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Cà Lo, l’antenne de l’École-internat pour les minorités ethniques de Khanh Xuân, à Cao Bang (Nord). |
Photo : VOV/CVN |
Niché au cœur des montagnes du district de Bao Lac, dans la province de Cao Bang, le hameau de Cà Lo abrite 34 foyers d’ethnie Dao. Il est confronté à une réalité difficile, marquée par l’absence d’infrastructures essentielles : routes, électricité, couverture mobile et eau potable.
Un souffle d’espoir
Malgré ces conditions précaires, un vent d’espoir anime le hameau : Cà Lo, l’antenne de l’École-internat pour les minorités ethniques de Khanh Xuân. Dotée de trois enseignants, dont deux au niveau primaire et un en maternelle, elle représente une oasis de savoir et d’apprentissage pour une trentaine d’élèves. Ici, l’instituteur doit enseigner à deux groupes en même temps dans une même salle de classe.
“La classe est divisée en deux. Lorsque je donne une nouvelle leçon aux élèves de première année, ceux de deuxième année, assis de l’autre côté de la salle, révisent leurs leçons”, partage l’enseignante Ly Thanh Trâm. “C’est un véritable défi. Nous devons donner des instructions détaillées à chaque élève pour l’aider à se concentrer sur la leçon”, ajoute-t-elle.
Des professeurs d’un collège local se sont engagés à dispenser des cours d’anglais et d’informatique aux élèves de Cà Lo. L’absence d’électricité de connexion Inter-net exclut l’enseignement en ligne. Ces enseignants effectuent chaque semaine un périple d’environ 40 km le long de piste en forêt.
“Actuellement, l’instruction locale s’est améliorée par rapport à l’époque où j’ai commencé à travailler ici en 2012-2013”, estime Mme Trâm, l’enseignante la plus ancienne du hameau.
Si des progrès notables ont été réalisés, des défis importants demeurent, notamment en matière de continuité scolaire. En effet, l’éloignement de l’antenne de Cà Lo constitue un obstacle majeur à la poursuite d’études pour les élèves de ce hameau isolé. La difficulté d’accès entraîne un phénomène de “déperdition scolaire” préoccupant. Tous les enfants de cet âge n’ont pas le courage de traverser la forêt pour se rendre à l’école, c’est pourquoi le nombre d’élèves fréquentant les classes supérieures est faible.
Une attention hors du commun
Deux groupes d’élèves, 1re et 2e années, étudient dans une même classe à l’école de Cà Lo. |
Photo : VOV/CVN |
Un autre problème, explique l’enseignant Duong Van Thành, est que parfois trois des six élèves de la classe doivent rester à la maison pour s’occuper de leurs petits frères et sœurs. “Je dois me rendre chez eux pour les encourager à suivre des cours. Je leur dis qu’ils peuvent amener leurs petits frères et sœurs en classe et que nous les aiderons à s’en occuper”, raconte-t-il.
L’enseignante Trâm se souvient avoir souvent failli fondre en larmes lorsque les élèves quittaient tous la classe le matin sans revenir. “D’après ce que j’ai appris, les élèves partaient à ce moment-là car les parents commençaient à préparer le petit-déjeuner de leurs enfants à 10h00. J’ai donc organisé une réunion avec les parents et le conseil d’administration de l’école pour proposer un service d’internat de jour”.
Depuis la mise en place de la cantine scolaire, chaque semaine, les enseignants de Cà Lo doivent se rendre à tour de rôle au centre de la commune afin d’acheter des vivres, recharger les batteries et imprimer des documents pédagogiques. Ce périple hebdomadaire se transforme en véritable défi, compte tenu des routes sinueuses qui mettraient à l’épreuve les conducteurs les plus expérimentés. À leur retour, ils ont la satisfaction d’avoir ramené le “butin” nécessaire pour assurer le bon fonctionnement de l’école pendant les jours à venir.
À la tombée de la nuit, lorsque les lumières solaires s’estompent et que les préparatifs des cours s’achèvent, un sentiment de nostalgie envahit le cœur des enseignantes Be et Trâm. Leurs pensées se tournent vers leurs enfants et leurs familles, qu’elles ont quittés pour se consacrer aux élèves de Cà Lo. Pour Mme Trâm, dont le fils est en 4e année (CM1), l’éloignement est particulièrement difficile. Plus d’une décennie à vivre loin de lui pèse parfois lourd, comme en témoignent les paroles déchirantes de son fils : “Je ne veux plus être séparé de ma mère”.
Quant à Duong Van Thành, après quatre ans d’enseignement contractuel, il a officiellement rejoint le corps professoral de l’École-internat pour les minorités ethniques de Khanh Xuân. Célibataire, il consacre toute son énergie à sa vocation : l’éducation des jeunes générations. Avec un enthousiasme contagieux, l’enseignant Thành partage ses projets et ses réflexions sur l’enseignement efficace à Cà Lo. Son objectif principal est d’insuffler aux enfants la passion de l’apprentissage et de leur ouvrir les portes du savoir.
Selon Dàm Van Chuân, vice-président du Comité populaire de la commune de Khanh Xuân, la commune compte trois écoles principales situées à 8 km du centre du district et dix antennes d’école au niveau primaire et maternelle. Plus de 60% des élèves poursuivent leurs études au lycée ou suivent une formation professionnelle. Les autorités locales ont appliqué de nombreuses mesures pour encourager les élèves, en particulier ceux de familles à bas revenus, à poursuivre leurs études en leur fournissant un logement, de la nourriture et d’autres produits de première nécessité.
Huong Linh/CVN