Dans les travées du salon dédié aux technologies du vin, les professionnels venus d'une cinquantaine de pays viennent "faire leur marché d'informations et initier des investissements pour l'année qui vient", explique Vincent Grenié, le commissaire général de Vinitech.
De la vinification à la mise en bouteille, les châteaux sont contraints de s'adapter aux nouvelles technologies dans leur quête incessante de qualité. Si les grands crus bordelais rechignent à abandonner le bouchon de liège et à adopter le bag-in-box, "ils sont au top de la technique", souligne M. Grenié. "Par commodité et confort de travail, les viticulteurs apprécient la modernité", renchérit Jean-Luc Berger, ex-directeur technique de l'Institut français de la vigne et du vin. Ils adopteront, prédit-il, les sécateurs électriques "pour avoir moins de tendinites".
Pour une meilleure parcellisation de son vignoble, Château Lynch-Bages, crû classé de Pauillac, a fait le choix de la cartographie satellitaire, une technologie qui lui permet, "à 50 cm près, de faire ressortir les zones de végétation différentes", rapporte son directeur technique Nicolas Labenne.
Cette technologie de la société Oenoview a permis un redécoupage du vignoble, passant de 130 à 160 parcelles, entraînant une nouvelle organisation pour les vendanges et l'encuvage. Une technique peu onéreuse (110 euros la parcelle) qui ouvre à d'autres applications comme le guidage GPS des machines à vendanger, primé à Vinotech.
Beaucoup plus cher, le nouveau tri optique Defranceschi (entre 100.000 et 150.000 euros), permet, à un rythme de 15 tonnes/heure, de cibler par caméra toutes les particules indésirables de la vendange -débris végétaux, escargots, baies abîmées- et de les éjecter par air comprimé. "Il y a une amélioration considérable au niveau du tri", souligne Frédéric Chabaneau, directeur technique de Château La Tour Carnet, crû classé Haut-Médoc, qui utilise le tri optique en location. Mais pas question d'investir dans un équipement: "ça évolue tellement vite, on veut être toujours à la pointe", dit-il.
Pour le vieillissement de leur précieux nectar, les domaines viticoles pourraient s'intéresser à la dernière innovation en tonnellerie : chaque douelle (lame de bois) des barriques est analysée par spectrométrie infrarouge pour mesurer les polyphénols déterminant les tanins du vin. "On peut personnaliser son vin et, par l'analyse, progresser en oenologie", observe M. Berger.
À l'embouteillage, les propriétés pourraient se convertir au bouchon synthétique primé de Nomacorc qui intègre la gestion de l'oxygène déterminant dans la conservation et le vieillissement. "Pour certains vins, l'oxygène est le pire ennemi, pour d'autres, c'est le meilleur ami", commente Fabrice Chevallet, directeur commercial France.
Cette règle s'applique aussi au conditionnement individuel avec le concept du verre à boire One-Glass-Wine, dont la fabrication réduit l'oxygène à son minimum.
La modernité c'est aussi "Max le sommelier" électronique, une sorte "de playmobil géant" de Vino Reco distingué pour sa capacité à guider le choix de la ménagère dans les grands magasins.
Enfin, pour changer "l'image un peu poussiéreuse" du Bordelais, le Conseil interprofessionnel a lancé "la première application mobile pour tout un vignoble", selon Christophe Chateau, directeur de la communication, permettant d'obtenir moult informations sur une propriété par la simple photographie électronique de l'étiquette.
AFP/VNA/CVN