Au cours d'un sommet à Bruxelles les 16 et 17 décembre les dirigeants de l'Union européenne ont mis sur les rails un mécanisme d'entraide financière permanent dans l'espoir qu'il permettra aux pays de l'Union monétaire d'affronter les tempêtes éventuelles à venir. Il s'agit d'une innovation importante, qui aurait été impensable il y a quelques années encore.
Le sommet a "clairement dit que l'euro était indissociable de l'Europe", a déclaré le 17 décembre la chancelière allemande Angela Merkel, à l'issue de la réunion à Bruxelles.
Concrètement, les dirigeants de l'UE se sont mis d'accord pour modifier le traité européen afin d'autoriser explicitement les pays de l'Union monétaire à créer un dispositif de solidarité financière entre eux.
Échaudée par la crise grecque au printemps, l'Europe a déjà mis en place un Fonds de secours provisoire de 440 milliards de garanties des États, dans le cadre d'un dispositif plus large de 750 milliards d'euros en incluant le FMI et l'UE. Mais il expirera mi-2013.
Pour lui succéder, il a été décidé de mettre en place le dispositif permanent. Objectif : rassurer les marchés sur la capacité de réaction de la zone euro, alors que l'Espagne et le Portugal apparaissent désormais vulnérables
Pour la première fois, les banques et fonds privés détenteurs de dette publique pourront contribuer au sauvetage d'un pays en faillite, au cas par cas.
Les dirigeants européens se sont dits prêts aussi à "faire tout ce qui est nécessaire pour garantir la stabilité de la zone euro". Mais ils ne se sont pas prononcés sur une éventuelle augmentation des ressources des Fonds de soutien actuel et à venir, se contentant de promettre un "soutien financier adéquat" au dispositif qui existe aujourd'hui. Alors que les marchés attendent des chiffres.
Le Fonds permanent aura des ressources "suffisantes", "convaincantes", a assuré Mme Merkel.
En parallèle, la France et l'Allemagne ont défendu à Bruxelles l'ouverture d'un autre chantier en vue d'améliorer la cohérence de l'Union monétaire. Elles veulent rapprocher les politiques économiques des différents pays, fiscales notamment.
"Il va falloir aller plus loin pour affirmer au sein de la zone euro la nécessité de la convergence des politiques économiques", au-delà des mesures déjà annoncées cette année pour renforcer la discipline budgétaire commune, a souligné le président français Nicolas Sarkozy. "Ca sera le travail des premières semaines du début de l'année", a-t-il poursuivi, annonçant des propositions communes à ce sujet avec Angela Merkel. Le débat controversé sur les euro-obligations -des emprunts lancés en commun par plusieurs pays- a lui été renvoyé à plus tard.
Les économistes restent toutefois sur leur faim, tandis que les marchés demeurent inquiets de la possible contagion de la crise à d'autres pays. "Les dirigeants européens apportent une réponse aux crises futures, mais pas à l'actuelle", a estimé Carsten Brzeski, économiste chez ING. "C'est une nouvelle occasion ratée pour rassurer les marchés", a jugé également Frank Engels, économiste chez Barclays Capital.
Pour Jean-Dominique Giuliani, qui dirige la Fondation Schuman, un centre de réflexion sur l'Europe, les dirigeants "doivent prendre des décisions plus rapides et faire preuve de plus de clarté, de courage, d'audace et de vision".
AFP/VNA/CVN