>> Le Vietnam prépare un projet d’exonération universelle des frais hospitaliers
>> Des solutions novatrices pour améliorer la santé de la population
>> Inauguration de la ligne téléphonique 111 contre la traite des êtres humains
>> Quatre nouvelles résolutions pour propulser le développement révolutionnaire
![]() |
Lors de la Journée pour la santé des personnes âgées de Hanoï en décembre 2024. |
Photo : VNA/CVN |
D’ici 2030, le Vietnam se donne pour objectif d’augmenter l’espérance de vie moyenne de sa population à 75,5 ans, avec au moins 68 années en bonne santé. Cette ambition est inscrite dans la Résolution N°72 du Politburo du Parti, datée du 9 septembre 2025 et signée par le secrétaire général du Parti, Tô Lâm. Intitulé “Percées majeures pour renforcer la protection, les soins et l’amélioration de la santé du peuple”, ce texte esquisse une feuille de route ambitieuse pour l’avenir de la santé publique au Vietnam.
Une vision à long terme
Dans le cadre de cette résolution, à l’horizon 2045, le Vietnam nourrit une ambition encore plus audacieuse : porter l’espérance de vie moyenne de sa population à plus de 80 ans, avec au moins 71 années vécues en bonne santé. Ces projections placent le pays sur un pied d’égalité avec les nations développées, marquant un changement de paradigme fondamental dans son approche de la santé.
Les données récentes du ministère de la Santé soulignent l’urgence de cette transformation. Si l’espérance de vie moyenne s’élève déjà à plus de 73 ans, celle des années de vie en bonne santé stagne autour de 64 ans. Cet écart alarmant révèle que les Vietnamiens passent en moyenne près d’une décennie de leur vie à composer avec des maladies. Un simple allongement de la durée de vie n’est donc pas synonyme d’une bonne qualité de vie, surtout lorsque les dernières années sont synonymes de maladies et de dépendance.
Le concept des “années de vie en bonne santé” offre une vision plus holistique que la simple longévité. Il ne s’agit plus seulement d’éviter la maladie, mais de maintenir une pleine capacité de travail, de création, et de connexion sociale, permettant de profiter pleinement de la vie.
Au-delà du bien-être individuel, chaque année de vie vécue en bonne santé représente un atout pour la société. Elle renforce la main-d’œuvre, accroît la productivité et allège la pression sur le système de santé. En incluant ce critère essentiel aux côtés de la longévité, la Résolution N°72 marque une avancée majeure. Elle positionne la santé non plus comme un simple indicateur médical, mais comme un pilier du bonheur humain et un baromètre direct de la force nationale et du développement durable.
![]() |
Consultations médicales gratuites pour les habitants de la commune de Minh Châu, à Hanoï, en juillet dernier. |
Photo : VNA/CVN |
Pour atteindre ces objectifs, la Résolution N°72 propose des solutions concrètes et pragmatiques. Elles marquent un virage décisif dans l’approche de la santé publique au Vietnam : le passage d’une gestion réactive des maladies à une stratégie proactive de prévention.
L’une des exigences phares est la “transition significative du traitement des maladies vers une prévention proactive et des soins complets et continus tout au long de la vie”. Ce changement de paradigme fait de la prévention une “fonction permanente” du système de santé.
Dès 2026, les citoyens vietnamiens pourront ainsi bénéficier d’un examen ou d’un dépistage de santé gratuit au moins une fois par an. L’introduction d’un carnet de santé électronique, mis à jour en continu de la vaccination au diagnostic, facilitera la gestion des données médicales. Ces mesures, en rendant les examens réguliers universels et en unifiant le suivi médical, sont cruciales pour combler l’écart entre vivre longtemps et vivre en bonne santé.
