Vers des coopératives de l’envergure d’une compagnie générale

Malgré leur incontestable rôle dans le développement national, les coopératives du Vietnam sont peu rentables au point de nécessiter une réorganisation. Entretien avec Nguyên Minh Tu , chef du Département des coopératives du ministère du Plan et de l’Investissement.


Lorsque l’on évoque les coopératives vietnamiennes, la majorité des gens pensent automatiquement à une petite structure de faible rentabilité. Quand aurons-nous des coopératives de la taille d’une compagnie générale ?

Nguyên Minh Tu. 

Dans beaucoup de pays du monde comme l’Allemagne, la Suède, la France ou le Japon, il existe de nombreuses coopératives qui n’ont rien à envier à un groupe industriel. On peut citer parmi celles-ci la Banque des coopératives Raiffeisen ZentralBank en Allemagne. Forte de 18.000 succursales, c’est l’une des plus grandes banques d’Europe qui en outre est considérée comme un exemple de coopérative. C’est là tout le contraire d’une petite entreprise comme on le pense trop souvent chez nous.
Au Vietnam, il est vrai que la majorité des coopératives sont de petites structure, dont la rentabilité est faible. La raison principale, selon moi, tient à la Loi sur les coopératives de 2003. Ses dispositions ont daté. Les amendements de cette loi ont été examinés pour adoption lors de la présente 4e session de l’Assemblée nationale (XIIIe législature). La loi amendée précise clairement la finalité des activités d’une coopérative qui est de servir les intérêts des coopérateurs.
Avec les amendements de cette loi, je souhaite que de nombreuses grandes coopératives apparais-sent dans le pays telle l’Union des coopératives commerciales de Hô Chi Minh-Ville (Saigon Coopmart).

Et dans le futur, y aura-t-il beaucoup de grandes coopératives, selon vous ?

Actuellement, les grandes villes possèdent beaucoup de groupes de coopératives en activité dans divers secteurs comme le transport ou le commerce. L’entrée en vigueur de la Loi sur les coopératives (amendée) favorisera la création de nouveaux groupes et alliances de coopératives. Ce sera l’une des prémisses de l’apparition de structures réellement rentables, dont la taille peut atteindre celle d’une compagnie générale.
Le vote de cette loi donnera de meilleures conditions pour la création d’une banque des coopératives sur la base de la réorganisation du Fonds central de crédit populaire et des Fonds de crédit populaire des localités. Et de fait, cette banque sera bien plus grande qu’une compagnie générale.
Actuellement, le nombre de coopératives faiblement rentables est élevé. Comment cette loi va-t-elle permettre de remédier à cette situation ?
D’après les statistiques du ministère du Plan et de l’Investissement, plus de 20% des coopératives ont actuellement cessé toute activité et n’ont plus de locaux ni d’actif, donc n’existent plus que «sur le papier». La meilleure solution en ce cas est d’en prendre acte, c’est-à-dire procéder à leur dissolution et leur liquidation, ou en cas de passif demeurant, d’ouvrir une liquidation judiciaire, ce afin que les autorités locales puissent reprendre possession du foncier qui leur a été affecté.

La coopérative de production des légumes bio Nga Ba Giong, à Hô Chi Minh-Ville, réunit des centaines de foyers agriculteurs et fournit chaque jour plus de 4 tonnes de légumes bio au marché.


Quant à celles dont l’activité est déficitaire ou ne répondent pas aux intérêts de leurs coopérateurs, soit elles suivront le même sort que les précédentes, soit elles seront réorganisées conformément aux nouvelles dispositions légales à venir.
Enfin, point particulier, les sociétés à réponsabilité limitée ayant une dénomination sociale de coopérative et un mode de fonctionnement coopératif ne relèveront plus de cette loi et devront donc réorganiser leurs modalités d’activité dans le sens d’une véritable entreprise commerciale. En effet, leur transformation en coopérative au sens juridique du terme n’est pas à l’ordre du jour...

Toutes ces mesures auront-elles des conséquences sur l’activité de bon nombre d’organisations économiques de ce genre ?

Bien sûr, d’abord en instituant un meilleur environnement économique pour le secteur coopératif, mais aussi un statut juridique complet qui permettra aux coopératives de fonctionner correctement. Cette loi et toutes les mesures qui seront prises en application entraîneront également une amélioration de leur image de marque comme du prestige de l’économie collective au sein de notre société. Je tiens à préciser, au passage, que ces mesures à intervenir n’engendreront pas de dépenses de reconversion pour les coopératives ni de perte de leurs actifs. Au contraire, ceux-ci s’en trouveront finalement valorisés.

Linh Thao/CVN


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