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>> Réponse aux pressions inflationnistes croissantes
Le Docteur Nguyên Duc Dô, directeur adjoint de l’Institut de l’économie et des finances, estime que les pressions inflationnistes ne devraient pas être importantes, car l’économie mondiale, en particulier celle des États-Unis et de la Chine, devra connaître une croissance lente, même si le risque d’une récession de l’économie américaine n’est pas exclu. Il table sur une inflation en 2024 comprise entre 3% et 3,5%.
L’inflation du Vietnam est prévue à 3,5-4% en 2024. |
Photo : VNA/CVN |
Partageant cet avis, Dinh Trong Thinh, professeur senior de l’Institut des finances, remarque que si le prix du pétrole et l’offre de matières premières augmentent, si l’inflation des grandes puissances reste élevée, si l’économie mondiale se redresse lentement, et si les entreprises vietnamiennes peuvent profiter des opportunités offertes par les accords de libre-échange, l’économie vietnamienne pourrait croître de 5,5% à 6,5% et l’inflation annuelle serait donc de l’ordre de 3,2% à 3,5%.
D’après le Professeur associé et Docteur Ngô Tri Long, le gouvernement a de l’expérience dans la gestion stratégique des prix des biens et services, et l’objectif de contrôle de l’inflation de 4% à 4,5% pour 2024 approuvé par l’Assemblée nationale est tout à fait réalisable.
En 2024, le Département de gestion des prix du ministère des Finances continuera de suivre de près l’évolution de l’économie mondiale et l’inflation dans le pays afin de trouver des réponses appropriées. Il surveille les fluctuations des prix du marché intérieur pour donner des conseils sur les ajustements de la politique salariale et sur les politiques de gestion des prix appropriées, en particulier pour les biens et services essentiels pendant les vacances du Têt.
Trois scénarios
Selon des experts, les pressions inflationnistes ne devraient pas être importantes pour plusieurs raisons.
Premièrement, l’économie mondiale, en particulier celles des États-Unis et de la Chine, devraient connaître une croissance lente. Les données de 1982 à aujourd’hui montrent que lorsque le taux d’intérêt des obligations d’État à trois mois est supérieur à celui des obligations à dix ans (courbe de rendement négative), l’économie américaine entre en récession après trois à six trimestres. Ainsi, alors que la courbe des taux d’intérêt aux États-Unis atteint des niveaux négatifs au 4e trimestre 2022, la possibilité que l’économie américaine tombe en récession en 2024 est tout à fait possible.
Deuxièmement, les perspectives économiques mondiales n’étant pas vraiment positives, les prix du pétrole n’augmenteront guère, et pourraient même diminuer fortement si l’économie américaine entre en récession. Les prévisions du prix du pétrole WTI en 2024 tourneront autour de la moyenne quinquennale de la période 2019-2023 à 67 USD/baril.
Troisièmement, dans le contexte de ralentissement de la croissance économique mondiale, les exportations vietnamiennes devraient croître à un niveau modéré en 2024, mais seulement par rapport à la base faible de 2023 (objectif de plus de 6%, soit légèrement plus qu’en 2022). En outre, comme le marché immobilier est encore dans une période difficile, le secteur de l’industrie - construction en particulier - et l’ensemble de l’économie en général seront également touchés et connaîtront une faible croissance en 2024.
Face aux fluctuations de l’économie mondiale, le Vietnam se tient prêt et adopte une approche proactive pour faire face à l’inflation. |
Photo : VNA/CVN |
Cette année, si la croissance du PIB n’oscille que d’environ 6%, selon de nombreuses prévisions, au cours de la période 2020-2024, le PIB ne connaîtra qu’une croissance moyenne de 4,64%, ce qui signifie que l’économie fonctionnera encore en 2024 à un niveau inférieur de son potentiel réel. C’est un facteur pour freiner l’inflation dans les temps à venir.
Quatrièmement, les pressions inflationnistes liées à la hausse des taux de change en 2024 ne devraient pas être importantes, car le dollar américain est dans une tendance à la baisse, et la Fed pourrait probablement réduire ses taux d’intérêt au 2e trimestre. De plus, même si le dollar s’apprécie fortement sur le marché mondial, la Banque d’État du Vietnam (BEV) interviendra pour stabiliser le taux de change. En d’autres termes, les taux de change sont à un niveau neutre et ne provoqueront pas de hausse des prix en 2024.
Basé sur ces analyses, on peut dire que cette année de nombreux facteurs permettront le contrôle de l’inflation. Par conséquent, le taux de croissance mensuel de l’indice des prix à la consommation (IPC) en 2024 ne sera probablement pas supérieur au niveau moyen de la période 2015-2023 de 0,24%/mois. Dans ce contexte, le Docteur Nguyên Duc Dô a proposé trois scénarios d’inflation pour 2024.
Dans le scénario haut (les économies mondiale et vietnamienne croissent norma-lement, les prix des carburants, des matières premières et des matériaux sont stables), l’IPC pourrait augmenter en moyenne de 0,24%/mois. L’inflation moyenne serait de 3,5% en 2024. Dans le scénario bas (l’économie mondiale entre en récession au second semestre et le Vietnam est fortement touché, les prix des carburants et des matières premières diminuent fortement comme en 2020), l’IPC augmenterait en moyenne de 0,05%/mois. L’inflation serait de 2,5%. Dans le scénario moyen (l’économie mondiale croît lentement mais ne tombe pas en récession, le Vietnam n’est pas beaucoup touché, les prix des matières premières diminuent légèrement), l’IPC augmenterait en moyenne de 0,15%/mois. L’inflation serait de 3,0%.
Contrôle de l’inflation
L’an dernier, le secteur bancaire a pris plusieurs mesures pour faire face aux difficultés et aux défis. En particulier, la BEV a adopté une politique monétaire ferme, proactive et flexible, en coordination avec la politique budgétaire et d’autres politiques macroéconomiques, afin de contrôler l’inflation et soutenir la croissance économique.
Ladite institution a réduit les taux d’intérêt à quatre reprises, avec une diminution de 0,5% à 2% par an, dans un contexte où les taux d’intérêt mondiaux continuent d’augmenter. Cette réduction, solution flexible et adaptée aux conditions actuelles du marché, vise à soutenir la reprise de la croissance économique, conformément aux politiques de l’Assemblée nationale et du gouvernement. En ce qui concerne les taux de change, la BEV continue de gérer les politiques de manière harmonieuse, en fonction de la situation du marché intérieur et extérieur, et intervient de manière flexible pour stabiliser le marché des changes.
Fin août 2023, le magazine Global Finance a attribué à Nguyên Thi Hông, gouverneure de la BEV, la note “A+“ dans son rapport 2023 sur les banquiers centraux, aux côtés de Shri Shaktikanta Das (Inde) et Thomas J. Jordan (Suisse). Cette notation témoigne de la reconnaissance et de l’appréciation internationales des activités de gestion de la politique monétaire de l’institution bancaire vietnamienne.
Selon le Fonds monétaire international, la promotion future de la croissance à court terme au Vietnam dépendra principalement de sa politique budgétaire, étant donné que la politique monétaire a été largement utilisée et que les marges de manœuvre actuelles sont très limitées.
De plus, pour atteindre l’objectif de devenir un pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure d’ici 2030 et un pays développé d’ici 2045, le Vietnam devra élaborer des mesures visant à stimuler une croissance économique durable, notamment via des investissements dans les infrastructures, la croissance verte, le développement des ressources humaines et l’amélioration de l’environnement d’investissement et des affaires.
Thê Linh/CVN