Selon des chercheurs, grand nombre de ces archives montrent que la souveraineté du Vietnam sur les archipels de Hoàng Sa (Paracel) et de Truong Sa (Spratly) a été établie et protégée durant la période féodale, du XIIe au XXe siècle. Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
Les îles de la Mer Orientale ont depuis toujours une position très importante pour le pays, ce que démontrent de nombreux documents historiques. Dans le livre Dai Viêt Su Ky Toàn Thu ou «Thesaurus sur l’histoire du Dai Viêt» (ancien nom du Vietnam - NDLR), on peut lire : en 1161, le roi Ly Anh Tông a confié au commandant en chef Tô Hiên Thành et à son adjoint Dô An Di, à la tête d’une armée de 20.000 soldats, la mission d’exécuter des patrouilles permanentes en mer territoriale du Sud-Ouest. Toujours selon ces annales, au printemps de 1172, le roi Ly Anh Tông a fait une tournée d’inspection dans les îles situées en haute mer, et loin au Sud de la frontière maritime avec la Chine, où il a fait dessiner une carte géographique de cette région insulaire. De nombreux textes concernant les eaux territoriales du Vietnam en général, et les archipels de Paracel et de Spratly en particulier, prouvent la souveraineté ancienne du Vietnam sur ces deux archipels.
À la période féodale, ces deux archipels figurent dans de nombreux types de publication comme cartes, livres sur la géographie, l’histoire, recueils de notes, ordonnances royales, requêtes présentées au roi, recueils de poèmes, œuvres littéraires… Jusqu’ici, nous avons collecté des centaines de documents relatifs à ces deux archipels. Ils constituent des bases juridiques importantes pour prouver la souveraineté nationale sur les Paracel et Spratly.
Sur l’ancienne carte géographique «Hoàng triêu truc tinh dia du toàn dô», publiée sous la dynastie chinoise des Qing, l’extrême-Sud de la Chine est confiné à l’île de Hainan. Les archipels Hoàng Sa et Truong Sa du Vietnam n’y figurent pas. La carte est exposée du 1er août au 30 novembre au Musée de l’histoire du Vietnam, au 216, rue Trân Quang Khai, Hanoi. |
Pourriez-vous nous informer des nouvelles découvertes de l’IEDSV en matière de souveraineté nationale sur ces deux archipels ?
L’IEDSV étudie les archives en écriture démotique sino-vietnamienne. Le Centre national d’archives N°1 (relevant du Département d’État des documents et archives) conserve actuellement 734 recueils de ce genre, chacun comprenant des centaines de textes originaux, tous datant de la dynastie des Nguyên (XVIIIe - XXe siècles). Quant à l’IEDSV, il possède 64 microfilms rassemblant les ordonnances royales et requêtes présentées au roi faites sous les différentes empereurs des Nguyên, un don de l’Institut Harvard-Yenching (États-Unis). Ces textes aident à mieux comprendre la vie du pays à l’époque féodale sous différents aspects (histoire, politique, culture, socio-économie, juridique…).
Des dizaines d’ordonnances royales et de requêtes présentées au roi affirment la souveraineté vietnamienne sur les archipels de Paracel et de Spratly. Par exemple, une requête datée de 1836 a écrit : Le roi Minh Mênh a envoyé une flottille armée dirigée par l’amiral Pham Huu Nhât pour aller faire une investigation, dessiner la carte géographique et planter des poteaux marquant sa souveraineté territoriale aux Paracel. Chaque bateau transportait dix grands poteaux de bois, sur chacun desquels était gravée une ligne en écriture démotique : «la 17e année du règne de Minh Mênh». Une autre requête présentée au roi dit ceci : en 1838, une mission du ministère des Services publics a fait un tour d’inspection dans 25 îles de la Mer Orientale, où elle a dessiné 4 cartes géographiques de ces contrées insulaires.
C’est toujours à cette époque que l’image des Paracel et des Spratly est entrée dans les poèmes et les œuvres littéraires nationales. Entre autres : Van Ly Truong Sa du poète Ly Van Phuc, Khai Dông Thuyêt Uoc de l’écrivain Pham Vong… Sans oublier des écrits et des cartes qui ont ensuite figuré dans les manuels scolaires.
Vu l’importance de ces archives, l’IEDSV a-t-il l’intention d’en faire une collection complète et de la présenter au public vietnamien et étranger ?
Pour avoir une collection complète des archives en écriture démotique sino-vietnamienne relative aux archipels de Paracel et de Spratly, hormis les efforts des chercheurs, nous avons besoin de la contribution de tous. En effet, il y a encore d’innombrables documents du genre éparpillés ici et là dans le pays comme à l’étranger, qui peuvent se trouver, par exemple, dans des bibliothèques de particuliers. Il est donc nécessaire de lancer une vaste campagne pour les rassembler.
Parallèlement, il faut créer un mécanisme de gestion spécial de ces archives et en établir un réseau informatique sous forme de «banque de données», qui permettra aux experts de les consulter. Le chemin est encore long, mais nous sommes décidés à aller jusqu’au bout, pour le pays et pour les générations futures.
Nghia Dàn/CVN