>>À Davos, l'Europe veut éviter le "drame", la "catastrophe" d'un Brexit
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker s'adresse au Parlement européen à Strasbourg, le 3 février. |
Quelques heures auparavant, à Strasbourg, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker se livrait au même exercice devant le Parlement européen, jugeant le préaccord équitable pour les deux parties.
"Menons ce combat ensemble!", a lancé aux députés M. Cameron devant le parlement, au lendemain de la publication par Bruxelles d'un projet d'accord comprenant plusieurs réformes.
Le dénouement est "proche", a-t-il ajouté, laissant entendre qu'il privilégiait la date du 23 juin pour le référendum qui doit permettre aux Britanniques de se prononcer sur l'accord final.
Le chef de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, a quant à lui souligné que son parti s'engagerait pour un maintien dans l'UE lors du référendum.
Propositions "ambitieuses"
Le préaccord entre l'UE et le Royaume-Uni doit être examiné par les 27 autres États membres de l'UE lors d'un sommet les 18 et 19 février à Bruxelles.
Le 3 février, le président français François Hollande a prévenu qu'il était opposé à toute "nouvelle négociation" lors de ce rendez-vous.
"Le compromis qui a été trouvé permet sans doute de trouver des solutions à des problèmes qui, jusqu'à présent, paraissaient difficiles à régler mais, au Conseil européen, il ne pourra pas y avoir de nouveaux ajustements", a-t-il dit.
"Nous sommes arrivés à un point qui doit permettre de donner aux Britanniques les assurances nécessaires dans le respect des principes européens", a-t-il ajouté.
Les propositions formulées par le Conseil européen sont "ambitieuses", a estimé de son côté le gouvernement allemand, tout en refusant de commenter d'éventuels points de litige, et se contentant d'indiquer que Berlin examinait ce plan "de manière intensive".
Le projet dévoilé le 2 février par l'UE pour éviter un "Brexit" met notamment sur la table un "frein d'urgence" pour que Londres puisse couper des aides sociales aux travailleurs intra-européens, et des garanties que la City ne pâtira pas d'un renforcement de l'euro.
Capture d'écran de David Cameron s'exprimant devant les députés à la Chambre des communes le 3 février. |
Une proposition "équitable" qui "répond aux inquiétudes" de M. Cameron, "tout en respectant les traités", a estimé Jean-Claude Juncker devant le Parlement européen.
"Nous avons fait des progrès significatifs dans nos quatre demandes de réforme mais il reste beaucoup de travail et il faudra faire preuve de détermination et de patience", a tempéré M. Cameron.
Sous forte pression du parti europhobe et anti-immigration Ukip et de ses propres députés eurosceptiques, le Premier ministre a même continué à agiter la possibilité de faire campagne pour un "Brexit", si les négociations bloquent avec ses partenaires européens.
"La meilleure réponse est de rester dans une Europe réformée. Mais si je ne peux l'obtenir, je répète que je n'exclus rien", a martelé M. Cameron, qui se rendra en Pologne et au Danemark vendredi 5 février, puis en Allemagne la semaine prochaine.
"Vraiment pitoyable"
Les eurosceptique de son propre camp conservateur étaient encore très critiques le 3 février. Même s'il semble avoir convaincu sa ministre de l'Intérieur, Theresa May, au moins quatre ou cinq ministres pourraient faire campagne pour une sortie de l'UE.
Courtisé par les deux camps, le très influent maire de Londres, Boris Johnson, continue, lui, à souffler le chaud et le froid. David Cameron tire "le meilleur d'un travail difficile", a-t-il dit le 3 février, avant d'ajouter : "la plupart des gens pensent qu'il faudrait faire beaucoup plus".
Le ton outragé de la presse britannique laisse aussi présager un débat difficile, alors que les sondages montrent une opinion publique divisée et une légère majorité en faveur d'un "Brexit".
"Ce devait être une réforme radicale des relations avec une Union européenne plus rationnelle et plus responsable. Il semble que M. Cameron se soit contenté de ce qu'une union non réformée veut bien lui offrir pour rester dans le club", se désolait The Times.
Presque seul à défendre David Cameron, le Financial Times jugeait qu'il "a fait mieux que prévu dans cette renégociation".
À Strasbourg, dans le camp eurosceptique, le député européen Nigel Farage, chef de l'Ukip, s'est gaussé de ce préaccord "vraiment pitoyable".
AFP/VNA/CVN