>> Les sacrifices du personnel médical de Quang Binh
>> Bouddhisme et bénévolat : un bonze au service des malades
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Nguyên Thi Kiêu Oanh dans son gîte. |
Photo : CTV/CVN |
Ayant elle-même vécu des jours difficiles en prenant soin de proches malades, Nguyên Thi Kiêu Oanh, 46 ans, domiciliée à Hanoï, comprend profondément les épreuves que traversent les patients atteints de cancer et leurs familles. Ces difficultés ne se limitent pas au fardeau moral, mais comprennent également les contraintes financières qui pèsent lourdement sur les épaules des malades.
Initialement, Mme Oanh nourrissait l’idée d’ouvrir une cantine caritative à l’hôpital K Tân Triêu pour offrir des repas nutritifs aux patients. Cependant, ses visites régulières à l’hôpital et ses échanges avec eux lui ont révélé que leur besoin primordial n’était pas seulement la nourriture, mais aussi un hébergement temporaire durant leur combat contre la maladie.
“Nombre de patients, parfois venus de contrées éloignées pour accéder aux soins, éprouvent un besoin crucial d’hébergement et de repos. Une précarité particulièrement criante pour les plus démunis, souvent privés des ressources nécessaires pour louer une chambre”, révèle Mme Oanh. “Face à cette réalité, j’ai pris la décision de mettre en location la maison de ma sœur pour un loyer mensuel de cinq millions de dôngs, afin d’y aménager un gîte gratuit”, précise-t-elle.
Afin d’offrir ce havre de confort, Mme Oanh n’a pas hésité à investir personnellement près de 100 millions de dôngs dans sa rénovation. Un souci d’économie l’a conduite à privilégier des matériaux de récupération, obtenus grâce à la générosité de son entourage. C’est avec ses propres mains qu’elle a mené à bien les travaux de manutention, de peinture et de remise en état, métamorphosant une vieille demeure en un lieu de séjour accueillant et soigné.
Sacrifice personnel et scepticisme familial
Lors du lancement de cette initiative, Mme Oanh a dû surmonter une série d’obstacles. La difficulté majeure ne résidait pas uniquement dans le fardeau financier, mais également dans l’opposition de sa propre famille. En effet, les frais de rénovation étant entièrement à sa charge, sans aucun appel aux dons extérieurs, ses proches craignaient qu’elle ne puisse subvenir aux besoins du gîte sur le long terme.
La maison à deux niveaux est divisée en deux zones distinctes : le rez-de-chaussée est dédié au repos et aux activités communes des patients, tandis que l’étage supérieur constitue l’espace privé de sa famille. Ce lieu peut accueillir jusqu’à seize patients simultanément, et Mme Oanh n’hésite pas à céder son propre espace familial lorsque le gîte affiche complet.
En septembre 2024, le gîte gratuit niché au fond de l’allée 4 Câu Buou, dans la commune de Ta Thanh Oai, district de Thanh Tri, à Hanoï, a officiellement ouvert ses portes. Après six mois d’activité, elle reçoit quotidiennement des dizaines d’appels de personnes en situation précaire sollicitant son aide. Mme Oanh n’a établi aucun critère de sélection ; la simple expression du besoin suffit à déclencher sa solidarité. Elle ne limite pas non plus la durée du séjour, tant que les patients ont besoin de son toit protecteur.
Engagement communautaire profond
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Aucun critère n’est exigé, quiconque dans le besoin est le bienvenu chez Mme Oanh. |
Photo : CTV/CVN |
Au-delà de ce gîte gratuit, Mme Oanh est une femme profondément investie dans sa communauté. Dès 2020, au cœur de la pandémie de COVID-19, elle a mis en place une cuisine solidaire, apportant son soutien aux zones de confinement et participant au sauvetage des produits agricoles des cultivateurs de Hai Duong. Chaque année, elle se rend dans la région du Tây Nguyên (Hauts plateaux du Centre) pour creuser des puits d’eau potable en faveur des habitants. Et partout où des catastrophes naturelles surviennent, elle se mobilise activement pour fournir des biens de première nécessité aux sinistrés.
Un tel dévouement caritatif trouve sa source dans le propre vécu de Mme Oanh. Son enfance fut marquée par la précarité : une famille frappée par l’adversité, une mère atteinte de tuberculose pulmonaire et un père gravement malade. Avec ses deux jeunes frères et sœurs, elle dut mendier pour survivre. Ces années de dénuement ont semé en elle un profond désir d’aider les plus défavorisés.
Le gîte de Mme Oanh n’est pas seulement un lieu d’hébergement ; il représente un véritable soutien moral pour les patients cancéreux démunis.
Vu A Cua, 39 ans, originaire de Son La (Nord) et actuellement en traitement pour un cancer du nasopharynx, confie : “Ma maison est à 600 km de Hanoï, chaque déplacement pour les soins engendre des frais considérables. Avant de venir ici, je devais partager un lit avec deux ou trois personnes, il m’arrivait souvent de dormir sur des bancs publics à cause de la saturation de l’hôpital. Sans ce gîte à zéro dông, je ne sais pas comment j’aurais fait face aux 100.000 dôngs de location par nuit, alors que ma famille a déjà emprunté partout pour mes soins”.
Au-delà de l’hébergement, Mme Oanh encourage les patients à cultiver l’optimisme et la positivité. “Mme Oanh et sa famille nous considèrent comme leurs proches. Certains jours où elle est absente, elle confie les clés aux voisins pour que nous puissions entrer librement. Ici, bien que nous soyons des inconnus au départ, nous vivons comme une famille, car chacun comprend et compatit à la situation de l’autre”, témoigne M. Cua, ému.
Bien que le gîte soit actuellement en bon état, Mme Oanh rêve de l’agrandir et de l’améliorer pour pouvoir aider davantage de patients. Elle ne lance pas d’appel aux dons et compte réaliser ces travaux elle-même, car tout procède de sa sincérité. “Je réparerai petit à petit, en fonction de mes moyens”, explique-t-elle.
Tout au long de son engagement caritatif, ce qui apporte le plus de satisfaction à cette femme n’est pas seulement d’aider de nombreuses personnes, mais aussi de recevoir la reconnaissance et l’admiration de ses enfants : “Je veux utiliser mes actions pour enseigner à mes enfants l’amour, le partage et l’empathie. Ils participent régulièrement à mes activités bénévoles, et c’est mon plus grand bonheur”.
Son plus grand rêve est de pouvoir ouvrir à l’avenir une maison de retraite gratuite pour les personnes âgées isolées et démunies, afin qu’elles puissent trouver un refuge et vivre sereinement leurs dernières années.
Khanh Ly - Huong Linh/CVN