La vague verte : le défi de l’emploi durable

Les experts s’accordent à dire que le Vietnam verra une augmentation significative de la demande et du nombre d’emplois verts dans un avenir proche. Toutefois, cette transition ne nécessite pas seulement une harmonisation des mécanismes, des institutions et des politiques stratégiques du marché du travail, mais aussi une initiative proactive de la part des entreprises elles-mêmes.

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Lancée par Pananasonic , la campagne "Vivons vert avec la génération G" a suscité une réponse positive chez les jeunes Vietnamiens.
Photo : TTTD/CVN

Selon les statistiques de la Banque mondiale, le marché vietnamien ne recense actuellement que 39 secteurs d’activités "verts", principalement concentrés dans l’électricité, le gaz, l’approvisionnement en eau et les services aux entreprises. Des notions telles que "emploi vert" ou "ressources humaines vertes" restent largement méconnues de la majorité des travailleurs.

Pionnier de l’emploi vert, Nguyên Duy Thinh a débuté comme ingénieur commercial chez Bach Khoa Solar Energy, un fabricant de panneaux solaires. Deux ans plus tard, il a été promu manager et dirige actuellement le développement des projets d’investissement de l’entreprise.

Ses principales responsabilités incluent le développement de partenariats, la recherche de clients potentiels et le conseil en solutions d’économie d’énergie. Selon lui, ce rôle exige non seulement une solide base technique, mais aussi une compréhension approfondie des processus de développement de projets et du cadre juridique, afin de proposer des modèles d’investissement adaptés aux besoins spécifiques de chaque entreprise ou ménage.

Peu de gens savent que pour acquérir ces connaissances et compétences, Nguyên Duy Thinh a d’abord travaillé sur le terrain, montant sur les toits pour installer des systèmes solaires photovoltaïques résidentiels. Il a également suivi des formations spécialisées en développement durable et en assistance technique auprès d’organisations telles que la GIZ (Allemagne) et l’USAID (États-Unis).

Un marché encore restreint, des entreprises hésitantes

Abordant la réalité du marché du travail vert, Cao Lê Thanh Loan, directrice principale des services d’externalisation et de location de personnel chez ManpowerGroup Vietnam, souligne la rareté des travailleurs possédant des compétences "vertes". Elle note que la plupart des entreprises restent confuses quant à la signification de l’emploi vert et à son impact sur l’entreprise, la société et l’environnement. Beaucoup peinent à définir les postes et les qualifications nécessaires à leur transition verte. Par conséquent, cette tendance à recruter et développer des emplois verts reste, pour l’instant, l’apanage des multinationales et des grands groupes.

Les entreprises nationales, quant à elles, rencontrent de nombreux obstacles. L’exemple de Trung Quy Textile and Garment Company est parlant : cette entreprise, l’une des rares à utiliser des tissus biologiques et des matériaux recyclés pour l’exportation, doit former sa main-d’œuvre pendant au moins trois mois avant toute production. Pour les postes de conception, les défis sont encore plus complexes, exigeant une maîtrise des matériaux durables, des normes clients et des technologies adaptées.

Même des groupes de premier plan comme Trung Nam Group ou BCG Energy, malgré leur contribution à hauteur de 25% de la capacité électrique nationale en 2023 via les énergies renouvelables, rencontrent de sérieuses difficultés à recruter de la main-d’œuvre possédant des compétences pour les emplois verts.

La formation, levier indispensable

La Banque mondiale estime que d’ici peu, 88 secteurs auront un fort potentiel pour les emplois verts, représentant jusqu’à 41% du marché de l’emploi national. Les postes liés au développement durable - sécurité au travail, contrôle qualité, R&D -pourraient offrir des rémunérations allant jusqu’à plusieurs milliers de dollars mensuels.

L’emploi vert joue ainsi un rôle clé non seulement dans la croissance durable, mais aussi dans la diversification des opportunités professionnelles. Toutefois, plusieurs défis subsistent en matière de politiques, de financement et de coordination intersectorielle.

Pour pallier la pénurie de personnel à court terme, certaines entreprises prennent l’initiative de former elles-mêmes leurs ressources humaines. VinFast, filiale du groupe Vingroup, est un exemple notable. En partant d’un programme pilote avec 25 stagiaires en 2022, l’entreprise a accueilli plusieurs centaines d’étudiants en technologie automobile du Collège technique industriel de Hanoi. Durant six mois, en plus du temps passé sur la chaîne de production, ces stagiaires ont bénéficié d’une immersion dans les ateliers de service après-vente, développant ainsi des compétences techniques et une expertise sur les procédés verts dans un environnement professionnel.

En 2022, la compagnie d’électricité EAB, le Collège technique de Binh Thuân et le gouvernement allemand ont lancé le projet "Formation de techniciens en énergie éolienne". Résultat : 500 travailleurs locaux formés, 80% embauchés immédiatement après leur formation.

Éveiller l’ambition verte dès l’école

À long terme, pour bâtir une main-d’œuvre verte durable, Vu Tuân Anh, consultant ESG et directeur général adjoint de Dr. SME Restructuring-Digital Transformation Company Limited (DR. SME), insiste sur l’importance de l’éducation précoce. Il propose d’introduire dans les programmes scolaires des modules sur les compétences de vie durable : consommation responsable, tri des déchets, conscience environnementale, écogestes. En comprenant dès le plus jeune âge les enjeux du "vert", la jeunesse pourra devenir à la fois des "consommateurs verts" et constituera une main-d’œuvre verte au sein de la société.

Cao Lê Thanh Loan suggère que l’État investisse davantage dans la formation spécialisée aux métiers de l’économie verte. Elle appelle à finaliser rapidement les mécanismes de soutien, les politiques d’incitation et les cadres de gouvernance pour accompagner les entreprises dans leur transition. Une coopération étroite entre les trois piliers - pouvoirs publics, entreprises et établissements de formation - est indispensable pour répondre aux besoins réels du marché.

Enfin, selon elle, les entreprises doivent se doter d’équipes de formation internes ou faire appel à des cabinets spécialisés pour identifier les compétences clés, structurer leur stratégie verte et initier un changement proactif. Cette démarche leur permettra non seulement d’optimiser leurs coûts, mais aussi d’augmenter leur compétitivité tout en inscrivant leur croissance dans une dynamique durable.

NDEL/VNA/CVN

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