Couverture universelle en 203
![]() |
Assistance médicale à domicile pour une victime des inondations à Nghê An (Centre). |
Photo : VNA/CVN |
La résolution aborde également la question de l’accès aux soins, fixant un objectif ambitieux : porter le taux de couverture d’assurance maladie à plus de 95% de la population d’ici 2026 pour atteindre une couverture universelle en 2030. Un calendrier est également établi pour rendre gratuits les frais d’hospitalisation de base couverts par l’assurance. Cette initiative, en partageant le coût des soins, réaffirme que l’accès aux services médicaux est un droit fondamental et non plus une simple charge pour les familles et les individus.
Au-delà des mesures concrètes, l’orientation stratégique est également mise en avant par une initiative symbolique forte : le 7 avril, Journée mondiale de la santé, devient la “Journée nationale de la santé du peuple”. Cette décision transforme la santé en une valeur culturelle et sociale. En l’élevant au rang de norme communautaire, la résolution encourage chaque citoyen à s’approprier sa propre santé. Il ne s’agit plus seulement de bénéficier des politiques publiques, mais de s’engager activement dans la pratique d’un mode de vie sain, de la prévention et du maintien de son bien-être.
![]() |
Danse collective à l’occasion de la Journée olympique de la course pour la santé de tous, lancée en 2025 à Vinh Long (Sud). |
Photo : VNA/CVN |
Pour renforcer le système de santé de la base au sommet, la résolution insiste sur l’importance des ressources humaines. Elle prévoit que “chaque année, les localités devront affecter au moins 1.000 médecins pour travailler temporairement dans les centres de santé communaux”. D’ici 2027, chaque centre devra compter au minimum 4 à 5 médecins, et tous seront dotés d’infrastructures et d’équipements appropriés.
Cette stratégie vise à alléger la charge des hôpitaux de niveau supérieur, qui pourront ainsi se consacrer pleinement aux techniques spécialisées. Parallèlement, une politique de primes spéciales, l’amélioration de l’environnement de travail et la promotion de l’éthique médicale contribueront à restaurer la confiance du public dans les centres de santé de proximité, véritables piliers des soins de première ligne.
De la prévention proactive aux mécanismes de soutien financier, de la promotion d’une “culture de la santé” à la consolidation des services de base, les solutions de la Résolution N°72 s’inscrivent dans une approche globale et intégrée.
L’universalisation des examens de santé n’est viable que si les centres communaux disposent de suffisamment de personnel et d’équipements. De même, l’assurance maladie universelle n’aura de sens que si les citoyens consultent de manière précoce et bénéficient d’un suivi continu. En retour, une “culture de la santé” au sein de la communauté servira de fondement à la mise en œuvre efficace de la stratégie de prévention proactive.
Modernisation et autonomie
![]() |
Examen médical sur l’île de Sinh Tôn, zone spéciale de Truong Sa, province de Khanh Hòa (Centre). |
Photo : VNA/CVN |
Au-delà des initiatives déjà évoquées, la Résolution N°72 propose un éventail de solutions complémentaires pour moderniser l’écosystème de la santé. La transformation numérique en est la pierre angulaire, avec la finalisation de la base de données nationale et la généralisation des dossiers, carnets et ordonnances électroniques. Ce virage technologique permettra au secteur de maîtriser ses données, d’optimiser la gestion des ressources et de renforcer la coordination des soins.
Parallèlement, la résolution encourage le développement de l’industrie pharmaceutique, des équipements et des vaccins, avec pour ambition de créer un parc industriel pharmaceutique d’ici 2030. Cette mesure stratégique vise à garantir l’autonomie du Vietnam en matière d’approvisionnement et à réduire les coûts pour la collectivité. Enfin, l’orientation vers la socialisation de la santé facilite les investissements privés et les partenariats public-privé, tout en les encadrant par une surveillance rigoureuse pour préserver l’équité.
La promulgation de la Résolution N°72 par le Politburo, témoigne d’une volonté politique forte. Ce geste élève la santé publique au rang de pilier de la stratégie de développement national. Chaque solution et chaque échéance fixée reflètent la détermination de l’ensemble du système politique à faire du “vivre en bonne santé” un droit universel et une source de bonheur durable pour chaque citoyen.
Huong Linh - TTVH/CVN