Le Vietnam s’inspire de la Norvège pour booster le recyclage des emballages plastiques

Le Vietnam a le potentiel de détourner jusqu'à 77.000 tonnes de déchets d'emballages des décharges, de réduire 265.000 tonnes d’émissions de CO₂, et de créer environ 6 400 emplois formels et 9.600 opportunités dans le secteur informel des déchets chaque année, s’il met en œuvre efficacement un système de consigne (SCD).

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Ces chiffres sont issus d’une étude de préfaisabilité sur un SCD adapté aux emballages de boissons à usage unique au Vietnam, menée par Eunomia Research & Consulting.

Des élèves de l’île de Cô Tô participent au ramassage des déchets pour nettoyer la plage. 
Photo : VNA/CVN

L’étude a été commandée par l’ambassade de Norvège à Hanoï et Innovation Norway, en consultation avec le ministère vietnamien des Ressources naturelles et de l’Environnement.

Ses conclusions ont été dévoilées le 16 juin après-midi dans la capitale par l’ambassade de Norvège et le Partenariat national vietnamien pour l’action contre le plastique.

Un système de consigne adapté aux bouteilles en PET et canettes en aluminium

L’étude décrit un système de consigne obligatoire pour les bouteilles en PET et les canettes en aluminium à usage unique, proposant une consigne remboursable de 1.000 à 2.000 dôngs (0,03 à 0,06 dollars) par article.

Selon le rapport, ce système s’inscrit parfaitement dans la politique vietnamienne de responsabilité élargie des producteurs (REP) et soutient les objectifs nationaux de réduction de la pollution plastique marine et d’atteinte de la neutralité carbone d’ici 2050.

L’étude vise à fournir des données probantes pour éclairer les futures recherches et politiques du ministère concernant le mécanisme de consigne.

Avec la REP, la consigne est considérée comme un instrument potentiel pour promouvoir efficacement la vision vietnamienne d’une économie circulaire, telle que définie à l’article 142 de la loi de 2020 sur la protection de l’environnement.

Plus précisément, la consigne peut contribuer à atteindre des taux de recyclage élevés, réduisant ainsi la dépendance aux matières vierges et, par conséquent, les dommages environnementaux.

Dans le cadre d’un système DRS, une petite consigne entièrement remboursable est ajoutée au prix de chaque emballage de boisson concerné.

Cette incitation financière encourage les consommateurs et autres acteurs, tels que les collecteurs informels de déchets, à rapporter les emballages usagés aux points de collecte désignés en échange de la consigne.

Les points de collecte peuvent inclure des commerces de détail, des points de vente du secteur HORECA (hôtels, restaurants et cafés), ou des sites de collecte centralisés.

Des pêcheurs collectent et transportent les déchets plastiques des bateaux de pêche vers la terre ferme. 
Photo : VNA/CVN

Les emballages retournés sont généralement envoyés à des centres de comptage pour vérification et/ou pré-tri avant d’être traités dans des installations de recyclage.

L’amélioration des taux de collecte grâce à un système DRS présente de nombreux avantages, notamment : une réduction des déchets sauvages, une diminution des fuites de matériaux dans les environnements terrestres et marins, une baisse des émissions de gaz à effet de serre, une amélioration de la qualité de l’air, la création d’emplois, et une meilleure circularité des matériaux concernés.

Un modèle mondial éprouvé et efficace

Le système DRS est reconnu mondialement comme une solution éprouvée et très efficace pour accroître les taux de collecte et de recyclage des emballages de boissons à usage unique. Plus de 40 régions du monde utilisent actuellement de tels programmes, en Europe, Amérique, Afrique, Moyen-Orient et Océanie.

Des programmes DRS bien conçus, souvent obligatoires, peuvent atteindre des taux de collecte supérieurs à 90%.

L’étude examine la mise en œuvre d’un DRS national au Vietnam, couvrant initialement les bouteilles en PET à usage unique et les canettes en aluminium.

Ces deux types d’emballages représentent environ 98% du marché des contenants de boissons à usage unique au Vietnam, les bouteilles en PET représentant 33% et les canettes en aluminium 65%.

Si les taux de collecte actuels sont relativement élevés, estimés à 50% pour les bouteilles en PET et 80% pour les canettes en aluminium, une grande partie des matériaux récupérés est recyclée en produits à moindre valeur ajoutée.

Un projet ambitieux et innovant pour le Vietnam

En cas de succès, le Vietnam deviendrait le premier pays d’Asie du Sud-Est à introduire un DRS national pour les contenants de boissons à usage unique, devenant ainsi potentiellement un modèle pour les pays voisins.

En intégrant les meilleures pratiques mondiales et les enseignements tirés de l’expérience, tout en s’adaptant aux conditions locales, le Vietnam pourrait se positionner comme un leader régional du développement durable et de l’économie circulaire.

Nguyên Hung Thinh, directeur adjoint du Département de l'environnement du ministère de l'Agriculture et de l'Environnement, prononce un discours lors de l'événement du 16 juin à Hanoï. 
Photo : ambassade de Norvège à Hanoï/CVN

Nguyên Hung Thinh, directeur adjoint du Département de l’environnement du ministère, a déclaré lors de l’événement qu’avec la croissance économique et démographique rapide, la production de déchets plastiques au Vietnam augmente fortement, ce qui nécessite des solutions globales et innovantes.

Promouvoir une économie du plastique en circuit fermé, notamment pour les résines post-consommation, permet non seulement de réduire la pollution, mais aussi de créer une valeur économique significative.

Dans ce contexte, le DRS présente une approche nouvelle et prometteuse. Ce système a fait ses preuves dans de nombreux pays en stimulant la collecte, le tri et le recyclage des bouteilles et des emballages, notamment en plastique.

Soutien et engagement des autorités vietnamiennes et norvégiennes

Le département soutient et apprécie pleinement cette recherche. "Nous pensons que les résultats fournissent des recommandations pratiques et réalisables, adaptées au contexte vietnamien, et constituent une base importante pour l'élaboration de nouvelles politiques visant à mettre en œuvre le DRS dans un avenir proche", a déclaré Nguyên Hung Thinh.

S’exprimant lors de l’événement, l’ambassadrice de Norvège au Vietnam, Hilde Solbakken, a déclaré qu’en Norvège, le système de consigne avait permis d’atteindre l’un des taux de recyclage les plus élevés au monde pour les bouteilles en plastique, soit plus de 90%.

Partout en Europe, des systèmes similaires ont démontré qu’une conception intelligente, associée à un engagement fort du public et des entreprises, produit des résultats environnementaux positifs et tangibles.

Avec l’engagement croissant du Vietnam en faveur du développement durable, elle est convaincue que le pays a tout à gagner de ces modèles éprouvés.

Ils peuvent augmenter les taux de recyclage et apporter une solution efficace à la pollution plastique.

L’étude montre qu’un système de consigne est tout à fait réalisable pour le Vietnam et offrirait des avantages environnementaux, sociaux et économiques majeurs.

Un tel système a le potentiel de stimuler une nouvelle industrie du recyclage, de créer des emplois verts et de réduire considérablement le nombre de bouteilles en plastique finissant dans la nature ou dans les décharges. "La Norvège est ravie d’aider le Vietnam à concrétiser cette vision", a conclu l’ambassadrice.

VNA/CVN

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