États-Unis : le bon de réduction, une passion nationale

"Il m'a suffi d'une fois pour être mordue, quand j'ai quitté le magasin en emportant pour 100 dollars de marchandise que j'ai payé presque rien", dit Jenny sur le site Southern Savers.

"J'aime le champagne et j'ai un budget pour de l'eau du robinet. Mais j'ai trouvé un moyen de vivre la belle vie, je vais vous montrer", ajoute Jodi sur son site www.livefabuless.com.

Passion du shopping et crise économique se conjuguent aux États-Unis pour faire exploser l'usage du "coupon", à tel point entré dans la vie quotidienne que la langue a inventé un verbe pour son usage : "to coupon", et un nom : "the couponer", pour l'utilisateur, souvent une utilisatrice.

Environ 167 milliards de ces bons de réduction ont été distribués au premier semestre 2011 dans le pays, et deux milliards de dollars utilisés par ce biais en six mois, soit 5,3% de plus sur un an, indique le NCH Marketing Services, une organisation spécialisée.

Le principe est simple, et expliqué à l'envi dans les centaines de sites Internet qui lui sont consacrés.

D'abord et surtout, acheter les journaux du dimanche - en plusieurs exemplaires - qui offrent de véritables cahiers de bons. En imprimer d'autres sur Internet. L'acheteur bénéficie alors d'une réduction de prix.

Mais le vrai "pro" combinera toutes les offres à sa portée, aidé par des calendriers de promotions et des bons imprimables par produit et par magasin facilement trouvés sur le web.

Ainsi d'un tube de dentifrice à deux dollars : il doit être acheté quand il est en promotion à 1,50 dollar, explique thekrazycouponlady.com. On cherche alors un bon de réduction du magasin à 50 cents, un bon du fabricant à 50 cents. Le tube ne vaut plus alors que 50 cents. Et certains jours, la valeur du bon peut être doublée. Le magasin devra alors rendre de l'argent, ce qui est parfois possible aux États-Unis, en cash ou en bon d'achat.

Le "couponing" a aussi ses obsessionnels qui, classeur de bons sous le bras, vident les rayons pour constituer des réserves, véritables mini-magasins dans les garages de leurs maisons.

Ils étaient l'an dernier les héros d'une émission de télé-réalité à succès, Extreme Couponing, sur la chaîne TLC, qui ouvre une deuxième série le 26 septembre.

On y voit Scott, jeune père de famille, qui présente fièrement sa "réserve" : "C'est la prunelle de mes yeux. J'aime ma femme et ma fille, mais j'aime aussi ma réserve", dit-il, l'œil mouillé d'émotion devant les centaines de paquets de couches, bidons de détergents et boîtes de céréales impeccablement alignés sur les étagères de son garage. "Héros de la Grande Récession" ou "cinglé"?, s'interrogeait récemment le Washington Post, en évoquant une émission "fascinante et dérangeante".

C'est "écoeurant, immoral et sans doute illégal", dit Jennifer Savage, elle-même adepte du bon, "on fait ça pour aider nos familles en ces temps difficiles et eux cassent les règles, ça porte tort à tout le monde".

"Certains de ces comportements relèvent du trouble obsessionnel compulsif", dit April Benson, psychologue spécialisée dans l'addiction au shopping, "peut-être pour remplir un certain vide de leur vie, sentir qu'ils la contrôlent".

Car la presse américaine rapporte comment certains, en quête de bons, font les poubelles ou volent les journaux de leurs voisins.

Ce que condamnent les experts du "couponing" chez qui on peut aussi suivre des cours. Parfois payants, mais que l'on peut s'offrir avec des bons de réduction.

AFP/VNA/CVN

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