C’est la fête

Les Vietnamiens célèbrent leurs fêtes avec enthousiasme, mettant de côté leurs soucis pour chanter, danser et s’amuser. L’esprit festif prévaut, le temps est suspendu et les préoccupations sont laissées au lendemain.

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Le 20 novembre est dédié aux enseignants vietnamiens.
Photo : VNA/CVN

En lien avec mon travail, il y avait la Fête des enseignants, célébrée le 20 novembre, et, cela allait de soi, la fête de la Francophonie, le 20 mars. La première se veut un hommage aux enseignants : dans toutes les écoles, on loue les maîtres, soulignant l’importance de leur mission. Ce jour-là, il fallait me voir rentrer chez moi avec ma cargaison. Une petite moto fleurie, croulant sous les colis.

L’après-midi, chaque professeur rentrait chez lui pour recevoir d’anciens élèves et, plus tard, allait à leur tour saluer d’anciens enseignants. On peut aisément imaginer le manège des visites de courtoisie, les farandoles de fleurs passant de main en main plus d’une fois, et les montagnes de cadeaux. C’était une journée profitable pour les commerçants du pays et qui donnait de la joie à une grande partie de la population.

Journée internationale de la Francophonie

La Fête de la Francophonie revêtait, elle aussi, ses plus beaux atours pour célébrer cette langue française qui, toute l’année durant, donnait bien du fil à retordre à ceux qui la côtoyaient. Pourtant, ce jour-là, avec fierté, on affichait son appartenance à la Francophonie par des chansons, des sketches et des jeux de rôle, le tout avec des costumes et des décors sophistiqués. Mais qui aurait pu croire que cette coutume faisait vivre toute une gamme d’émotions que j’aurais préféré éviter ?

Performance des élèves de l'école primaire Doàn Thi Diêm lors de la cérémonie officielle de célébration de la Journée internationale de la Francophonie, tenue le 20 mars 2024 au Musée d'ethnographie du Vietnam, à Hanoï.
Photo : VNA/CVN

Je me devais d’offrir mon soutien à la préparation et à l’organisation de cette journée consacrée à notre langue. Jusqu’au dernier moment, quand je demandais où en étaient les préparatifs, on me servait une pluie de “on verra” qui ne me rassurait pas du tout. Chaque fois, j’avais la certitude que ce jour passerait en silence. Mais je finis par reposer ma confiance sur ce “on verra” qui m’invitait à ne pas me soucier vainement du lendemain et surtout, à ne pas bousculer les enseignants, puisque le 20 mars, le miracle s’accomplissait sans défaillance.

Célébrer les mariages

Les mariages se déroulaient eux aussi sous l’égide de la fête. Ils avaient lieu à toute heure du jour et ce, sept jours sur sept. La date et l’heure étaient fixées d’apprès l’avis d’un devin. Quelques jours avant les festivités, les mariés subissaient de longues séances photos, parcourant la ville à la chasse des sites les plus exquis. Puis, le jour béni, la mariée, maquillée comme une poupée de porcelaine, coiffée comme une reine et vêtue du costume traditionnel (l’áo dài rouge), se prêtait à tous les rituels selon ses croyances. Toutefois, la vraie célébration de l’union se passait en toute intimité, dans les familles. Cette cérémonie truffée de symboles se déroulait à la maison, devant l’autel des ancêtres. Ces moments solennels au caractère sacré se recouvraient d’une intimité typiquement vietnamienne. Je n’y assistai qu’une seule fois, et cette confiance me toucha profondément.

Ensuite, les proches, les amis et les collègues se rassemblaient autour d’un repas dans une salle de réception où la joie se célébrait à grands fracas : pétarades de toutes sortes, musique tout en décibels, ballons qui en perdaient vite leur souffle, chansons... un spectacle coloré de sons et de couleurs. Contrairement à nos traditions, la fête se terminait avec le repas. La première fois que j’assistai à une de ces réceptions, je me demandai où se rendaient tous ces gens qui, à peine le dernier bol de soupe avalé, comme des danseurs synchronisés, se levaient et se dirigeaient vers la sortie. Sans laisser voir la surprise d’une question aussi impertinente, on me répondit que chacun rentrait chez soi ! J’avais compris qu’il me fallait faire de même. La convivialité et l’art du bavardage ne flânaient pas du côté de ces célébrations.

Le Têt traditionnel

Ambiance festive du Nouvel An lunaire au Vietnam.
Photo : VNA/CVN

Le Têt, Nouvel An lunaire, tout comme chez nous Noël et le Nouvel An, était la fête à célébrer. Les traditions ancestrales sortaient de leur dormance pour accueillir en beauté l’année qui s’amenait. Les préparatifs se bousculaient au rythme de la renaissance printanière. L’excitation flottait dans le pays et, pendant quelques jours, le temps semblait suspendu, le mouvement effréné se reposait, les activités prenaient une pause. Le cœur des Vietnamiens battait de l’intérieur, entre eux, dans les familles, dans les villages. Je les laissais à leur intimité et je sortais du pays, pour des vacances là où le monde des touristes continuait de battre la chamade.

Avant la fête, la fébrilité et la hâte s’égaraient dans les cerveaux. Si bien que les études se mettaient prématurément en vacances pour laisser place à la rêverie d’un avant-goût de nouveautés et de surprises agréables. Puis, la fête accomplie, on cuvait la fatigue et les estomacs digéraient les repas copieux. Pendant quelques jours, l’apprentissage flânait, les mémoires traînaient un peu avant de se réactiver et de se remettre au travail. Les cœurs sortaient de leur bombance pour reprendre le chemin de l’école. On renouait le collier pour s’empiffrer de données afin de remplir son carnet de bonnes notes jusqu’à la dernière ligne.

La course reprenait et, tous, nous passions de l’allure de la tortue à la vitesse du lièvre. Il y avait du temps à rattraper. Le reste de l’année scolaire déferlait comme un puissant raz de marée, me laissant si rapidement en fin de contrat que je n’osais croire au temps du retour à la maison !

Dorothée Roy/CVN

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