Accords de Paris : un “jalon en or” de la diplomatie vietnamienne

Les négociations des Accords de paix de Paris de 1973 mettant fin à la guerre du Vietnam ont constitué un véritable bras de fer diplomatique. Une immense victoire pour le pays à l’ère Hô Chi Minh qui a mis en échec l’impérialisme américain.

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La ministre des Affaires étrangères du Front national de libération du Sud-Vietnam, Nguyên Thi Binh, représentante du Gouvernement révolutionnaire provisoire de la République du Sud-Vietnam, signe les Accords de Paris en 1973.
Photo : Archives/CVN

Le 27 janvier 1973 à Paris, sont signés les accords qui aboutiront, deux ans plus tard, à la fin de la guerre du Vietnam. Cet “accord sur le cessez-le-feu et le rétablissement de la paix au Vietnam” est le fruit de cinq années d’âpres négociations qui évoluaient en même temps que la situation sur les fronts. Une joute d’esprit, un combat stratégique et tactique.

Ce texte est le dernier acte de la Conférence de Paris qui s’est ouverte le 13 mai 1968 - où les négociations ont été entamées par le Vietnamien Lê Ðuc Tho et l’Américain Henry Kissinger. Il est paraphé par les représentants des quatre belligérants impliqués dans le conflit qui déchire le Vietnam depuis 1954 : République démocratique du Vietnam (Nord-Vietnam), République du Vietnam (Sud-Vietnam), Gouvernement révolutionnaire provisoire de la République du Sud-Vietnam (alliance du Viêt Công et d’autres mouvements proche du Nord- Vietnam), États-Unis.

La Conférence internationale sur le Vietnam, tenue du 26 février au 2 mars 1973 à Paris, s’achève par la signature d’un accord pour assurer la paix au Vietnam.
Photo : Archives/CVN

Il s’agit du premier document juridique international qui oblige les États-Unis à respecter l’indépendance, la souveraineté et l’unité du peuple vietnamien. Une immense victoire pour un Vietnam qui vient ainsi, après avoir fait plier les genoux au colonialisme français, de mettre en échec l’impérialisme américain.

Des diplomates autodidactes

Dans l’Appel aux accords, le Comité central du Parti et le gouvernement de la République démocratique du Vietnam ont affirmé : “Cette signature a permis à notre résistance anti-américaine pour le salut national de remporter une victoire très glorieuse… Toute notre population, tant au Sud qu’au Nord, est extrêmement fière et enthousiasmée par ce grand succès de la Patrie. C’est aussi le triomphe des peuples des pays d’Indochine qui se sont unis pour lutter contre l’ennemi commun”.

La presse internationale fait les louanges du succès de la Conférence de Paris sur le Vietnam. Photo : Archives/CVN

Les négociations de Paris ont été une joute spirituelle intense entre deux diplomaties : celle des États-Unis, basée sur la force, et celle du Vietnam, basée sur des valeurs humaines.

D’un côté, les États-Unis avaient beaucoup d’expérience dans les questions internationales avec des diplomates rusés. Ils avaient une stratégie de négociation claire : engager des pourparlers tout en poursuivant leur offensive militaire afin de forcer la République démocratique du Vietnam à cesser de soutenir le peuple et le Front national de libération (FNL) du Sud-Vietnam (devenu plus tard le Gouvernement révolutionnaire provisoire de la République du Sud-Vietnam), tout en maintenant le régime de Saigon dans la sphère d’influence américaine.

De l’autre côté, la diplomatie vietnamienne était encore bien jeune à l’époque, et donc peu rodée aux négociations diplomatiques internationales. Après la victoire historique de Ðiên Biên Phu en 1954 sur les forces françaises, le Vietnam est entré tout de suite dans la résistance anti-américaine, sans être doté de diplomates bien formés. Autodidactes, les diplomates vietnamiens se sont rendus à Paris avec un sens du nationalisme et une morale basée sur des valeurs humaines, pour s’opposer à la diplomatie américaine basée sur la force.

