Trân Long Ân : un “philosophe” de la musique révolutionnaire vietnamienne

Trân Long Ân est une figure marquante de la musique vietnamienne, célèbre pour ses compositions dédiées à sa Patrie. Ses chansons, riches en images, mêlent philosophie et métaphores transmettant un message profond et optimiste sur la vie.

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Le musicien Trân Long Ân (centre) lors de la soirée musicale en son honneur intitulée "Trân Long Ân-La voix du soleil et de la flamme".
Photo : TN/CVN

Au départ, Trân Long Ân ne se destine pas à une carrière musicale. Né dans la province de Binh Dinh (Centre), il est arrivé à Saigon (Sud) pour poursuivre ses études universitaires et ensuite rejoindre le mouvement étudiant. "Nous avons imprimé des documents politiques, écrit des poèmes et composé des chansons pour motiver nos camarades dans la lutte pour la libération du Sud. C’est ainsi que j’ai commencé à composer de la musique sans vraiment m’en rendre compte", se souvient-il.

Originaire du Centre, mais il a développé une forte connexion avec le Sud du Vietnam qui a influencé son style musical. La musique révolutionnaire attirait beaucoup d’étudiants à Saigon à l’époque. "Dans un contexte musical souvent désespérant, les chansons révolutionnaires, dynamiques et pleines de vie, avaient un pouvoir d’attraction immense”", explique-t-il.

Les débuts avec Nguoi me Bàn Co

Un moment clé de sa carrière survient lorsqu’il met en musique le poème Nguoi me Bàn Co (Mère à Bàn Co) de Nguyên Kim Ngân. Cette chanson, hommage aux mères et sœurs de la région de Bàn Co, un bastion révolutionnaire à Saigon, devenait rapidement populaire, diffusée en continu dans les zones libérées et appréciée des jeunes de la ville.

Lors de la soirée musicale "Trân Long Ân - La voix du soleil et de la flamme" qui s’est tenue le 25 juin au Théâtre de Hô Chi Minh-Ville. 
Photo : TN/CVN

Au cours de ses années de lutte, Trân Long Ân a perdu de nombreux amis. En 1972, il devait quitter Saigon avec d’autres étudiants pour échapper à la répression. Lui et Truong Quôc Khanh se sont dirigés vers le Nord, mais il a choisi de ne pas informer sa mère, de peur de l’attrister, et confié la nouvelle à son grand-père. Pour le rassurer, "je prétends qu’je prendra un bus pour le Cambodge avant de se rendre à Hanoï". En réalité, il a voyagé pendant plusieurs mois à travers de la chaîne de montagne de Truong Son. 

Le 30 avril 1975, Trân Long Ân et Truong Quôc Khanh ont écouté l’annonce de la libération du Sud à la radio depuis le Conservatoire de musique de Hanoï (aujourd’hui Académie nationale de musique du Vietnam). "Nous avions toujours cru que l’unification nationale arriverait un jour. Mais ce jour-là, le sentiment était indescriptible. Nous étions si heureux, sans savoir quoi dire, écoutant la radio en silence. Ma première pensée a été de rentrer chez ma mère", se remémore-t-il.

Son retour après de nombreuses années d’absence est marqué par une émotion profonde, capturée dans la chanson Mung tuôi me (Joyeux anniversaire, maman) où il évoque ce moment si joyeux.

La philosophie dans les chansons

La musique de Trân Long Ân se distingue par sa combinaison unique de simplicité et de profondeur. Inspiré par la vie quotidienne, il compose des chansons qui offrent une réflexion philosophique sur l’existence.

Des artistes interprètent des œuvres de Trân Long Ân. 
Photo : TN/CVN

Dans les années 1980, le pays a été confronté à d’innombrables difficultés économiques. Les jeunes de la ville se sont mobilisés sur les points chauds. "Je voulais écrire une chanson pour la jeunesse, ceux qui luttaient et travaillaient pour le pays, mais je ne savais pas comment l’écrire", se souvient le compositeur.

Lors d’une visite avec Vo Van Kiêt à Cân Gio, où des jeunes plantaient des mangroves, il est inspiré par les arbres proches les uns des autres pour se protéger mutuellement des tempêtes. Il a écrit alors la chanson Môt doi nguoi, môt rung cây sur l’idée que la cohésion et le soutien mutuel sont essentiels à la prospérité.

Cette chanson Môt doi nguoi, môt rung cây est typique de la technique de composition de Trân Long Ân qui introduit souvent des antithèses philosophiques dans ses œuvres. Selon Trân Long Ân, bien que cette chanson ait été interprétée par de nombreux artistes, c’est l’interprétation de Lê Hành qui a véritablement permis au public d’en saisir la profondeur philosophique. Une phrase emblématique de sa carrière pourrait-être : "Si chacun choisit le travail léger, qui prendra en charge les difficultés ?".

Un compositeur commente : "Trân Long Ân a une identité unique dans son langage musical ; ses mélodies sont souvent en harmonie avec les sonorités du Sud grâce à sa recherche et à sa créativité".

Lors de la soirée musicale "Trân Long Ân - La voix du soleil et de la flamme" qui s’est tenue le 25 juin au Théâtre de Hô Chi Minh-Ville, l’Artiste du peuple Nguyên Thi Thanh Thuy a partagé : "Les œuvres de Trân Long Ân sont imprégnées d’un esprit de lutte révolutionnaire et de profondeur idéologique, reflétant une réflexion sur la vie et la valeur humaine. C’est lui qui a exprimé la voix patriotique de la jeunesse. Ses chansons, pleines d’amour pour la Patrie et les gens démontrent son talent musical et son style de composition, et elles contribuent à diffuser fortement l’esprit de résistance contre la guerre à travers tout le pays".

Une carrière distinguée

Trân Long Ân, né en 1944 à Binh Dịnh (Centre), a occupé plusieurs postes importants dans le monde de la musique au Vietnam. Il a été vice-président de l’Association des musiciens du Vietnam, président de l’Association de la musique de Hô Chi Minh-Ville et président de l’Union des Associations de littérature et d’art de Hô Chi Minh-Ville. Avant 1975, il était un leader du mouvement "Chanter pour mon peuple". Il a poursuivi sa formation musicale au Conservatoire de Hanoï et a enseigné au Conservatoire de Hô Chi Minh-Ville après la Réunification du pays.

Avec plus de 50 ans de carrière et plus de 100 chansons composées, il est reconnu pour sa contribution au développement de la musique vietnamienne. Il a été décoré de plusieurs distinctions, dont l’Ordre du Travail de deuxième classe en 2002 et le Prix d’État pour la littérature et les arts en 2007.

Thao Nguyên/CVN

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