>> Élaboration d’un plan pour préserver le site Gành Da Dia à Phu Yên
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| L’artisan Nguyên Minh Nghiêp présente un lithophone original. |
| Photo : CTV/CVN |
Au début des années 1990, dans la région de Nui Môt, commune d’An Nghiêp, district de Tuy An, province de Phu Yên (aujourd’hui commune de Tuy An Dông, province de Dak Lak, sur les Hauts plateaux du Centre), les paysans firent une trouvaille surprenante leurs champs : un lithophone, appelé “đàn đá Tuy An”.
Les scientifiques estiment que cet ensemble de pierres sonores remonte à environ 2.500 ans.
Il s’agit d’un instrument ancien dont la gamme correspond à celle des instruments modernes. Cette décou-verte a confirmé la longue tradition culturelle et historique de cette région.
Une passion née de la pierre
Inspiré par ce trésor patrimonial, en 2015, Nguyên Minh Nghiêp, artisan et fondateur de la maison Hôn Xua située sur le site national Gành Da Dia, entreprit de recréer des lithophones à partir des pierres locales.
Il chercha à élaborer des ensembles au diapason complet, capables de s’intégrer à la musique contemporaine tout en préservant l’âme culturelle vietnamienne.
Aujourd’hui, après des années de persévérance, il a créé 22 ensembles, dont deux sont restés dans leur état naturel, jamais modifiés par l’homme.
Selon M. Nghiêp, trouver des pierres adaptées, capables de produire un son précis, est une tâche colossale. “Pour constituer un ensemble complet, je dois parcourir toute la province à la recherche de pierres. Toutes ne sont pas musicales ; parfois, il faut en examiner plusieurs milliers pour en sélectionner une seule pouvant compléter l’ensemble”.
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| Nguyên Minh Nghiêp initie deux jeunes visiteuses au lithophone. |
| Photo : CTV/CVN |
Il choisit principalement du basalte, du rhyolite pocia ou des pierres provenant de rivières, qu’il taille et polit avec minutie. Chaque coup de marteau, chaque rainure doit être parfaitement exécuté afin que chaque pierre produise la note exacte selon le système musical international. Le processus de sculpture et d’accordage reste l’étape la plus exigeante.
“Cinq étapes sont nécessaires pour créer un lithophone : identifier la résonance et la tessiture de la pierre, extraire les blocs, procéder à une taille grossière pour vérifier le son et ajuster les notes, utiliser des machines pour ramener la pierre à son état initial, et enfin lisser toutes les traces de travail”.
Ne possédant pas de formation musicale, M. Nghiêp a appris à déchiffrer la langue des pierres en musique grâce à des amis et à Internet. “Je traduis le langage de la pierre en langage musical pour faire vivre ce patrimoine”.
Selon Nguyên Danh Hanh, ancien vice-directeur du Comité de gestion des sites historiques de la province de Phu Yên, M. Nghiêp ne se limite pas à une simple passion pour les instruments en pierre : il fait preuve d’une curiosité et d’une assiduité remarquables. À partir des dalles collectées, il mesure les différentes gammes, les organise en véritables instruments et parvient à interpréter des œuvres musicales complètes, un travail qui mérite une grande considération.
Celui qui fait chanter les pierres
À Hôn Xua, une dizaine de jeunes pratiquent assidûment le lithophone, jouant des mélodies simples ou complexes pour le public. Parmi eux, Pham Thi My Linh raconte : “Le son cristallin des pierres m’a captivée dès mes débuts, il y a plus de quatre ans”.
Elle accompagne des chants traditionnels révolutionnaires comme Cô gai vot chông (La jeune fille qui taille des pieux de bambou) ou Tiêng dàn Ta lu (Le son du luth Ta Lu), ainsi que des morceaux modernes, exécutés avec fluidité.
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| Au site national spécial de Ghênh Da Dia, célèbre formation d’orgues basaltiques, le son limpide et cristallin du lithophone devient un véritable point d’attraction. |
| Photo : CTV/CVN |
Pour soutenir cette activité, M. Nghiêp a diversifié les services touristiques afin de générer des revenus, permettant d’embaucher des professeurs de musique et d’offrir des cours aux jeunes passionnés. Il espère bénéficier d’espaces plus grands fournis par les autorités pour exposer ses instruments et enseigner gratuitement.
Le son particulier des lithophones attire de nombreux spectateurs. La Miss Entrepreneure Univers 2019, Nguyên Thi Diêu Thuy, insiste pour assister à chaque représentation lorsqu’elle visite Tuy Hòa. Elle confie : “La combinaison des sons cristallins avec des mélodies modernes est particulièrement émouvante”.
Mme Thuy Hang, une touriste de Hanoï, s’enthousiasme également : “Je ne m’attendais pas à ce qu’une pierre si dure puisse produire une musique si douce et émouvante”.
Elle se félicite que des passionnés comme M. Nghiêp préservent et fassent revivre un patrimoine inestimable, transmettant leur savoir-faire et leur amour pour cette forme musicale aux générations futures.
Grâce à la patience et à la minutie de cet artisan, les pierres du plateau de Tuy An continuent de “chanter”. Son engagement transforme la matière brute en mélodies vivantes, rappelant que l’histoire culturelle peut vibrer dans le présent, prête à émouvoir quiconque tend l’oreille.
Thao Nguyên/CVN



