>> Assurer l’égalité des sexes et encourager la participation politique des femmes
>> Parité en politique : nouvelles approches
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Tôn Nu Thi Ninh, ancienne vice-présidente de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale. |
Photo : Institut Goethe/CVN |
Dans un pays en pleine mutation, où les réformes économiques ont offert aux femmes de nouvelles opportunités, la question de leur place en politique demeure un enjeu complexe. Malgré une implication croissante dans les secteurs économiques et sociaux, la représentation féminine dans les sphères de décision politique reste encore bien inférieure aux attentes. Tôn Nu Thi Ninh, ancienne vice-présidente de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale (AN), met en lumière les difficultés persistantes auxquelles les femmes font face lorsqu’elles aspirent à des rôles de leadership politique.
Depuis le Renouveau (Dôi moi) en 1986, “ouvrant l’espace de l’économie privée et aussi celui de l’autonomisation des femmes”, ces dernières “sont devenues PDG, présidentes de conseils d’administration, menant leurs entreprises loin et atteignant des succès remarquables”. Pourtant, cette dynamique ne s’est pas reflétée avec la même intensité dans la sphère politique. Comme le souligne Tôn Nu Thi Ninh, “le taux de participation des femmes dans la politique n’est pas encore à la hauteur de leurs compétences et du développement de la main-d’œuvre féminine”.
Des préjugés tenaces
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Échange de déléguées féminines en marge du XIIIe Congrès national du Parti. |
Photo : SKDS/CVN |
L’Assemblée nationale de la XVe législature (2021-2026) compte aujourd’hui 30,26% de femmes parmi ses députés, un chiffre en légère augmentation par rapport aux années précédentes, mais encore loin de l’objectif de 35% à 40% fixé par la Résolution N°11 du Politburo. De plus, au sein du gouvernement, on compte seulement trois femmes : Pham Thi Thanh Trà, ministre de l’Intérieur ; Dào Hông Lan, ministre de la Santé ; et Nguyên Thi Hông, gouverneure de la Banque d’État du Vietnam. Il s’agit d’une progression timide qui témoigne de la difficulté d’accéder aux plus hautes sphères du pouvoir.
L’un des principaux obstacles mentionnés par Tôn Nu Thi Ninh est la persistance des préjugés de genre. “Les femmes sont souvent louées pour leur minutie et leur capacité à bien gérer des tâches concrètes, mais en réalité, ces compliments cachent un stéréotype sous-jacent qui les cantonne à des rôles subalternes”.
L’ancienne vice-présidente de la Commission des affaires étrangères de l’AN souligne l’importance pour les femmes de saisir activement les opportunités qui s’offrent à elles. Toutefois, elle insiste sur le rôle des hommes occupant des postes clés, qui doivent adopter une approche équitable en matière de promotion des femmes en politique. Cette ouverture, selon elle, ne doit cependant pas passer par un abaissement des critères sous prétexte de favoriser la représentation féminine.
Elle plaide ainsi pour la mise en place de mesures adaptées afin de garantir “des conditions favorables” aux candidatures féminines. Concernant le développement des compétences, elle reste convaincue que les femmes sauront elles-mêmes “répondre aux exigences objectives” du milieu politique.
Un impact au-delà des chiffres
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Les femmes députées participent activement aux discussions, apportant de nombreuses contributions à chaque session de l’Assemblée nationale. |
Photos : QH/CVN |
Le gouvernement vietnamien a déjà fixé des objectifs ambitieux pour 2025, notamment celui de garantir que 60% des ministères et agences gouvernementales comptent au moins 50% de femmes à des postes de direction. Dans le classement mondial sur l’égalité des sexes en politique, le Vietnam occupe actuellement la 47e place sur 187 pays.
Pour Tôn Nu Thi Ninh, l’enjeu ne se limite pas à atteindre un certain pourcentage de représentation féminine. Il s’agit surtout de garantir que les femmes, une fois en place, puissent exercer une influence réelle et durable. “La participation des femmes à la politique n’est pas une question de prestige, mais un moyen d’ouvrir la voie à d’autres”.
Elle insiste également sur l’effet d’entraînement : “Il s’agit de réfléchir à la manière de résoudre les problèmes des femmes, comme les violences domestiques, et de contribuer à la société”.
Près de quatre décennies depuis le lancement de sa politique de Dôi moi, le Vietnam entre dans une nouvelle ère, une ère d’essor national. Pour atteindre son objectif de devenir un pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure d’ici 2030 et à revenu élevé en 2045, le Vietnam doit mobiliser pleinement toutes ses ressources, y compris du côté des femmes, afin de s’engager dans une trajectoire de développement plus fort et plus durable.
Les propos de Tôn Nu Thi Ninh rappellent que les mentalités doivent continuer d’évoluer afin que les femmes vietnamiennes puissent prendre toute leur place dans les décisions qui façonnent l’avenir du pays. C’est un combat de longue haleine, mais indispensable pour parvenir à une véritable égalité des chances en politique.
VOV - Dan Thanh /CVN