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Le lieutenant-colonel Nguyên Tiên Cuong au récent événement consacré à la sécurité numérique. |
Cette alerte a été lancée par le lieutenant-colonel Nguyên Tiên Cuong, chef du service N°3 du Département de la cybersécurité et de la lutte contre la criminalité technologique (A05) du ministère vietnamien de la Police, lors du Cyber Day, un événement consacré à la sécurité numérique organisé le 11 octobre à l’école bilingue Wellspring de Hanoï.
L’initiative s’inscrivait dans la campagne "Pas seul - Ensemble pour une sécurité en ligne", lancée par le ministère afin de sensibiliser la population, particulièrement les jeunes, à une utilisation responsable et sûre d’Internet.
Fort de plus de quinze ans d’expérience, M. Cuong constate que les enfants et adolescents constituent les cibles privilégiées des cybercriminels, car ils manquent encore de réflexes d’autoprotection et se laissent facilement influencer. Rien que durant le premier semestre 2025, des dizaines de cas d’escroqueries, de manipulations et d’atteintes sexuelles via Internet ont été recensés.
Un phénomène nouveau et inquiétant est apparu : le "kidnapping en ligne", visant principalement les élèves et étudiants.
Selon M. Cuong, les formes d’escroquerie évoluent sans cesse mais reposent le plus souvent sur trois mécanismes essentiels (menace - manipulation - séduction).
Pour la menace, les criminels se font passer pour des agents de l’État, prétendant que l’élève a enfreint la loi ou qu’il fait l’objet d’une enquête. "Le but est d’exploiter la peur pour pousser la victime à obéir", explique-t-il.
Dans les cas de "kidnapping en ligne", ils se font passer pour des policiers et exigent que les jeunes se déshabillent devant la caméra pour “vérifier” d’éventuels tatouages ou signes distinctifs. Ces images sont ensuite utilisées pour les menacer, eux et leurs familles.
En ce qui concerne la manipulation, "les agresseurs gagnent progressivement la confiance des élèves à travers des histoires bien construites, jusqu’à les amener à croire aveuglément à tout ce qu’ils disent", souligne M. Cuong.
Concernant la séduction, les délinquants profitent des désirs typiques de l’adolescence - recherche de reconnaissance, d’amour, d’argent - pour formuler des propositions séduisantes et mieux contrôler leurs victimes. "Dès qu’un de ces trois signes apparaît, cela signifie que l’enfant est en danger", avertit le lieutenant-colonel.
De son côté, le colonel Nguyên Hông Quân, directeur du Centre de formation du département A05, a insisté sur une règle essentielle : "Ne laissez jamais un enfant seul errer sur Internet". Il l’a répétée trois fois pour marquer l’importance de la vigilance parentale.
Une enquête de Google menée en 2022 indique que les enfants vietnamiens obtiennent leur premier téléphone vers 9 ans, soit quatre ans plus tôt que la moyenne mondiale.
Selon M. Quân, cet accès précoce expose d’autant plus aux risques numériques. "À partir de 16 ans, un adolescent peut utiliser le téléphone de manière relativement autonome, mais entre 14 et 16 ans, il faut encore l’accompagner, et avant 14 ans, la supervision parentale directe est indispensable", conseille-t-il.
Les spécialistes appellent les parents à devenir de véritables partenaires de leurs enfants : instaurer la confiance, favoriser le dialogue et actualiser leurs propres connaissances afin de pouvoir réagir avec calme et discernement en cas d’incident.
Les établissements scolaires, eux, devraient multiplier les activités de sensibilisation et faciliter les rencontres avec des experts pour renforcer la culture de la sécurité numérique.
Enfin, les autorités policières souhaitent que les plateformes de réseaux sociaux mettent à disposition des outils simples permettant aux jeunes de signaler rapidement les comportements suspects ou de demander de l’aide.
Pour Mme Lan Anh, mère de deux élèves de 6 et 13 ans, ces échanges ont été une véritable révélation : "J’ai toujours pensé que les parents devaient accompagner et guider leurs enfants. Mais dans l’univers numérique, je me rends compte que je manque encore de connaissances pour bien le faire", confie-t-elle. "Aujourd’hui, j’ai mieux compris ce que je peux faire. Avec mon mari, nous allons réfléchir à la meilleure manière d’encadrer l’usage d’Internet à la maison et d’en parler plus ouvertement avec nos enfants".
Câm Sa / CVN