>> Une femme enceinte ou un nouveau-né meurt toutes les sept secondes
>> Soins de santé maternelle et infantile, preuve de la garantie des droits de l’homme
Examens médicaux à des enfants du district de Nho Quan, à Ninh Binh (Nord), avant leur vaccination. |
Photo : VNA/CVN |
Giàng A Lùng, 21 ans, d’ethnie H’mông, de la commune de Mù Sang, district de Phong Thô, province de Lai Châu (Nord), n’a pas hésité à accompagner son épouse, Ly Thi Sô, au dispensaire de la commune pour son examen prénatal périodique. Le trajet n’a pris que dix minutes.
Changer de perception
Grâce aux conseils des sages-femmes locales, le couple a fait confiance aux services de santé reproductive pour les mères et les enfants de moins de 5 ans dans leur quartier plutôt que de se soigner et d’accoucher à domicile. Dans le passé, cette pratique était à l’origine de nombreux décès tragiques de femmes enceintes et de nouveau-nés.
“Les sages-femmes du village nous ont conseillé d’aller au poste de santé local pour des examens prénataux et y accoucher. Nous y avons donné naissance à notre premier enfant qui est en bonne santé. Alors j’ai continué à y emmener ma femme pour les examens prénataux de notre deuxième enfant. Je suis très reconnaissant envers les infirmières et les médecins, ainsi qu’envers les sages-femmes villageoises”, partage M. Lùng.
Dans le dispensaire de Mù Sang, une commune frontalière montagneuse et isolée située à plus de 60 km au nord-ouest de la ville de Lai Châu, on rencontre de nombreux couples comme Lùng et Sô désireux de bénéficier de services de soins de grossesse sûrs et professionnels.
Le docteur Dào Hông Nhât, responsable du dispensaire de Mù Sang, informe que son établissement médical compte sept personnes dont un médecin. Chaque hameau dispose également de deux sages-femmes et de son propre personnel médical.
Les sages-femmes villageoises contribuent à réduire le taux de mortalité des mères et des nouveau-nés dans les zones reculées. |
Photo : VNA/CVN |
Les efforts du secteur de la santé et de ses partenaires ont permis de réduire les taux de morbidité et de mortalité maternelles dans les zones montagneuses et de minorités ethniques de Lai Châu, du Vietnam plus largement.
La commune de Mù Sang est composée de dix hameaux, le plus éloigné se situant à environ 15 km du dispensaire. Tous ses habitants bénéficient d’une assurance maladie. Le réseau des sages-femmes villageoises s’étend désormais aux zones montagneuses peuplées de minorités ethniques des provinces septentrionales de Lai Châu, Bac Kan, Son La et des provinces des hauts plateaux du Centre de Dak Nông, Kon Tum et Gia Lai.
Ce déploiement s’inscrit dans le cadre d’une initiative soutenue par le ministère de la Santé, les autorités locales et la communauté internationale, notamment le projet “Ne laisser personne de côté : Interventions innovantes pour réduire la mortalité maternelle dans les régions d’ethnies minoritaires du Vietnam”, mené par le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) et ses partenaires. Ce modèle a joué un rôle crucial dans la sensibilisation des populations locales aux soins de santé génésique et à la protection maternelle et infantile.
Des chiffres éloquents
Sensibilisation des minorités ethniques du district montagneux de Tua Chùa, province de Diên Biên (Nord), aux soins de santé génésique. |
Photo : VNA/CVN |
À Mù Sang, alors qu’environ 44% seulement des femmes enceintes étaient venues à la station au moins trois fois pour des examens en 2021, elles ont été plus de 80% en 2023. La proportion de femmes bénéficiant de quatre examens prénataux est passée de 37% à près de 71%.
Selon le médecin Duong Van Quân, directeur du Centre médical du district de Phong Thô, au premier trimestre 2024, près de 62% des femmes du district ont bénéficié de trois examens prénataux pendant leur grossesse contre 48% en 2022. Parallèlement, la proportion de celles ayant reçu quatre examens prénataux est passée de 29,3% en 2022 à près de 53% au premier trimestre de cette année.
