Le jour où le Vietnam a retrouvé la paix

En 1973, l’ancienne vice-présidente vietnamienne Nguyên Thi Binh était l’une des représentants de son pays pour la signature des Accords de paix de Paris. À l’occasion du 40e anniversaire de cet évènement qui a marqué la fin de la guerre, elle revient pour nous sur ce moment historique.

Nguyên Thi Binh lors de la signature des Accords de Paris en 1973.

Vous étiez l’unique femme ministre des Affaires étrangères à la table des négociations de Paris le 27 janvier 1973. Qu’avez-vous ressenti en ayant une responsabilité aussi importante pour l’avenir de votre pays ?

Quand on m’a délégué cette tâche difficile, j’étais vraiment soucieuse. D’autant que je n’étais pas formée en diplomatie. Mais si le Parti m’avait donné sa confiance, c’est que j’en étais capable et que je devais l’assumer au mieux. J’ai donc donné tout ce que j’avais.

Quels ont été les moments les plus difficiles des négociations ?

Elles ont en fait duré plus de quatre ans, avec des périodes extrêmement tendues. Mais les derniers mois de l’année 1972 l’ont été particulièrement. Nous avions atteint un consensus oral avec les États-Unis.

Mais au moment de signer, ils ont retardé la signature, jugeant ce projet écrit défavorable pour eux. Les États-Unis ont ensuite mené des bombardements sur les villes de Hanoi et Hai Phong, durant 12 jours et nuits (du 18 au 30 décembre 1972, ndlr). C’était vraiment le moment le plus difficile pour nous. Mais les États-Unis ont finalement été obligés de négocier. Notamment car cette attaque aérienne a été contrée par les Vietnamiens.

La cérémonie de signature des Accords de paix de Paris a eu lieu le 27 janvier 1973.
Photo : Van Luong/VNA/CVN

Quels sont d’après vous les facteurs décisifs de notre réussite à la table de négociations ?

La signature des Accords de paix de Paris est le résultat d’une lutte de plus de dix ans. Un combat sur tous les fronts, populaire et armé, qui nous a donné plus de force. Je peux dire que cette victoire est à la fois une victoire militaire, politique et diplomatique.

Quelles sont les leçons et les expériences que nous pouvons tirer du processus de négociations et de signature de ces Accords de paix, notamment sur nos actuelles actions diplomatiques ?

Pour notre peuple en général et pour les diplomates vietnamiens en particulier, la lutte du Vietnam lors des négociations à Paris nous a donné des leçons précieuses. Elles sont toujours valables aujourd’hui, et le resteront dans l’avenir.

Premièrement, je pense que nous avons alors bien respecté nos principes d’indépendance et d’autonomie, dans l’intérêt national du pays.

Deuxièmement, nous étions très déterminés dans nos principes et nos objectifs stratégiques, tout en appliquant une politique diplomatique souple.

Troisièmement, nous avons su combiner la force de la nation et la force de la communauté internationale. Et nous avons été soutenus par la solidarité internationale.


Accords de paix de Paris en 1973

Il y a 40 ans, les Accords pour l’armistice et le rétablissement de la paix au Vietnam ont été signés le 27 janvier 1973 à Paris. Ils ont obligé les États-Unis à reconnaître l’indépendance, la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale du Vietnam, et à retirer ses troupes et celles des alliés du Sud-Vietnam.
Les négociations de Paris ont duré du 15 mars 1968 au 27 janvier 1973. Le 8 octobre 1972, la délégation vietnamienne a remis aux Américains un projet d’accord dont les clauses exigeaient des États- Unis le retrait de toutes leurs troupes du Sud-Vietnam. Le projet qui avait au début été approuvé par les deux parties, a ensuite été rejeté par les Américains. Le 12 décembre 1972, les négociations sont provisoirement interrompues. Dans la nuit du 18 décembre, le président Nixon ordonne de bombarder Hanoi et la ville portuaire de Hai Phong. L’affrontement historique pendant 12 jours et nuits à Hanoi, considéré comme la bataille de Diên Biên Phu aérien, a pris fin avec 38 bombardiers B52, surnommés «forteresses volantes», et 43 autres avions américains abattus dans le ciel de la capitale du Vietnam. Cela constitue un coup décisif obligeant Nixon à ordonner d’arrêter les bombardements depuis le 20e parallèle vers le Nord et à se mettre à la table avec la délégation vietnamienne pour signer l’Accord sur la cessation de la guerre.

Lê Hang-Linh Thao/CVN

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