Plus que jamais, les grandes marques étrangères, notamment du luxe ou des nouvelles technologies, fondent de grands espoirs sur la longue période de fièvre qui s'empare de leurs clients asiatiques entre Noël et le Nouvel An chinois début février. Mais si les ventes s'annoncent meilleures que l'an dernier, de nombreux consommateurs semblent rester prudents, craignant vraisemblablement un ralentissement de la reprise provoqué par le marasme aux États-Unis et en Europe, soulignent des experts.
À Singapour, la plus célèbre des avenues, Orchard Road, fait ces jours-ci le plein d'acheteurs de toute l'Asie du Sud-Est, qui y trouvent toutes les grandes enseignes interna- tionales de parfumerie, de mode ou de joaillerie.
Don Triangga, un touriste indonésien de 26 ans, y a déjà déboursé 1.500 dollars singapouriens (860 euros) pour une ceinture Louis Vuitton et une chemise Burberry. "La chemise est pour un cadeau et la ceinture pour moi", explique-t-il, devant le gigantesque sapin de Noël trônant à l'entrée du centre commercial futuriste Ion Orchard.
Singapour peut se permettre d'être festif car la croissance économique de la ville-État devrait atteindre 15% cette année, soit la plus forte hausse en Asie, après une courte récession en 2009. Mais le commerce n'est pas aussi florissant que l'industrie ou les services, moteurs de la croissance. Car les consommateurs semblent épargner davantage et être tentés d'aller dépenser en Europe et aux États-Unis, devenus très abordables grâce à la forte progression du dollar singapourien ces derniers mois, estime Lau Chuen Wei, directeur de l'association des commerçants.
Le même phénomène est sensible dans les autres pays d'Asie du Sud-Est, comme la Thaïlande ou l'Indonésie, qui jouissent d'une forte croissance, d'une Bourse euphorique et d'une monnaie au plus haut face au dollar.
La Banque asiatique de développement (ADB) a évalué à 8,8% la croissance des pays émergents d'Asie de l'Est cette année, contre 5,2% en 2009 et 7,3% en 2008. Mais, a-t-elle prévenu, "l'élan devrait s'assagir à cause de la faible demande aux États-Unis, des incertitudes liées à la crise de la dette en Europe et des pressions déflationnistes au Japon".
Ces craintes, couplées aux risques d'éclatement de la bulle en Asie de l'Est, ne dissuadent pas un grand nombre de consommateurs à dépenser plus pour les fêtes, comme en Corée du Sud. "L'atmosphère est bien plus à l'optimisme" cette année, témoigne Lee Hae-Kyung, une Sud-Coréenne de 33 ans travaillant dans un hôpital. Elle a fixé son budget cadeaux à 50.000 won (32 euros) pour chacun de ses amis, soit cinq fois celui de 2009.
À Hong Kong, où le cours du dollar local suit celui du billet vert américain, les ventes de détail ont bondi de 18,3% en octobre sur un an. "Comme la croissance des revenus reste forte en Chine, les touristes (chinois) dépensent davantage", explique Aaron Fischer, analyste chez CLSA.
En revanche, les porte-monnaies s'ouvrent moins facilement en Australie, où "près d'un tiers des acheteurs ont prévu de réduire leurs dépenses" pour les fêtes après une série de hausses des taux d'intérêt, selon Russel Zimmerman, directeur de l'association des détaillants.
AFP/VNA/CVN