Le tissage du lin chez les H’mông de Hà Giang

Dotée d’une culture riche et originale, la communauté H’mông vivant dans les montagnes du Nord a conservé jusqu'à nos jours un trésor d'arts populaires, notamment des métiers artisanaux de haute qualité, dont le tissage du lin. Au fil du temps, ce métier est devenu non seulement un artisanat ancestral rentable, mais aussi un élément culturel distinctif de cette ethnie minoritaire.

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Les costumes de couleurs éclatantes des H’mông embellissent le paysage montagneux pittoresque de Hà Giang. 
Photo : CTV/CVN

Située à l'extrémité nord du pays, la province de Hà Giang recèle des paysages grandioses où les cols acérés des montagnes serpentent entre les chatoyantes rizières. Parmi les nombreux attraits de la province, nous pouvons également mentionner la mystérieuse vie culturelle des H’mông - une ethnie minoritaire doté d’une identité unique. Il s'agit également de l'ethnie la plus peuplée, représentant 31% de la population de cette région.

Nichée au cœur de la région montagneuse la plus rigoureuse du pays, la communauté H’mông a su créer un mode de vie économique et culturel authentique en s'adaptant aux conditions naturelles défavorables des hauts plateaux. C’est dans ce contexte que s'épanouissent des métiers artisanaux traditionnels de grande renommée, tels que la menuiserie, la vannerie, la forge et notamment le tissage du lin.

Un métier ancestral

Des femmes H’mông s’acharnent à tisser du lin, leur métier traditionnel qui se perpétue de génération en génération.
Photo : Anh Tuân/VNA/CVN

Depuis plusieurs siècles, le tissage du lin symbolise l’assiduité, l’endurance et l’habileté des femmes H’mông qui vivent sur le plateau calcaire de Dông Van, à Hà Giang. Leurs costumes de couleurs éclatantes embellissent la vie quotidienne des montagnards locaux. Les H’mông confectionnent leurs vêtements traditionnels à partir de fibres de lin, un travail méticuleux qui fait leur fierté vestimentaire et qui les distingue des autres ethnies minoritaires.

À Dông Van, la plupart des femmes savent filer, tisser le lin et confectionner elles-mêmes des vêtements pour toute leur famille. Les petites filles H’mông apprennent d’ailleurs à tisser dès leur plus jeune âge. Un dicton populaire H’mông exprime ainsi les qualités d'une jeune fille : "Belle fille qui ne sait pas filer n'est point belle."

Le tissage du lin est encore très présent dans de nombreux villages à Dông Van, y compris celui de Lùng Tam, dans le district de Quan Ba, province de Hà Giang. Ici, les femmes H’mông continuent avec fierté cette tradition ancestrale qui a connu un développement rapide ces dernières années.

Un savoir-faire unique

La teinture à l’indigo chez les H’mông sert à créer des ornements et motifs originaux. 
Photo : Thu Hiên/VNA/CVN

La fabrication d'un brocart en lin nécessite 21 étapes de fabrication manuelle, nécessitant ainsi de la patience et une extrême minutie de la part de l'artisane. Grâce aux mains expertes des tisserandes du plateau calcaire de Dông Van, de magnifiques brocarts aux couleurs riches et éclatantes sont créés. La confection de brocarts sophistiqués en lin est un travail ingénieux propre aux femmes H’mông, ce métier a été préservé par les tisserandes de Dông Van jusqu'à nos jours. Le tissage du lin revêt désormais une valeur esthétique et culturelle importante pour cette ethnie minoritaire montagnarde.

Jadis, la culture et le tissage du lin chez les H’mông servaient à la vie quotidienne, et était étroitement liée à leurs us et coutumes. Au fil du temps, ce métier traditionnel a traversé moult perturbations et a même été menacé de disparition avec l’arrivée à grande vitesse de la vie moderne. Face à ces risques, l’artisane Vàng Thi Mai, pionnière dans la conservation de cet héritage ancestral, a décidé de fonder la coopérative de tissage de lin Lùng Tam. Cette initiative a permis de faire revivre le métier artisanal tout en apportant des revenus stables aux femmes locales. "Nous sommes fières de notre métier ancestral. Cela suscite en nous une forte motivation de commercialiser davantage de produits fabriqués à base de lin sur le marché, mais surtout de sauvegarder un héritage culturel de l’ethnie H’mông", confie l’artisane Vàng Thi Mai, responsable de la coopérative de tissage de lin de Lùng Tam.

Perspectives prometteuses des produits à base de lin

Les produits à base de lin attirent de nombreux touristes désireux de découvrir la particularité culturelle des H’mông. 
Photo : CTV/CVN

En plus de confectionner des vêtements pour les occasions festives, le tissu de lin est utilisé dans la confection de divers produits tels que des sacs, des étuis, des foulards et même des taies d’oreillers. Ces produits ont attiré la curiosité et l’admiration des touristes étrangers désireux de découvrir l’originalité de la culture des H’mông. "Ces tenues traditionnelles sont très colorées et confortables. Je n’aurais pas pensé que c’était si confortable", partage Catherine Liéger, venue de France. Quant à Sandrine, elle s’émerveille "des couleurs et des motifs traditionnels" des costumes et se promet "d’en ramener quelques-uns en France".

Ces dernières années, les brocarts de la coopérative de Lùng Tam ont été largement dévoilés au grand public, attirant un grand nombre de touristes, notamment étrangers. L’afflux de visiteurs offre aux artisans une motivation supplémentaire pour développer leur métier ancestral.

Une femme H'mông, membre de la coopérative de tissage du lin de Lùng Tam présente des produits aux touristes. 
Photo : CTV/CVN

"Depuis la création de cette coopérative, nous avons une meilleure compréhension de notre métier traditionnel, et cela nous encourage à prendre davantage conscience de l'importance de la préservation de l'identité culturelle des Mông. Actuellement, nous avons toutes du travail et les habitantes de tout âge peuvent participer au tissage ici", partage Ly Thi Vu, une artisane de la commune de Can Ty, dans le district de Quan Ba.

En tirant parti des avantages procurés par le tissage du lin, les autorités locales ont mis en place des politiques visant à encourager des modèles de coopératives de métiers traditionnels similaires à celui de Lùng Tam dans d'autres localités de cette région montagneuse. "Nous disposons de conditions favorables pour la préservation et le développement du tissage du lin chez les H’mông. Depuis Lùng Tam, ce modèle de coopérative de tissage du lin s'est développé dans d'autres communes de la province", explique Nguyên Tiên Hông, chef du Bureau de la culture du district de Quan Ba.

Actuellement, les produits de brocarts traditionnels de Hà Giang sont présents sur une vingtaine de marchés étrangers. Ces premiers pas très prometteurs ouvrent certainement de belles perspectives pour ce métier traditionnel des H’mông de Hà Giang.

Hông Anh/CVN

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