Développement : identifier des points d’investissement pour mieux les concentrer

Soixante-trois provinces et villes au Vietnam, autant d’économies concurrentes dans la recherche de fonds. Une situation aux inconvénients multiples qui nécessite un travail de fond. Entretien avec Trân Dinh Thiên, directeur de l’Institut national d’économie.

Trân Dinh Thiên.

Quel tableau pouvez-vous nous dresser de cette course aux investissements ?

Les zones économiques et industrielles sont un bon exemple de la situation de concurrence dans laquelle les localités se trouvent dans leur quête de ressources financières au service de leur développement. Le Vietnam possède actuellement 15 zones économiques littorales, plus de 280 zones industrielles, 27 zones économiques frontalières et 700 complexes industriels. Nombre d’entre elles ont été créées sur la base de budgets généralement limités, comptant surtout sur un financement extérieur. Tout est dit, et cette situation va se prolonger puisque, une fois ces zones achevées, la concurrence demeurera, mais cette fois en termes d’attrait des entreprises...

Comment se présentent ces contraintes d’investissement durant les années à venir ?

Durant la période 2011-2020, le pays aura besoin d’investir près de 15 milliards de dollars par an dans des infrastructures telles qu’aéroports, ports maritimes, zones économiques et industrielles, routes nationales, autoroute Nord-Sud, outre les infrastructures de grands centres urbains comme la capitale. C’est un volume très important pour notre économie dont le PIB était de l’ordre de 130 milliards de dollars en 2012. En d’autres termes, il est certain que nous n’en aurons pas les moyens et que nous devrons trouver des capitaux ailleurs. Et en tout état de cause, la concurrence entre localités et secteurs se maintiendra en matière d’investissement public, et ce d’autant que celui-ci est en pleine réorganisation, avec pour corollaires les retards de projets et éventuels différends que cela peut entraîner...

Un coin de la zone industrielle de Bao Minh dans la province de Nam Dinh (Nord).

Que faudrait-il faire pour régler ce problème, selon vous ?

Déjà se poser la question que je me pose, savoir si le Vietnam a réellement besoin de disposer de 100 ports maritimes dont 20 ports internationaux, de 28 aéroports dont 8 internationaux au regard du PIB national... À regarder autour de nous, le Japon ne possède que quatre aéroports internationaux pour une économie d’un poids de 5.000 milliards de dollars, et l’Australie, dont le PIB est de 1.230 milliards, n’en dispose que de deux. Si nous continuons de multiplier nos projets d’infrastructures, le gaspillage est plus que prévisible, et la «crise de l’investissement» encore plus inévitable. Il faudrait franchement supprimer ou suspendre les projets ne répondant pas à des critères préalablement fixés, que j’appelle des axes d’investissement afin de concentrer les investissements.

Comment concevez-vous ces «axes d’investissement» ?

Outre Hô Chi Minh-Ville et Hanoi, Vung Tàu est l’un des points clés de l’investissement au Vietnam.

C’est en quelque sorte une image, comme des axes de coordonnées projetés sur la carte du pays, avec, par exemple, en abscisse, un critère de priorité économique, de temps - époque de réalisation..., des ouvrages, infrastructures et zones économiques et, en ordonnée, un autre critère qui peut être variable. L’idée, c’est d’identifier clairement et rationnellement des points, et le but, c’est de concentrer l’investissement en ces points pour achever les projets plus rapidement, points qui devront nécessairement être un facteur de dynamisme et d’essor économique à leurs «coordonnées», mais aussi autour... Si l’on continue de planifier des investissements trop dispersés sans tenir compte de certaines données économiques, des possibilités de financements publics et autres, ceux-ci ne seront pas rentables et ne profiteront pas au développement du pays tout entier.

Quel peut être l’autre critère, en ordonnée, suivant votre image ?

Il s’agit là d’une question qui pourrait s’avérer assez délicate, mais disons que le critère peut être, par exemple, la liaison des centres économiques au niveau national, ou encore la liaison de notre économie avec celle(s) de la région ou du monde... À prendre un critère complexe de liaison régionale et internationale, d’attrait optimisé des capitaux étrangers et de complétude des réseaux d’infrastructures, parmi les points qui en résulterait figurent les provinces de Bà Ria-Vung Tàu (Sud), la ville portuaire de Hai Phong, la province de Quang Ninh (Nord), la ville de Dà Nang, la province de Thua Thiên-Huê (Centre), ainsi que les deux grands centres que sont Hanoi et Hô Chi Minh-Ville.

Quê Anh/CVN

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