Dans l’ensemble de la province de Lai Châu, les soins de santé maternelle et infantile et la planification familiale, en particulier les soins de santé maternelle avant, pendant et après l’accouchement, ont atteint ou dépassé les objectifs fixés.
Le nombre de femmes bénéficiant d’examens prénataux au moins trois fois dépasse les 70%, le taux de femmes et de nouveau-nés recevant des soins à domicile dans les 42 jours suivant l’accouchement atteint plus de 80%, et le taux d’enfants âgés de 6 à 60 mois recevant de la vitamine A en 2023 a atteint 98,9%.
Les statistiques du secteur de la santé montrent que le pays a obtenu de nombreux résultats importants. Le taux de mortalité maternelle a été divisé par plus de cinq, passant de 233/100.000 en 1990 à 44/100.000 en 2023.
Au cours de cette période, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans a été divisé par près de 4, passant de 58 pour mille à 18,2 pour mille, et celui des enfants de moins d’un an, de 44 pour mille à 11,6 pour mille. En outre, le taux de malnutrition infantile a également fortement diminué, passant de 53 à 11 pour mille.
“Le Vietnam est l’un des pays ayant obtenu les meilleurs résultats en termes de réduction de la mortalité maternelle et figure parmi les six pays du monde à avoir atteint la norme de réduction de ce taux conformément aux précédents Objectifs du Millénaire pour le Développement”, informe Matt Jackson, représentant du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) au pays.
Il cite une étude réalisée en 2022 par le ministère vietnamien de la Santé, selon laquelle le taux de mortalité maternelle a été réduit de 70% ces 30 dernières années, ce qui est supérieur à la moyenne mondiale, qui n’est que 40%. “C’est un taux très impressionnant”, se félicite M. Jackson.
Redoubler d’efforts
Examen obstétrical en faveur de la communauté ethnique du district de Mang Yang, province de Gia Lai, sur les hauts plateaux du Centre. |
Photo : VNA/CVN |
Malgré ces impressionnantes réalisations, le Vietnam doit encore relever de nombreux défis. Les statistiques indiquent que les taux de mortalité maternelle et infantile et de malnutrition des enfants dans les zones montagneuses sont encore 2 à 3 fois plus élevés que la moyenne nationale.
De nombreux centres de santé communaux sont conformes aux normes nationales mais manquent d’équipement et disposent de ressources humaines inégales.
Matt Jackson a recommandé au Vietnam d’augmenter les investissements dans le réseau de sages-femmes de village et de prévoir une rémunération appropriée pour les fidéliser.
Le vice-ministre de la santé, Trân Van Thuân, déclare que pour maintenir et promouvoir les réalisations en matière de soins de santé maternelle et infantile, le secteur de la santé doit redoubler d’efforts dans la mise en œuvre des résolutions du Parti et du gouvernement sur la protection, des soins et de l’amélioration de la santé de la population, et continuer à améliorer la qualité des soins dans la nouvelle situation.
Conseils en nutrition infantile dans la commune de Trong Hoa, district de Minh Hoa, province de Quang Binh (Centre). |
Photo : VNA/CVN |
Le secteur doit intensifier la formation et le transfert de technologies, en particulier des niveaux supérieurs vers les niveaux inférieurs, en accordant la priorité aux zones reculées, propose
M. Thuân, soulignant la nécessité de politiques salariales et de soutien appropriées pour le personnel médical dans les zones reculées.
La mise en œuvre concertée de ces mesures créera les conditions nécessaires pour promouvoir la couverture sanitaire au niveau local et améliorer le réseau de soins de santé maternelle et infantile afin de réduire progressivement l’écart entre zones montagneuses et plaines, et entre zones urbaines, rurales et reculées, ajoute-t-il.
Viet Duc - Huong Linh/CVN