À 07h00 GMT précises sous la coupole du Reichstag à Berlin a débuté une séance parlementaire qui tient en haleine le monde entier. "Nous allons montrer que cette coalition (emmenée par Angela Merkel) est capable d'agir : l'avenir de l'Europe est en de bonnes mains avec ce gouvernement" : le chef des députés conservateurs allemands Volker Kauder a résumé ainsi les enjeux du vote.
Les députés allemands doivent ratifier le renforcement du mécanisme anticrise de la zone euro, le "FESF", qui maintient déjà le Portugal et l'Irlande sous perfusion, la Grèce bénéficiant elle d'un sauvetage distinct.
Le feu vert du Bundestag ne fait pas de doute, puisque seul le parti de gauche radicale Die Linke et quelques dissidents à droite ont appelé à voter contre. Le vote est prévu au plus tôt à 09h00 GMT.
Après l'Allemagne, première économie européenne et premier contributeur au fonds de sauvetage avec 200 milliards d'euros de garanties, six pays devront encore procéder à cette ratification, dont la Slovaquie, qui menace de faire traîner l'affaire. L'Estonie devait également se prononcer le 29 septembre.
Les marchés boursiers européens, plutôt moroses le 29 septembre à l'ouverture, vont compter les voix dissidentes dans le camp conservateur/libéral de la chancelière Angela Merkel, afin de mesurer la grogne qui monte en Allemagne contre les sauvetages incessants.
Cette grogne est autant dirigée contre le renforcement du FESF que contre la Grèce, que certains députés allemands veulent mettre en faillite, ou exclure de la zone euro.
Retour en Grèce de la troïka
Un signal d'espoir pourrait toutefois venir dans la journée d'Athènes, où la troïka, représentant les trois grands créanciers du pays (Union européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international), fait son retour.
Cette équipe doit s'assurer que la Grèce tient ses engagements de rigueur et, le cas échéant, libérer le versement de huit milliards d'euros.
Ce paiement est indispensable à la survie du pays, dépendant de l'aide internationale depuis mai 2010 et qui croule sous une dette de 350 milliards d'euros.
Un avis positif de la troïka sur les progrès d'Athènes serait aussi un coup de pouce bienvenu pour la mise en route d'un deuxième plan d'aide à la Grèce, en date de juillet dernier et qui prévoit notamment que les banques privés renoncent à une partie de leurs créances auprès du pays.
Ce second plan doit encore être ratifié par de nombreux pays, dont l'Allemagne, lors d'un vote qui s'annonce déjà plus délicat que celui du 29 septembre.
En attendant, le feu vert du Bundestag au "FESF nouvelle version" et le retour de la troïka sont autant de signaux positifs dont les responsables de la zone euro ont grand besoin, alors que leur gestion de la crise est attaquée dans le monde entier.
Après des remarques acerbes du président américain Barack Obama sur les tâtonnements des États de la zone euro, le ministre des Affaires étrangères de la Grande-Bretagne, membre de l'UE qui n'a pas adopté la monnaie unique, y est également allé de sa critique. "J'avais décrit l'euro comme un bâtiment en flammes, dépourvu d'issues, et cela s'est avéré vrai dans certains des pays membres", a asséné William Hague le 28 septembre.
Pour éviter que cet incendie ne se propage, par exemple à l'Italie ou à l'Espagne, qui voulait privatiser rapidement sa loterie nationale pour se renflouer mais a dû y renoncer, la zone euro pourrait être forcée rapidement de prendre des mesures plus radicales.
Parmi les spéculations : une démultiplication de l'aide européenne via des mécanismes financiers complexes, un effacement partiel de la dette grecque, ou encore des "eurobonds", titres de dette communs aux pays membres de la zone euro.
Pour endiguer la volatilité sur les marchés financiers face à ce bruissement de rumeurs, l'Italie et l'Espagne ont décidé le 29 septembre de prolonger les restrictions en vigueur depuis août sur les ventes à découvert de valeurs financières.
Décision sur l'aide à la Grèce le 13 octobre
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a déclaré le 29 septembre que la décision de versement de la sixième tranche de l'aide à la Grèce serait vraisemblablement prise le 13 octobre lors d'une réunion prévue des ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe).
La mission d'experts du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Commission européenne, aussi appelée troïka "va maintenant examiner si les conditions sont remplies pour que la prochaine tranche soit versée", a dit M. Schäuble devant les députés du Bundestag.
Il a ajouté qu'une décision pourrait être prise à ce sujet à une réunion de l'Eurogroupe le 13 octobre. "Je ne peux pas dire ce que sera cette décision, je ne peux pas anticiper les conclusions de la troïka", a-t-il ajouté.
Le ministre des Finances grec Evangélos Vénizélos s'était le 27 septembre montré confiant de toucher cette sixième tranche d'aide, vitale pour Athènes, "courant octobre".
AFP/VNA/CVN