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>> Hanoï dans le cœur d’un économiste uruguayen
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L’expert uruguayen Martín Rama. |
Photo : VNP/CVN |
Hanoï compte de nombreux quartiers collectifs construits depuis les années 1960-1980. Au fil du temps, ces immeubles se sont détériorés. Le remplacement des anciens quartiers collectifs par des buildings à plusieurs étages et le déplacement de leurs habitants entraînent involontairement la perte de patrimoines précieux. Martín Rama est l’un des rares étrangers à avoir choisi de rénover un appartement dans un ancien ensemble résidentiel plutôt que de vivre dans un logement moderne et confortable du centre-ville de la capitale.
Né en Uruguay, Martin Rama est économiste et artiste amateur. Il a vécu à Hanoï de 2002 à 2010, en tant qu’expert économique de la Banque mondiale au Vietnam.
Les anciens quartiers collectifs, une architecture unique
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Le livre "Hà Nôi, một chốn rong chơi" (Hanoï, lieu de promenade) de Martín Rama, publié en 2014. |
Photo : ST/CVN |
"Les anciens quartiers collectifs de Hanoï ont une architecture unique et favorisent les liens sociaux. Leurs habitants se connaissent et vivent à proximité les uns des autres, créant ainsi un cadre de vie convivial. J’ai choisi un appartement dans un ancien immeuble pour m’y installer. Je pense qu’il est possible de rénover un quartier collectif ancien pour lui donner un mode de vie moderne tout en conservant ses caractéristiques architecturales propres, afin de raconter l’histoire de Hanoï", a partagé Martín Rama.
L’appartement de Martín Rama, d’une superficie de plus de 100 m², est situé au dernier étage d’un immeuble de quatre niveaux. Avec deux volées d’escaliers par étage, il faut en gravir huit pour y accéder. Mais pour Martin Rama, qui a arpenté Hanoï dans ses moindres recoins, ce n’est pas un problème. Il pense même que monter les escaliers est bon pour la santé.
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Les villas françaises et les quartiers collectifs sont des éléments architecturaux particuliers qui rendent Hanoï unique, selon Martín Rama. |
Photo : Martín Rama/CVN |
"J’ai entièrement repensé l’intérieur pour rendre l’appartement plus aéré et lumineux, en ne conservant que la charpente et les portes, et en y ajoutant des équipements supplémentaires, dont une cuisine, deux salles de bains et des toilettes. J’ai décidé de réduire la surface habitable en consacrant environ 15 m² à un balcon pour y planter des végétaux. En vous promenant dans le Vieux quartier de Hanoï, vous verrez des maisons qui, bien que petites, possèdent encore des balcons où poussent plantes et fleurs. Je trouve que les balcons colorés, ornés de fleurs et de feuillage, sont un élément typique de Hanoï, et je souhaite préserver cet aspect dans mon appartement", a-t-il raconté.
Ces dernières années, avec l’aide d’un ami vietnamien, Martín Rama a rénové son appartement pour en faire un espace de vie moderne, tout en conservant l’âme du lieu. Il a toujours hâte d’y revenir à chacun de ses séjours à Hanoï et n’hésite pas à en parler autour de lui lors de ses visites.
Un expert uruguayen tombé amoureux de Hanoï |
"La plupart des meubles de mon appartement sont des objets que j’ai rapportés de mes voyages à l’étranger, comme ces cadres de fenêtres venus d’Inde. L’Inde, comme le Vietnam, est un pays en développement où l’on rénove de nombreuses maisons anciennes et où l’on jette beaucoup de meubles. Ce coffre de rangement vient du Tibet (Chine), et ce paravent d’Inde. Tous ces objets sont très spéciaux à mes yeux, je les chéris", a-t-il dit. Il a ajouté : "Incroyable ! Cette porte, avec ses motifs de style indochinois, provient de la villa française de la rue Trân Hung Dao où j’ai habité. Elle s’intègre parfaitement à cet appartement".
Deux ouvrages de valeur
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Le livre "Vì tình yêu Hà Nội " (Pour l’amour de Hanoï) de Martín Rama, publié en 2023. |
Photo : ST/CVN |
De Hanoï, lieu de promenade à Pour l’amour de Hanoï, depuis plus de deux décennies, de l’émerveillement à l’engagement, Martín Rama a non seulement exprimé sa vision de la conservation du patrimoine et du développement urbain, mais aussi une véritable passion mêlée de responsabilité. Son parcours persévérant témoigne d’un amour profond pour Hanoï, allié à une volonté ferme de la protéger avec discernement.
"Lors de mon arrivée au Vietnam, il y a 25 ans, j’ai eu un coup de foudre pour Hanoï. Aujourd’hui, la ville est en pleine effervescence. Bien sûr, on a souvent tendance à abandonner l’ancien pour construire du neuf, oubliant que la valeur de l’ancien constitue le fondement de la personnalité, de la vitalité et de l’attrait international de la ville. Je pense donc que le plus grand défi pour Hanoï, aujourd’hui, est de savoir comment chaque habitant pensera et agira à l’égard de ce qui relève de son patrimoine".
En 2014, il a publié le livre Hanoï, lieu de promenade, une récit retraçant ses impressions lors de déambulations dans la capitale. La même année, il a reçu le prix "Bùi Xuân Phái : Pour l’amour de Hanoï".
En 2023, il a publié un second ouvrage, Pour l’amour de Hanoï, recueil de récits et de propositions passionnées pour la préservation et le développement des zones urbaines vietnamiennes, accompagné de réflexions partagées avec des journalistes, des architectes et des amis internationaux… tous réunis autour d’un objectif commun : protéger le patrimoine de Hanoï.
Quê Anh/CVN