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Un hippopotame se tient à côté d'un congénère mort dans l'un des canaux asséchés du delta de l'Okavango, près du village de Nxaraga, le 28 septembre 2019 au Botswana. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
En 2018 au Botswana, une femelle hippopotame a tenté de maintenir son petit mort à la surface d’une mare pendant onze heures, repoussant les crocodiles et faisant des bulles pour communiquer. Dans le même temps, d’autres membres du groupe sont venus l’aider. La même année, au large de la Colombie-Britannique, une orque nommée Tahlequah a gardé son petit mort à la surface pendant 17 jours sur près de 1.600 km, sans manger ni interagir avec le groupe, s’exposant aux prédateurs.
"La douleur de perdre un proche est universelle, pas seulement propre à notre espèce", souligne Pouydebat, spécialiste de l’évolution des comportements au CNRS et au Muséum national d’histoire naturelle. Dans son livre Les oiseaux se cachent-ils pour mourir ?, elle décrit de nombreuses observations sur la perception de la mort chez les animaux, au-delà des mammifères les plus connus.
Certains hippocampes simulent leur propre mort pour échapper à un prédateur, un mécanisme appelé "thanatose". Des abeilles malades quittent leur colonie pour éviter de contaminer les autres. Certains corvidés, comme corbeaux ou geais, se rassemblent autour d’un congénère mort et déposent des plumes, bâtons ou herbes, peut-être pour signaler un danger ou établir des rapports sociaux.
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Image fournie par le Service des pêches de la NOAA, montrant l'orque Tahlequah portant un baleineau nouveau-né récemment décédé dans le Puget Sound, au large de West Seattle, dans l'État de Washington, le 1er janvier 2025. Cette orque, qui avait porté son baleineau mort pendant plus de deux semaines en 2018, a de nouveau perdu un nouveau-né. |
"Détecter la mort peut être un atout considérable pour survivre", explique la chercheuse. Comprendre qu’un autre est mort permet de se protéger des pathogènes et de gérer la séparation d’individus proches, renforçant le lien social nécessaire à la survie.
Peu d’études existent sur le rapport à la mort des animaux, en partie pour des raisons éthiques et par crainte d’anthropomorphisme. "À trop éviter cela, on est passé à côté de capacités animales comme l’altruisme, l’empathie, la coopération", regrette Pouydebat.
Les questions restent nombreuses : un animal sait-il qu’il tue ? A-t-il conscience de sa propre mort ? "Toute hypothèse doit être bonne à poser", plaide la biologiste. En multipliant les exemples et les contextes, il est possible d’en apprendre davantage. "La démarche scientifique consiste à observer, poser des questions et mettre en place des protocoles, tout en acceptant que certaines réponses resteront inconnues".
AFP/VNA/CVN