D'après le groupe diversifié Dangote, la production démarrera dans trois ans. La construction de l'usine, dans l'État d'Edo, dans le Sud du Nigeria, a été confiée à la société italienne Saipem.
Un projet prometteur pour M. Dangote, qui a été désigné l'homme d'affaires le plus riche d'Afrique par le magazine Forbes, mais aussi pour le Nigeria, premier producteur de pétrole du continent, qui n'a pas réussi à tirer profit de ses terres fertiles.
Aliko Dangote, 54 ans, un musulman originaire de l'État de Kano (Nord), s'est lancé tôt dans l'importation de produits alimentaires (riz, pâtes, sucre, farine...) avant de commencer à produire au Nigeria.
L'usine, dont le coût n'a pas été divulgué, devrait créer 7.000 emplois directs et indirects, selon le groupe, et mettre fin, à terme, aux importations d'engrais du Nigeria qui compte pas moins de 150 millions d'habitants.
Alimenté notamment par les énormes réserves nigérianes de gaz naturel, le complexe industriel devrait aussi permettre d'exporter des fertilisants.
"Il n'y aucune raison que le Nigeria importe des engrais", a estimé Aliko Dangote dans un communiqué.
"Quand notre usine sera prête, le pays deviendra autosuffisant avec sa production de fertilisants et aura même la capacité d'exporter vers d'autres pays d'Afrique", s'est réjoui le multi-milliardaire.
Le Fonds international de développement agricole (Fida), une agence de l'ONU qui lutte contre la pauvreté rurale, a accueilli favorablement la nouvelle. "Quoi qu'il se passe ici, cela aura un effet multiplicateur sur le reste de l'Afrique", a indiqué le responsable du programme du Fida au Nigeria, Benjamin Odoemena. "Une fois que le Nigeria sera autosuffisant sur le plan alimentaire, d'autres pays africains, dont ceux de la Corne de l'Afrique ravagés par la famine, en profiteront", a-t-il estimé.
L'usine devrait produire quotidiennement 7.700 tonnes d'urée granulée à partir de 2014, selon le groupe.
Aliko Dangote a en tout cas à son actif une longue liste de succès dans les secteurs du ciment, de la farine, du sucre et de nombreux produits alimentaires.
L'agriculture fait partie des secteurs de l'économie nigériane qui ont été délaissés après la découverte du pétrole et de sa manne il y a un demi-siècle.
Le gouvernement tire les deux tiers de ses revenus de l'or noir et l'exploitation d'hydrocarbures rapporte au pays environ 90% de ses devises.
Mais le secteur pétrolier génère peu d'emplois locaux, comparé à l'agriculture qui, selon des estimations, occuperait 70% de la main d'œuvre nigériane. Il s'agit essentiellement d'une agriculture de subsistance.
La nouvelle usine "donnera un coup de fouet à la production agricole du pays et augmentera considérablement les rendements des fermiers, car ils auront accès à plus de fertilisants", s'est réjoui Ahmed Rabiu Kwa, secrétaire de l'Association des fournisseurs d'engrais du Nigeria, qui regroupe 27 producteurs et fournisseurs.
"Ce dont le Nigeria a besoin actuellement, c'est d'une politique agricole qui ferait du secteur le pilier de l'économie", a estimé le président de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Lagos, Olufemi Deru.
AFP/VNA/CVN