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Selon l’Association vietnamienne des producteurs et exportateurs de produits aquatiques (VASEP), le chiffre d’affaires à l’export en juin n’a atteint que 876 millions de dollars, soit une hausse modeste de 4% par rapport à la même période de 2024 - le niveau le plus faible depuis le début de l’année.
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Transformation de pangasius pour l'exportation. |
Photo : VNA/CVN |
Au cours des six premiers mois de l’année, les exportations ont totalisé 5,2 milliards de dollars, en hausse de près de 19 %. Le marché américain reste le plus important avec 891 millions de dollars (+16 %), bien que de nombreuses entreprises aient récemment suspendu leurs envois vers les États-Unis par crainte de droits compensatoires élevés.
En revanche, les marchés asiatiques affichent une dynamique positive : la Chine, le Japon, la République de Corée et l’ASEAN ont enregistré une croissance allant de 15 % à 28 %. Les exportations vers l’Union européenne se sont stabilisées (- 1 %), tandis que celles vers le Moyen-Orient ont chuté de 16 %, notamment en Israël (- 50 %), principal importateur de thon en conserve.
Du côté des produits, le thon est le plus touché avec une baisse de plus de 31 % en juin, due aux barrières tarifaires américaines. Les exportations de crevettes et de pangasius ont continué d’augmenter respectivement de 26 % et 10 % au premier semestre, mais leur rythme de croissance ralentit.
Un “cumul de taxes”
Selon Mme Lê Hang, secrétaire générale adjointe de la VASEP, les perspectives pour le second semestre dépendent largement de la politique tarifaire des États-Unis, en particulier pour la crevette, qui risque de subir un “cumul de taxes” (droits compensatoires, droits antidumping et droits de subvention). Si, après le 9 juillet, Washington impose un droit compensatoire de 10 %, les exportations vietnamiennes pourraient s’élever à seulement 9,5 milliards de dollars en 2025, soit 500 millions de moins que prévu. Un taux supérieur à 10 %, pouvant atteindre 46 %, pourrait ramener le total annuel à 9 milliards de dollars ou moins.
Dans ce contexte, le Vietnam devra faire face à une concurrence féroce d’autres pays exportateurs à fiscalité avantageuse, tels que l’Équateur, l’Inde, la Thaïlande ou l’Indonésie. Une partie des volumes pourrait être redirigée vers le Japon, l’UE ou l’ASEAN - marchés couverts par des accords de libre-échang, bien que leur capacité de compensation reste limitée dans un contexte de demande mondiale encore fragile.
Le Moyen-Orient, autrefois considéré comme un marché prometteur dans la stratégie de diversification, subit également les répercussions des tensions croissantes entre Israël et l’Iran. Ces conflits compliquent gravement les opérations de transport, d’assurance et de logistique, provoquant une baisse de 12 % des exportations vers cette région au cours des cinq premiers mois.
Malgré tout, les experts estiment que chaque crise recèle des opportunités. En s’adaptant de manière proactive, les entreprises vietnamiennes pourraient restructurer leurs chaînes d’approvisionnement, investir dans les produits à forte valeur ajoutée et certifiés Halal, tels que le thon en conserve, les crevettes décortiquées, ou le pangasius en morceaux – et étendre leur présence sur de nouveaux marchés musulmans émergents comme la Jordanie, la Libye ou le Pakistan.
Parallèlement, les entreprises sont appelées à tirer profit des accords commerciaux existants et à rechercher le soutien des autorités compétentes pour l’accès au crédit, l’intelligence économique et la promotion des exportations, afin de faire face à une conjoncture mondiale toujours plus incertaine.
VNA/CVN