La restructuration des entreprises publiques nécessite un remède énergique

La restructuration des entreprises publiques doit être accomplie à tout prix pour la stabilisation macroéconomique. Interview du Docteur Luu Bich Hô (photo ci-contre), ex-directeur de l’Institut de la stratégie de développement dépendant du ministère du Plan et de l’Investissement.

Quelle est votre appréciation du projet de restructuration des entreprises publiques lancé récemment par le gouvernement ?
Ce projet s’avère plus complet et plus concret que le projet général. En particulier, il a défini un processus concret, d’ici 2015, pour achever la restructuration des entreprises publiques. Néanmoins, le déploiement des projets détaillés nécessitera de gros efforts et beaucoup de temps. Conformément à ce projet, ces entreprises seront divisées en trois groupes, avec cinq catégories différentes selon le taux de fonds investis par l’État dans l’entreprise. Le travail préparatoire, comprenant l’établissement des critères et la classification des entreprises, prendra lui aussi beaucoup de temps. C’est en effet un processus tellement chargé que d’aucuns doutent qu’il puisse s’achever à temps. Je pense qu’afin de régler définitivement l’actuelle situation instable de l’économie, il nous faut entreprendre énergiquement, dans les temps fixés, la restructuration des entreprises publiques pour pouvoir créer un nouveau modèle de croissance. Car la stabilisation de la macroéconomie ne peut être menée à bonne fin qu’après l’achèvement de ce processus difficile.
Quels sont donc les principes pour l’établissement des critères et la classification des entreprises publiques ?
Les principes sont déjà fixés dans le projet. À mon avis, il faut diminuer le nombre des entreprises publiques et l’État ne doit garder que des entreprises à capital entièrement étatique et celles avec au moins un taux d’investissement public de 65 – 75%. Pour les autres entreprises publiques, il est mieux que l’État en retire ses fonds qui pourront être utilisés pour renforcer davantage ses entreprises principales. En effet, la plupart des entreprises publiques sont actuellement d’une envergure modeste. Il faut étendre leur envergure pour qu’elles puissent assurer leur rôle de «piliers» de l’économie nationale.

D’après le Docteur Luu Bich Hô, l’État ne doit garder que des entreprises capital entièrement étatique, et celles avec au moins un taux d’investissement public de 60-70%.


La restructuration des entreprises publiques nécessitera un budget important. D’après vous, d’où viendront les sources financières nécessaires alors que le budget d’État reste limité et l’économie nationale encore en difficulté ?
Je ne suis pas d’accord avec certains avis préconisant que les entreprises publiques doivent se débrouiller elles-mêmes. D’après moi, c’est l’État qui doit couvrir essentiellement leur restructuration. L’argent pourra provenir pour une partie de la réserve nationale, et pour une autre de la diminution des dépenses publiques. Les sommes utilisées à cette fin pourront être récupérées pas à pas auprès des entreprises publiques, une fois que leur processus de restructuration sera achevé. Par ailleurs, les banques et les entreprises en bonne santé devront contribuer elles – aussi à ce processus. Avec ces trois sources de fonds, nous pourrons avoir suffisamment d’argent pour achever avec succès le processus de restructuration des entreprises publiques.
Toutefois, il faut s’imposer une bonne transparence et une attitude claire envers le règlement des dettes douteuses. En effet, il sera impossible de restructurer les entreprises publiques tant qu’elles demeurent insolvables. Une dette douteuse peut être considérée, dans ce cas, comme une maladie dangereuse qui frapperait un corps humain que serait l’entreprise publique. Ainsi, la maladie doit être traitée, grâce à un remède énergique bien sûr, avant que le malade puisse se rétablir. Pour le moment, le règlement des dettes douteuses reste un problème important. L’État doit y apporter sa part grâce à une réduction de ses dépenses publiques, voire par une réduction de l’indice de croissance économique national, afin de dégager les finances nécessaires pour aider les entreprises publiques. De leur côté, les banques doivent aussi contribuer leur part en diminuant le taux d’intérêt des prêts déjà contractés par les entreprises publiques.

La restructuration des entreprises publiques nécessitera un budget important.


Faut-il avoir un mécanisme de supervision du processus de restructuration des entreprises publiques, d’après vous ?
La restructuration doit être entreprise en premier lieu chez les groupes économiques et les compagnies générales. Il faut la faire de façon rigoureuse pour pouvoir changer la situation. Par ailleurs, il est nécessaire d’envisager la création d’un comité de pilotage interministériel, compétent et capable de superviser le processus de restructuration. Les stipulations sur la supervision sont déjà notées dans le projet. L’important, c’est d’avoir un mécanisme puissant pour une concrétisation efficace.
Dans son projet, le gouvernement a fixé les responsabilités respectives pour chacun des ministères, branches d’activité, localités, groupes économiques et les compagnies générales. Ce qui m’inquiète le plus, c’est comment matérialiser ces instructions afin de mener le projet à bon terme. Quoi qu’il en soit, il faut le déployer de façon correcte, énergique, efficace et dans les délais fixés.

Nghia Dàn/CVN

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