Expertise de l’industrie automobile au Vietnam

L'industrie automobile vietnamienne est loin d’être capable de répondre à la demande domestique. Pour changer la donne, les experts sont unanimes : il est impératif d’élaborer et d’appliquer une stratégie à et sur le long terme.

Tomohiro Maruno, directeur exécutif des concessionnaires Honda Vietnam :

Le Vietnam a un grand besoin en automobile. Mais le développement de ce secteur a été freiné par les politiques fiscales mises en place. Sur le long terme, nous sommes confiants quant aux perspectives de développement du marché de l’automobile du Vietnam, augmentation du pouvoir d’achat des ménages oblige. Le développement de ce secteur passe, à mon avis, par des politiques stables et à visée sur le long terme pour que les producteurs puissent se focaliser sur la production et le commerce. L’essor de l’industrie automobile servira à d’autres secteurs économiques, qui bénéficieront directement de ses retombées. Autre enjeu déterminant au Vietnam : le développement de l’industrie auxiliaire et des infrastructures routières.

Le Vietnam ambitionne de faire de l'industrie automobile une industrie clé, capable de répondre à la consommation intérieure en 2020.

Micheal Behrens, directeur général de Mercedes-Benz Vietnam :

Le potentiel de développement de l’industrie automobile du Vietnam est important si l’on compare le nombre de propriétaires automobiles du Vietnam avec celui de plusieurs autres pays de la région. En Indonésie, en Malaisie et en Thaïlande, entre 8% et 40% des habitants possèdent au moins une voiture. Au Vietnam, ce taux tombe à 1,8%. En 2011, le Vietnam comptait 140.000 véhicules en circulation, contre environ un million en Thaïlande et 800.000 en Indonésie et en Malaisie.

Ces prochaines années, le marché vietnamien aura besoin d’environ 200.000-300.000 véhicules par an, avec en premier lieu des catégories de véhicules économes en carburant. Cependant, contrairement à d’autres pays dans la région, le Vietnam manque d’une industrie auxiliaire digne de ce nom, avec pour effet de très fortement restreindre les possibilités de fabrication locale. Une lacune qui s’explique dans les changements réguliers opérés dans les politiques de direction liées à cette industrie, changements qui nuisent fortement aux activités de production et de commerce du secteur.

Les entreprises à participation étrangère spécialisées veulent que le pays applique des politiques stables et une stratégie portant sur le long terme pour pouvoir investir et se développer durablement au Vietnam. Faute de quoi… Cela étant dit, Mercedes-Benz est l’un des rares constructeurs automobiles à toujours garder confiance en ce marché. Et nous espérons que le gouvernement vietnamien fera en sorte d’épauler ce secteur, et non de lui poser problème.

Yoshihisa Maruta, directeur général de Toyota Vietnam :

L’année 2018 approche. Il s’agit d’un jalon important pour le Vietnam car cette date marque l’entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange de l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) dont le Vietnam est signataire. En effet, la taxe d’importation automobile des pays de l’ASEAN sera ramenée à 0%, ce qui entraînera automatiquement une hausse des importations de véhicules.

Au Vietnam, seuls les grands producteurs automobiles domes-tiques, solides financièrement, seront en mesure de tenir bon. Les autres chercheront à devenir des distributeurs de véhicules d’importation. De plus, avec les actuelles politiques visant à limiter le nombre d’immatriculations, le Vietnam peine à développer cette industrie. Pour inverser la tendance, le gouvernement devra définir et appliquer des mesures fortes et plus concrètes. Et ce n’est qu’une question de temps avant qu’il prenne réellement conscience du rôle de l’industrie automobile, synonyme de gros investissements et d’apport de technologies modernes. Ceci fait, il adoptera des politiques de direction stables et efficaces pour le développement de ce secteur.

Au Vietnam, les voitures sont importées pour l’essentiel de Corée du Sud, du Japon, de Thaïlande et de Chine.

Laurent Charpentier, directeur général de Ford Vietnam :

L’industrie automobile est l’un des secteurs de pointe pour le développement de la plupart des économies dans le monde. Le Vietnam ne fait pas figure d’exception. Le plus grand défi pour les producteurs automobiles nationaux réside dans leurs facultés à anticiper les fluctuations du marché. De ce que j’ai vu, votre pays manque encore d’une stratégie de développement à et sur le long terme pour cette industrie. Je veux parler des politiques fiscales dans ce domaine qui sont très régulièrement sujettes à des changements, des infrastructures de communication et du trafic dans les grandes villes du Vietnam qui empêchent l’essor de ce secteur.

Pour attirer les investisseurs étrangers, le Vietnam devra définir une stratégie dans laquelle sont clairement fixés les objectifs de développement et les orientations pour l’industrie automobile. Ford Vietnam tiendra ses engagements pris avec le Vietnam, en apportant notamment ses technologies dernier cri au service du confort et de la sécurité des consommateurs domestiques.

Linh Thao/CVN

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