L’art du tissage de foulards à carreaux, un héritage national

Le tissage traditionnel de foulards à carreaux de la commune de Long Khanh A, province de Dông Thap (Sud), existe depuis un siècle. Ce métier ancestral vient d’être reconnu patrimoine culturel immatériel national par le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme.

>> Le tissage du lin chez les H’mông de Hà Giang

>> Préserver et développer le tissage des brocatelles Cham

>> La brocatelle des Pà Then, un artisanat et un art

Séchage des fils dans le village de Long Khanh A.
Photo : VNA/CVN

Les touristes visitant le delta du Mékong peuvent facilement reconnaître les foulards à carreaux, portés autour du cou, enroulés autour de la tête ou drapés sur les épaules des habitants locaux, hommes et femmes. Ces foulards sont étroitement liés à leur travail et à leur vie quotidienne des siècles, et ils représentent un important symbole culturel de la région.

La majorité des foulards à carreaux de la région sont tissés par des artisans de la commune de Long Khanh A, située dans le district de Hông Ngu, province de Dông Thap. Ces artisans perpétuent leur métier de génération en génération.

Village de métier centenaire

Lorsque le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme a reconnu cet artisanat traditionnel comme bien culturel immatériel national, les artisans n’auraient pas pu être plus fiers.

Long Khanh A est située sur un îlot au milieu de la rivière Tiên (bras antérieur du Mékong). Selon les seniors de la commune, la sériciculture et le tissage de la soie ont fait leur apparition et se sont développés sur cet îlot au début du XXe siècle. Au fil du temps, l’artisanat traditionnel du tissage de tissus à carreaux pour la confection d’écharpes et de foulards dans la commune a été confontée à une concurrence féroce avec l’importation de tissus industriels offrant l’avantage d’un coût réduit et d’une grande variété de couleurs et de motifs.

Un certain nombre de tisserands de soie ont choisi de se tourner vers d’autres professions, tandis que d'autres sont restés fidèles à l’artisanat traditionnel qui a connu un regain d’intérêt. Malgré de nombreux aléas, les produits traditionnels de cette région ont réussi à se faire connaître à grande échelle, créant une identité culturelle distincte et fournissant une source de revenus stable pour les habitants.

Nguyên Thi Mèn, 63 ans, artisane locale avec plus de 40 ans d’expérience, explique que la fabrication d’un produit complet passe par plusieurs étapes. Les premières étoffes étaient entièrement fabriqués à la main, généralement avec deux couleurs : noir et blanc ou marron et blanc.

Une écharpe à carreaux finie a une forme rectangulaire et mesure environ 120 cm de long sur 40 à 50 cm de large. Elle peut servir de foulard pour se protéger du soleil, d’écharpe pour tenir chaud en hiver, ou même servir à porter un enfant sur le dos. La particularité de ce tissu c’est que plus il est utilisé longtemps, plus il devient doux et plus il est absorbant.

De la main aux machines

Nguyên Thi Mèn, 63 ans, a une quarantaine d’années d’expérience dans le tissage de foulards à carreaux.
Photo : VNA/CVN

Une étape importante pour le village des tisserands s’est déroulée en 1998 lorsque le réseau électrique national a été étendu jusqu’à l’îlot, permettant aux habitants de passer des métiers à tisser manuels aux machines électriques. Actuellement, 80% de la production de tissus à carreaux est réalisée à l’aide de machines, ce qui améliore la productivité, augmente la valeur des produits et renforce la compétitivité.

Cependant, certains métiers à tisser traditionnels sont toujours conservés dans la commune pour des activités touristiques. La commune compte actuellement 60 ménages engagés dans l’artisanat, possédant 142 métiers à tisser, offrant des emplois réguliers à plus de 300 travailleurs locaux. En fonction de la quantité de produits, chaque tisserand peut gagner en moyenne entre 200.000 et 250.000 dôngs par jour.

Chaque année, le village produit plus de cinq millions d’écharpes à carreaux qui sont largement distribuées à Hô Chi Minh-Ville, dans les provinces du delta du Mékong et jusqu’au Cambodge. Le prix de vente varie de 50.000 à 160.000 dôngs, en fonction du type, de la couleur et de la taille.

Élément essentiel de la vie locale et symbole du talent des villageois, le tissu à carreaux a été choisi par le Comité populaire provincial comme un produit artisanal emblématique de la province en 2014. Récemment, l’artisanat du tissage de tissus à carreaux a été reconnu patrimoine culturel immatériel national par le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme.

Filage dans le village de métier de Long Khanh A.
Photo : VNA/CVN

“Le métier du tissage de foulards à carreaux procure à ma famille un revenu stable pour soutenir l'éducation de mes enfants”, partage Duong Van Luc, qui se consacre à ce métier depuis 40 ans. “Quand cet artisanat a été honoré en tant que patrimoine culturel immatériel national, j’étais très excité et fier. J’espère que le village de tissage continuera à se développer. Je vais donc transmettre ce métier ancestral à mes enfants”.

Confrontés aux défis de la survie d’un village artisanal centenaire, de nombreux artisans ici ont amélioré et innové dans leurs produits en combinant des éléments traditionnels et modernes pour créer des produits distinctifs. Les écharpes à carreaux rustiques, autrefois limitées au noir, marron et blanc, sont désormais diversifiées en termes de couleurs et de motifs. Elles sont même brodées avec des images symboliques de la province de Dông Thap, telles que des fleurs de lotus ou des grues à tête rouge.

Innovation et développement

En plus des foulards traditionnels, les artisans ont également diversifié l'utilisation du tissu à carreaux pour fabriquer des chemises, des robes, des sacs à main, des chapeaux ou des cravates. Les produits fabriqués à partir de tissu à carreaux sont devenus des cadeaux typiques de la région.

Touristes étrangers visitant et achetant des produits du village de Long Khanh A. 
Photo : CTV/CVN

Truong Thi Thu Thanh, présidente du Comité populaire de Long Khanh A, informe que grâce au soutien des autorités locales pour accéder à des sources de crédit favorables, de nombreux ménages ont investi dans des machines à tisser pour augmenter leur productivité et diversifier leurs produits, améliorant ainsi leurs revenus ces dernières années.

“Pour préserver et développer l’artisanat du tissage, les autorités communales encouragent les foyers producteurs à participer à des foires et expositions pour promouvoir leurs produits et le patrimoine du village. Ils bénéficieront de meilleures conditions pour investir dans des équipements et des technologies modernes afin de fabriquer de nouveaux produits”, déclare-t-elle. Selon elle, les autorités locales veilleront également à promouvoir le commerce, à élargir les marchés et à trouver des débouchés pour le tissu, à créer des marques locales, en organisant des conférences avec les entreprises pour signer de nouveaux contrats et en aidant les ménages à accéder à des prêts avantageux. Le développement du village artisanal sera associé à des activités touristiques telles que la visite des ateliers, des vieilles maisons et des vergers.

Huong Linh/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam.

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top