ne sont pas parvenues à émousser la passion et la volonté des bboys et bgirls (appellations des garçons et des filles pratiquant le breaking danse - NDLR).
Quelques années après, Thành a réussi à démontrer à ses parents la valeur de sa passion et surtout la possibilité d’en faire «un vrai métier». En compagnie de son club Big Toe, Thành Lion-T est allé se produire sur scène un peu partout dans le pays et a ouvert des cours à Hanoi. Il a aussi passé des contrats avec des chanteurs professionnels pour la réalisation de concerts. «Le hip-hop est devenu un vrai boulot, à temps plein, que je suivrai toute ma vie», assure-t-il.

Depuis 2006, Thành Lion-T a l’honneur d’être l’ambassadeur du programme «Danse pour la vie».


Un vrai travail
Pour Thành Lion-T, l’objectif du club est de «conquérir pas à pas des sommets». «Chaque sommet nous donne de la conviction et de la volonté pour en conquérir un autre plus élevé», s’enthousiasme-t-il. Jusqu’ici, le plus élevé «sommet» que Thành a gravi est le 3e prix au concours House de toute la région Asie du Sud- Est. Son club a empoché de nombreux prix individuels et collectifs lors de concours nationaux et régionaux. Tout récemment, son bboy Quân a décroché le prix «Best of the best» lors du concours «One Love», et a eu l’honneur de représenter le Vietnam à ce concours international au Canada.
«Le hip-hop est né dans la rue et continuera de se développer dans la rue. Mais, ces derniers temps, certains artistes professionnels l’ont introduit sur scène. Depuis 2005, on a réalisé des programmes combinant hip-hop et musique folklorique ou populaire, révèle Thành. Pour moi, la scène ou la rue ce n’est pas important ; ce qu’il l’est, c’est que le hip-hop existe et se développe fortement». Selon lui, les fans de hip-hop ont en moyenne une compétition tous les deux mois dans la ville.
Un art toujours en quête de reconnaissance
Questionné sur le pourquoi du style bizarre des bboys et bgirls, avec pantalons baggy, casquette de travers et percing un peu partout, Thành explique : les jeunes, après des heures d’études sérieuses, veulent «de nouvelles sensations» à travers des habits extravagants et des mouvements extraordinaires. «Mais l’habit ne fait pas le moine. Un vrai hiphopeur se distingue par une ferme volonté à l’entraînement et une passion infinie pour cet art».
Son souhait ultime est que le hip-hop national se professionnalise et soit enfin considéré comme un art et un mode d’expression à part entière. Depuis 2006, Thành Lion-T a l’honneur d’être l’ambassadeur du programme «Danse pour la vie» (Dance4life), qui vise à sensibiliser la jeunesse aux risques du HIV/sida. «Je suis ravi de participer directement à cette lutte. Les activités sont nombreuses : organisation d’événements, sensibilisation des jeunes et aussi de toute la société pour réduire la discrimination à l’encontre des personnes contaminées», confie-t-il.

Nghia Dàn/CVN

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