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L’amour pour les arts traditionnels coule toujours dans les veines de nombreux jeunes vietnamiens. |
Photo : ND/CVN |
Pendant des années, les genres musicaux traditionnels tels que le chèo (théâtre populaire), le ca trù (chant des courtisanes), le xâm (chant des aveugles) ont souvent été considérés comme des passe-temps de personnes âgées. Mais aujourd’hui, de nombreux jeunes hanoïens écoutent et chantent avec ferveur des mélodies anciennes, préservant et promouvant d’anciennes formes d’art transmises par leurs ancêtres.
“Xâm en ville" est un programme de la série de projets “Patrimoine au cœur de la ville” du Centre de promotion du patrimoine culturel immatériel du Vietnam, réalisé par un groupe de jeunes du club "Xâm 48h".
Dans l’espace nostalgique d’une vieille maison de Hanoï dans le Vieux quartier, les sons de l’erhu et de la sênh tiên (un instrument de musique vietnamien, combinaison de battant, de râpe et de jingle fabriqué à partir de trois morceaux de bois et de vieilles pièces de monnaie) résonnent, ramenant le public dans une Hanoï du début du XXe siècle.
Tout en dégustant du thé et des gâteaux, les jeunes visiteurs, vietnamiens et étrangers, écoutent des mélodies de xâm, découvrent le xâm tàu diên (littéralement "xâm du tram" - tirant son nom du tramway, l’ancien mode de transport à Hanoï comprenant des mélodies courtes mais entraînantes aux rythmes rapides).
En plus d’écouter des chants xâm anciens, les visiteurs peuvent jouer des instruments de musique typiques de cette forme d’art traditionnel. C’est la façon pour les membres du club "Xâm 48h" d’initier la jeunesse à cet art.
Le club est une association de jeunes faisant la promotion des mélodies folkloriques depuis 2016. Il organise aussi des cours de chant le week-end pour les amateurs de musique folk de tous âges.
Thanh Ngân, étudiante à l’École supérieurs de commerce extérieur de Hanoï et membre du club, a partagé qu’elle pratiquait le xâm ici depuis plus de deux mois. Se plonger dans des chansons folkloriques tous les week-ends lui permet de se détendre après de longues et stressantes journées d’études.
“Depuis que je suis enfant, j’ai toujours aimé les choses liées à la culture traditionnelle. Je préfère les vieux livres usés aux liseuses électroniques. Et au lieu de la musique électronique, j’écoute généralement des chansons folkloriques pour évacuer le stress et me détendre“, a-t-elle partagé.
Deux membres du club de "Xâm 48h". Photo : HN/CVN |
Selon le chef du club, Ngô Van Hào, en 2010, il a eu l’occasion de connaître le xâm pour la première fois. Les mélodies et les paroles significatives de ce chant folklorique l’ont tout de suite captivé.
Il a accepté l’invitation à collaborer au projet “Chèo 48h - Tôi chèo vê quê huong” (Chèo 48h - Retour au pays natal) en tant que guide de xâm pour rencontrer des jeunes qui ont la même passion que lui. Et le club “Xâm 48h“ est né, dans le but de propager les valeurs et la beauté de cet art folklorique à la communauté, notamment à la jeune génération.
Préserver les valeurs traditionnelles
Le club pratique non seulement le xâm mais aussi d’autres airs folkloriques. Les jeunes répètent dur pour participer aux spectacles du week-end dans les rues piétonnes de Hanoï.
Leur passion pour l’art traditionnel a conquis de nombreux spectateurs. Et l’ancienne génération de chanteurs est rassurée : cet art survivra !
Bùi Thi Lan, amatrice de mélodies folkloriques vietnamiennes, souhaite que ses petits-enfants expérimentent les airs traditionnels afin qu’ils puissent mieux comprendre la culture et l’âme du Vietnam. “Mes petits-enfants sont férus de jeux modernes. Il est pour moi impératif qu’ils découvrent la culture de leurs ancêtres. Il devrait y avoir davantage de clubs comme +Xâm 48h+ et de spectacles folkloriques”, a-t-elle exprimé.
“De nombreux jeunes font preuve à la fois d’enthousiasme et de créativité pour préserver la culture populaire, a informé Dinh Thao, directrice adjointe du Centre de promotion du patrimoine culturel immatériel du Vietnam. Mais on dit souvent que les arts traditionnels sont généralement méconnus des jeunes, qui ont d’ailleurs peu d’occasions d’entrer en contact avec eux. Je vois dans ces jeunes les successeurs, qui entretiennent et développent l’art au +Xâm 48h+. Ils sont passionnés et travaillent dur chaque jour”.
Le centre continuera à travailler avec le club pour préserver et promouvoir le patrimoine immatériel, ainsi qu’aider les jeunes à conserver de manière créative la musique folklorique.
Le club forme un grand nombre de passionnés de musique folk. Dans toutes ses classes, les artisans enseignent méthodiquement les paroles, les rythmes, le vibrato, le staccato et le jeu d’acteur, ainsi que la sélection de costumes anciens appropriés.
Les jeunes vietnamiens qui interprètent des chansons folkloriques pour les touristes, en particulier étrangers, construisent non seulement un pont culturel, mais transmettent également l’amour des arts traditionnels à une communauté plus large.
Bien qu’elles soient plus ou moins populaires aujourd’hui, les mélodies folkloriques vietnamiennes ressemblent à un courant marin chaud coulant sous la glace du temps, attendant juste que quelqu’un les fasse remonter à la surface.
Thuy Hà/CVN
Une forme de chant original
Le xâm (chant des aveugles) est un art populaire original des travailleurs vietnamiens possédant de fortes valeurs à la fois culturelles et spirituelles. Ayant presque entièrement disparu depuis plusieurs décennies, il a su reprendre de la vigueur ces dernières années.
Traditionnellement, le xâm était interprété dans les marchés ou les maisons communes par des musiciens aveugles qui erraient de ville en ville et vivaient de leur musique. Au début du XXe siècle, des artistes se produisaient dans les tramways de Hanoï, et c’est ainsi que le nom de xâm Tàu diên (xâm du tram) fut alors donné à leur art.