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Dans une classe à l’École maternelle Vàng Anh. |
Photo : CTV/CVN |
Il est 22h00, et alors qu’il s’endort, Quân, un bébé de 15 mois, est réveillé. Le petit garçon pleure un peu, puis se rendort profondément sur l’épaule de sa mère pendant le trajet du retour chez lui. Cette histoire semble très familière aux enfants de l’Ecole maternelle Vàng Anh, car leurs parents font souvent des heures supplémentaires jusqu’à une heure tardive, puis viennent les chercher et les ramènent à la maison.
Une école spéciale
L’École maternelle Vàng Anh, située dans la ville de Bên Cat, province de Binh Duong, a des horaires de travail très différents de la plupart des autres écoles. Chaque jour, elle ouvre à 06h00 et ferme à 22h00.
Depuis plusieurs années, l’enseignante So Thi Na, âgée de 27 ans, y est présente alors qu’il est encore tôt le matin pour accueillir ses élèves.
La jeune enseignante prend un bébé endormi dans les bras de sa mère puis l’amène à l’intérieur de l’école. Après plus de cinq ans d’exercice du métier de “baby-sitter”, elle considère que cela fait partie de son quotidien.
Racontant son parcours dans la profession, l’enseignante Na explique qu’elle a obtenu un diplôme en pédagogie préscolaire. Cependant, les circonstances de la vie l’ont amenée à mettre son rêve entre parenthèses et à postuler pour devenir ouvrière dans la société Yazaki EDS Vietnam, spécialisée dans la production d’accessoires pour voitures, implantée à Binh Duong.
Cette province compte de nombreuses zones industrielles et la plupart des travailleurs ont de jeunes enfants, mais ils doivent souvent travailler par équipes et tard le soir.
“À l’époque, l’école venait d’être créée et manquait d’enseignants. Le secteur des ressources humaines de la société Yazaki EDS Vietnam m’a recommandé pour le poste d’enseignante et j’ai été immédiatement acceptée”, raconte-t-elle.
L’Ecole maternelle Vàng Anh a été construite en 2008 suite aux préoccupations exprimées par la direction : “Comment assurer la tranquillité d’esprit des employés lorsqu’ils viennent travailler, en particulier pour les familles ayant de jeunes enfants”. Par conséquent, la société Yazaki EDS Vietnam a fait une demande pour la construction de l’école afin de répondre aux besoins de ses employés.
Un an plus tard, l’école maternelle a été achevée, suscitant la joie de nombreux travailleurs ayant de jeunes enfants. C’est la seule qui propose des horaires pour la garde des enfants. Les heures d’accueil et de prise en charge des enfants sont organisées en fonction des horaires des parents. Elle accueille les enfants dès l’âge de six mois. Les employées venant de terminer leur congé de maternité peuvent également y faire garder leurs enfants en toute sécurité pendant qu’elles reprennent le travail.
Sensible aux préoccupations des employés, chaque classe est équipée de caméras de surveillance fournies par l’école. Bien qu’il soit interdit d’utiliser des téléphones portables pendant les heures de travail, la cantine est équipée d’un grand écran connecté aux caméras de chaque classe pour permettre aux parents de voir leurs enfants pendant le déjeuner.
Un modèle à développer
Une ouvrière avec ses enfants après les cours. |
Photo : CTV/CVN |
Selon Lê Tin Nghia, vice-président du syndicat de la société Yazaki EDS Vietnam, l’organisation des horaires de garde d’enfants en accord avec les horaires de l’entreprise et la politique de réduction de 50% des frais de scolarité pour les enfants des salariés constituent des mesures concrètes facilitant la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale.
Vers 19h00, profitant de quelques minutes de pause, Thuy Kiêu s’est précipitée dans la salle de classe pour voir son enfant, lui apportant quelques saucisses et une bouteille de lait. Cette mère de famille de 35 ans déclare qu’elle travaille dans cette ville depuis plus de deux ans. “Ces deux années ont été les plus tranquilles pour moi et mon bébé car nous étions proches l’un de l’autre”, partage Mme Kiêu.
“Auparavant, il n’y avait pas de jardin d’enfants de ce type. Lorsque je faisais des heures supplémentaires et que je rentrais tard, je devais confier mon enfant à un voisin”, explique-t-elle. Les enfants sont déposés et récupérés à la garderie quel que soit l’heure de la journée. De nombreux enfants dormaient encore profondément lorsque leurs parents les ont amenés. Conscients des difficultés rencontrées par les parents et les enfants, les enseignants jouent un rôle maternel pour compenser en partie les désavantages subis par les enfants en raison du travail particulier de leurs parents.
“Ce qui me motive chaque jour à venir à cette école spéciale, c’est mon amour pour les enfants”, exprime l’enseignante Na. “J’ai été touchée par la situation difficile des travailleurs, en particulier des mères célibataires qui doivent faire des heures supplémentaires tout en s’occupant de leurs enfants. C’est pourquoi je fais toujours de mon mieux pour que les parents sachent que leurs enfants sont en sécurité ici”, ajoute-t-elle.
Vers minuit, la dernière équipe de la journée a terminé son travail et les derniers enfants sont rentrés chez eux avec leurs parents. Beaucoup d’entre eux ont continué à dormir dans les bras de leurs parents. Les jours suivants, ils continueront à aller à l’école tôt le matin et à rentrer à la maison au milieu de la nuit, suivant le cycle d’heures supplémentaires de leurs parents. Cette école aux horaires uniques a permis à de nombreuses familles de faire face aux difficultés et a facilité la prise en charge et le transport de leurs enfants.
Huong Linh/CVN