Le pho au musée ?

L’idée de dédier un espace d’exposition au pho, la célèbre soupe de nouilles agrémentée de bœuf ou de poulet, est très intéressante. Ça serait un bel hommage rendu à ce plat emblématique du Vietnam, célèbre dans le monde entier.

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Loin d’être irréalisable, proposer une section dans de grands musées pour célébrer le pho est une idée pertinente. Cette initiative provient du Dr. Vu Thê Long, un spécialiste de la culture culinaire vietnamienne, qui a passé de nombreuses années à étudier ce plat et son histoire.

Le jouet "Anh ban pho" (Vendeur de pho) au Musée de l’Homme à Paris, en France.
Photo : Vu Thê Long/CVN

Il raconte une anecdote fascinante : "En 2001, lors d’une visite en France, je me suis rendu au Musée de l’Homme à Paris, où sont exposés des objets vietnamiens. J’y ai trouvé des jouets en métal venant de la rue Hàng Thiêc à Hanoï, confectionnés à partir de boîtes de conserve de lait condensé, avec des roues mues par des fils métalliques. Ces jouets font partie de la collection de l’archéologue M. Colani, qui a consacré sa vie à l’étude de la culture vietnamienne".

Parmi ces jouets, le "anh ban pho" (le vendeur de pho) est un homme portant une chemise verte et un pantalon blanc, coiffé d’un chapeau typique des vendeurs ambulants de pho au siècle dernier. Debout devant son étal, il tient dans sa main droite un hachoir destiné à la découpe de la viande et à côté de lui, on voit cette grande marmite typique dans laquelle les nouilles sont cuites. Ce jouet est un précieux témoignage de la popularité au pho.

M. Long fait remarquer : "Il semble que créer un musée exclusivement dédié au +pho+ ne serait pas une entreprise viable. Néanmoins, l’aménagement d’un espace dédié à l’exposition d’objets et de documents en la matière est tout à fait faisable. Les histoires et anecdotes entourant ce plat n’ont pas encore été pleinement partagées ni exposées au public. Un tel espace mettrait en lumière l’origine et le développement du plat dans notre patrimoine culturel". 

Un bol de soupe de nouilles à la viande de bœuf du village de Vân Cù, province de Nam Dinh (Nord).
Photo : VNA/CVN

Cet espace pourrait idéalement être situé au Musée d’ethnographie ou au Musée national d’histoire, au sein d’une section spécifiquement dédiée à la gastronomie. Les visiteurs y découvriraient les origines, l’histoire, la préparation et même la dégustation du pho. Au niveau local, les expositions pourraient mettre en parallèle la soupe de nouilles avec d’autres spécialités régionales.

Les récits sur le pho, marqués par différentes époques, tracent son évolution. Ils pourraient être présentés sous forme de courts ou longs métrages, vidéos, rencontres, etc., incarnés par diverses personnalités. M. Long imagine : "Je pourrais raconter une histoire personnelle, celle de ma première dégustation de +pho+ au bœuf avec mon grand-père. Par un matin clair d’un week-end, nous prenions un cyclo-pousse pour aller au restaurant au bout de la rue Huê, à Hanoï. À cette époque-là, savourer un pho était une récompense pour les efforts scolaires. Aujourd’hui, cette tradition a évolué, tout comme les histoires du +pho+, qui se transforment au fil des changements de notre société moderne".

Héritage culinaire mondial

Préparation du "pho".
Photo : VNA/CVN

Dans la province septentrionale de Nam Dinh, la ville éponyme, berceau ancestral de l’art culinaire du pho (qui tire son nom du plat français, le pot-au-feu), a célébré à la mi-mars 2024 le Festival du pho. Cet événement a brillamment mis en lumière ce plat emblématique du Vietnam, véritable signature gastronomique nationale.

Dans une démarche de préservation et de rayonnement culturel, le Service de la culture, des sports et du tourisme de Nam Dinh s’attelle à la constitution d’un dossier ambitieux, soumis à l’UNESCO, pour l’inscription du pho au patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

Il transcende sa simplicité apparente pour revendiquer une place de choix dans le panthéon des symboles nationaux, comme le souligne l’ex-directeur du Musée de Nam Dinh, Nguyên Van Thu : "La vitalité du +pho+ est indéniable. Au fil de son histoire, une myriade de variantes a vu le jour, chacune enrichissant le patrimoine culinaire avec ses nuances, ses techniques raffinées et ses ingrédients choisis, reflétant ainsi l’âme d’une communauté, qui a su offrir au +pho+ une stature méritant la reconnaissance mondiale".

Un pont entre tradition et modernité

Le pho a émergé au début du XXe siècle dans le village de Vân Cù, à Nam Dinh, là où l’industrie textile a pris son essor. S’inspirant des mets locaux, tels que les nouilles sautées et la soupe de vermicelles de riz, les habitants ont commencé à concocter le pho, le commercialisant dans les usines ou sur les quais de la gare.

La flamme de cette tradition ne s’est jamais éteinte dans les foyers, où la recette se transmet de génération en génération.

Après plus d’un siècle, le pho de Vân Cù est devenu un symbole de fierté pour Nam Dinh, un trait d’union entre le passé et le présent, témoignant de la richesse d’un héritage qui continue de se perpétuer.

My Anh/CVN

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