Réunis le 11 décembre en haute altitude dans la capitale équatorienne, les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) se sont efforcés de relativiser les sommets atteints cette semaine par les cours du baril, au-dessus de 90 dollars pour la première fois depuis plus de deux ans.
Coupables désignés de cette envolée : l'effritement du dollar et un regain de spéculation, mais qui ne remettent pas en cause les fondamentaux du marché, selon Ali al-Nouaïmi, ministre saoudien du Pétrole.
Dans ce contexte, l'OPEP a décidé sans surprise de reconduire ses quotas de production, inchangés depuis janvier 2009. Les membres du cartel se tournent désormais vers le prochain seuil décisif, celui des 100 dollars le baril, attendu en 2011 par nombre d'analystes.
Pour l'Iran, le Venezuela et la Libye, il s'agit là d'un prix idéal, propre à compenser la dégradation de leurs revenus réels en raison de la dépréciation du dollar. "Un prix juste" selon le ministre vénézuélien Rafael Ramirez, un "bon prix", selon son homologue iranien Masoud Mir-Kazemi.
"Le dollar ne cesse de dégringoler. Nous vendons notre pétrole en dollars, mais nous achetons en euros, voyez combien nous perdons...", a abondé le secrétaire général de l'OPEP, Abdallah Salem al-Badri.
Bien que l'OPEP elle-même pointe "les incertitudes économiques" susceptibles de pénaliser une économie mondiale encore fragile, les partisans du baril à 100 dollars affirment qu'un tel prix n'affecterait pas la croissance économique.
Mais d'autres membres de l'organisation mettent en garde contre une déstabilisation du marché et appellent à la prudence face à la volatilité des cours. "Un baril à 100 dollars ne nous fait pas peur, mais il faut aussi considérer la stabilité des prix sur le long terme", a indiqué le ministre équatorien Wilson Pastor-Morris. "Des prix excessivement élevés ne sont bons ni pour les producteurs ni pour les consommateurs", a renchéri Mohammad al-Hameli, ministre des Émirats arabes unis, sans préciser à partir de quel seuil il jugerait les prix "trop élevés".
Chef de file de l'OPEP et premier producteur du cartel, l'Arabie saoudite joue la carte de la modération : des cours "de 70 à 80 dollars" seraient "le juste niveau", a affirmé samedi M. al-Nouaïmi : soit vingt dollars de moins que le prix jugé "nécessaire" par les "faucons" de l'OPEP.
AFP/VNA/CVN