Aux Canaries, la cochenille donne des couleurs aux aliments et aux habits

Pour les amoureux des plantes, ce petit insecte est l'ennemi à abattre. Mais dans l'archipel espagnol des Canaries, la cochenille est cultivée précieusement, car dans une deuxième vie, elle sera un colorant pour des aliments, des médicaments ou encore du rouge à lèvres.

"La majorité des ventes de cochenilles sert aux industries alimentaire et cosmétique. Une petite partie va aussi dans le textile", explique Juan Cazorla. Ce biologiste s'est spécialisé, à travers de l'association Milana, dans la relance de l'élevage de cet insecte sur l'île de Lanzarote.

"Nous essayons d'apprendre aux artisans de l'île à s'en servir sur leurs produits, pour leur donner plus de valeur dès l'origine, et nous faisons aussi la promotion de ce colorant naturel à des artisans et des artistes de différents pays comme la France, l'Angleterre, la Turquie ou les États-Unis", ajoute-t-il.

Un travail qui commence à porter ses fruits. "En avril 2010, la coopérative d'agriculteurs de cochenilles de Mala-Guatiza a exporté 20 tonnes de cochenille sèche à une entreprise allemande de fabrication de rouge à lèvres", raconte M. Cazorla.

La cochenille sèche provient des restes de l'insecte, une fois qu'il a reposé à l'air : pour en obtenir un kilo, il faut trois à 3,5 kilos de la petite bête.

Cet insecte blanc, qui ne mesure que quelques millimètres, est un parasite très courant, qui contamine les feuilles des plantes pour se nourrir de leur sève. Il faut appliquer un traitement pour les faire disparaître et éviter ainsi leur effet destructeur.

Mais à Lanzarote au contraire, les éleveurs de cochenille suivent tout un rituel pour "infecter" des figuiers de Barbarie, un type de cactus très présent sur l'île, en saupoudrant sur eux des sachets remplis d'insectes femelles sur le point de pondre.

Deuxième étape, attendre. Au bout de 60 à 70 jours, les bestioles ont atteint un niveau suffisant de maturité pour être cueillies, en grattant chaque plante avec des sortes de cuillères en métal.

Ensuite vient le séchage de l'insecte, qui peut durer dix à 20 jours, puis son stockage dans des sacs. La cochenille sèche peut se conserver plusieurs années ainsi, avant d'être utilisée comme un colorant naturel, le carmin, d'une teinte rouge cramoisi.

Dans les îles Canaries, cet élevage, originaire du Mexique précolombien, a perdu ces dernières décennies beaucoup de son poids économique.

"Les plantations, à ma connaissance, représentent (aujourd'hui) 20 à 30 hectares, en majorité dans la zone de Mala-Guatiza", où sont collectés chaque année deux à trois tonnes de cochenille sèche. Bien loin des quelque 14 tonnes qui étaient récoltées en 1980, rappelle M. Cazorla.

Car la production canarienne a beaucoup de mal à concurrencer celles d'autres pays comme le Pérou, qui fournit "presque 90%" de la demande mondiale actuelle, le Chili, la Bolivie et le Mexique.

La grosse vente réalisée en 2010 auprès de l'entreprise allemande de rouge à lèvres a certes été un beau succès, à un prix de 50 euros le kilo, "mais cela faisait environ 15 ans qu'on ne vendait rien parce que le Pérou avait des prix beaucoup plus bas que les nôtres", avoue le biologiste.

Alors que, dans l'archipel espagnol, l'activité reste surtout familiale, l'association Milana, tout en travaillant à son renouveau, incite aussi les producteurs à miser sur le tourisme pour compléter leurs revenus, reconnaissant les "très faibles bénéfices si on se consacre uniquement à la cochenille".

AFP/VNA/CVN

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