Quarante-cinq séances de travail, sur cinq ans, de 1968 à 1973. C’est ce qu’il aura fallu pour parvenir à la signature, le 27 janvier 1973, à Paris, des accords mettant fin à la guerre du Vietnam. Les négociations avaient débuté, en 1968, à quatre : d’un côté, les Américains et le Sud-Vietnam ; de l’autre, le Nord-Vietnam et le FNL. Elles s’achèveront avec les mêmes protagonistes.

Une guerre sans foi ni loi

Le Vietnam a constamment demandé aux États-Unis de mettre fin à la guerre avec le désengagement des troupes américaines sans condition. De leur côté, les États-Unis ont exigé que les deux parties retirent leurs troupes et rétablissent la zone démilitarisée de démarcation entre les “deux régions” du Vietnam, née des Accords de Genève de 1954.

En 1967, Hanoï a utilisé un “coup” diplomatique pour créer une forte pression, obligeant les Américains à revenir à la table des négociations. Car les Vietnamiens avaient été catégoriques dès le départ : les négociations ne commenceraient qu’à condition que les États-Unis cessent de bombarder les villes du Nord-Vietnam.

L’offensive du Têt Mâu Thân, lancée dans la nuit du 30 au 31 janvier 1968, est parvenue à la désescalade américaine, restreignant les bombardements dans le Nord.

En octobre 1968, profitant de l’affaiblissement considérable de l’exécutif américain lors des élections, les négociations aboutirent à un accord selon lequel les États-Unis cesseraient complètement de bombarder la République démocratique du Vietnam.

Depuis 1969, le Vietnam est entré dans une période où il poursuivait sa résistance sur le terrain tout en renforçant ses forces. Les États-Unis, eux, ont mis en place une politique dite de “vietnamisation“ : il s’agit alors de désamorcer les protestations dans le monde, tout en maintenant les buts de guerre.

Des traces indélébiles

Après des années de lutte acharnée de l’armée et de la diplomatie vietnamiennes, les États-Unis ont accepté de retirer unilatéralement plus de 400.000 soldats, offrant un nouvel avantage à l’Armée de libération du Vietnam. Au cours des négociations, ils ont toujours exigé que “les deux parties retirent ensemble leurs troupes”. Mais le 10 novembre 1971, la partie américaine a dû mettre de côté sa prétention.

Des soldats américains montent à bord d’un avion pour se retirer du Sud-Vietnam sous la supervision de l’Armée de la République démocratique du Vietnam et de l’Armée de libération, à l’aéroport de Tân Son Nhât, le 19 mars 1973.
Des soldats américains montent à bord d’un avion pour se retirer du Sud-Vietnam sous la supervision de l’Armée de la République démocratique du Vietnam et de l’Armée de libération, à l’aéroport de Tân Son Nhât, le 19 mars 1973.

En août 1972, avec de nouveaux calculs, la diplomatie nixonienne et le gouvernement fantoche de Saigon ont rompu sine die les entretiens à la Conférence de Paris. Cependant, alors que ces discussions capotaient, les Nord-Vietnamiens sont entrés dans des négociations bilatérales et secrètes avec les États-Unis. Celles-ci, entre la délégation américaine conduite par Henry Kissinger et celle du Nord-Vietnam emmenée par Lê Ðuc Tho, ont véritablement accouché des accords de paix.

La vague de bombardements américains fin 1972 sur Hanoï, Hai Phòng et de nombreuses autres localités du Nord n’a pas incité les Vietnamiens à changer une virgule du texte.

Parallèlement aux pourparlers, le Vietnam a appuyé sa résistance légitime et la volonté pacifique de son peuple tout en démasquant les manœuvres, stratagèmes et complots de l’administration américaine et du gouvernement fantoche de Saigon, contribuant ainsi à monter l’opinion publique mondiale contre les États-Unis.

Et c’est finalement le 27 janvier 1973 que les quatre délégations ont entériné les Accords de paix de Paris. Une immense victoire pour le peuple vietnamien, avec la chute de Saigon le 30 avril 1975 et la réunification du pays.

La signature des accords de paix de Paris souligne la victoire du peuple vietnamien contre l’impérialisme américain, marquant un tournant dans l’histoire du pays qui fut enfin libre et unifié après des décennies de conflits.

Phuong Nga/CVN

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