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Le Premier ministre britannique David Cameron, le 4 février à Londres. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les pays donateurs ont donc atteint leur objectif: faire mieux que lors de la précédente conférence, organisée en 2015 au Koweït, où seulement 3,3 milliards de dollars avaient été récoltés sur les 8,4 milliards réclamés.
Sur les 10 milliards promis, 5,6 milliards de dollars doivent être versés en 2016 et 5,1 d'ici 2020.
"La conférence d'aujourd'hui a vu la plus grosse somme jamais réunie en un jour en réponse à une crise humanitaire", s'est félicité le Premier ministre britannique David Cameron lors d'une conférence de presse.
"Ce qui a été accompli aujourd'hui n'est pas une solution à la crise. Nous avons toujours besoin de voir une transition politique", a dit le chef de l'exécutif britannique, alors que les pourparlers de paix lancés à Genève ont été suspendus le 3 février.
"Mais avec les engagements formulés aujourd'hui, a-t-il ajouté, notre message adressé au peuple syrien et à la région est clair : nous nous tiendrons à vos côtés et nous vous soutiendrons aussi longtemps qu'il le faudra".
Réunis au Queen Elizabeth II Conference Centre en plein cœur de la capitale britannique, des dirigeants du monde entier avaient présenté tout au long de la journée leurs promesses de dons pour répondre au drame syrien, alors que, selon l'ONU, la situation humanitaire "a empiré au cours de l'année écoulée".
Soucieux de montrer l'exemple, le gouvernement britannique, l'un des plus gros donateurs avec les États-Unis et l'Allemagne, a promis 1,74 milliard de dollars d'ici 2020.
"Jour d'espoir"
La chancelière allemande Angela Merkel a promis elle de débloquer 2,3 milliards d'euros d'ici 2018.
Ces dons sont "l'un des éléments qui contribueront à faire que les gens n'auront pas besoin de se lancer dans de périlleux voyages vers l'Europe", a dit celle dont la popularité s'est érodée dans son pays pour avoir endossé l'habit de protectrice des réfugiés. "C'est un jour d'espoir", a-t-elle ajouté.
"Quand on voit des personnes réduites à manger de l'herbe et des animaux sauvages pour survivre au jour le jour, cela ne peut que choquer toute personne civilisée. Et nous devons tous apporter une réponse à cela", a déclaré le secrétaire d'État américain Kerry, annonçant 890 millions de dollars supplémentaires (pour 2015-2016).
Pour le Premier ministre jordanien Abdallah Nsour, le "résultat est historique en termes de dons. Mais c'est aussi une conférence politique par excellence car elle investit dans la sécurité et la stabilité de nombreux pays".
Répartition des réfugiés syriens dans les pays voisins selon l'UNHCR. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Parti en mars 2011 de manifestations pacifiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, le conflit syrien a fait plus de 260.000 morts et provoqué une crise humanitaire majeure avec, sur le territoire syrien, quelque 13,5 millions de personnes en situation de vulnérabilité ou déplacées.
Cette guerre a également contraint 4,6 millions de Syriens à trouver refuge en Jordanie, Liban, Turquie, Irak ou Égypte, tandis que des centaines de milliers rejoignaient l'Europe.
Si cette crise pèse sur les gouvernements des pays européens, elle menace directement la stabilité des pays voisins de la Syrie, à l'instar de la Jordanie, qui accueille 635.000 Syriens.
"Nous faisons de notre mieux (...) mais je dois vous dire que nous atteignons nos limites", a déclaré le roi Abdallah de Jordanie.
Quelque 1,1 million d'emplois
Les investissements annoncés le 4 février doivent permettre de créer d'ici 2018 jusqu'à 1,1 million d'emplois pour les réfugiés syriens et les communautés autochtones qui les côtoient, selon la déclaration finale de la conférence.
Les pays donateurs se sont également donnés pour objectif de fournir une éducation de qualité à 1,7 million d'enfants.
Régissant aux annonces de la conférence, l'organisation Oxfam a estimé qu'il s'agissait "potentiellement d'un tournant".
L'argent n'est pas tout, a toutefois souligné l'ONG. "Les gouvernements présents à Londres ne sauraient se reposer sur leurs lauriers quand les négociations à Genève vacillent et que la violence continue".
Le Syrien Fadi Hallisso, co-fondateur de l'association Basmeh & Zeitooneh, qui œuvre à aider les réfugiés au Liban et en Turquie, a estimé qu'avec ces promesses, "nous espérons maintenant pouvoir créer davantage d'emplois pour les réfugiés et les communautés d'accueil".
"Cela aura un meilleur impact sur les efforts menés pour riposter au terrorisme et à la radicalisation dans la région que les bombardements", a-t-il ajouté.
AFP/VNA/CVN