Voyage au pays des merveilles

Cette seconde histoire est une histoire de voyage sur les hauts plateaux du Centre du Vietnam. L’occasion aussi de rencontrer des gens de la montagne, dans ce qui était un ancien comptoir français, il y a longtemps. Accompagné de l’œil expert du photographe Jeff Périgois.

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Seconde partie : Expérience unique à Datanla,

descendre dans la jungle en ascenseur !

On avait vu l’entrée de la cascade en arrivant en bus depuis Hô Chi Minh-Ville et puis en voulant y retourner en moto on a pris la mauvaise route. Et on s’est perdu. Enfin, on nous a perdu.

Aiguillonné par un expert qui nous a certifié que c’était par là. En fait, il doit dire à tout le monde que tout est par là. Et par là, ce n’est pas la cascade du tout mais c’est un joli tronçon - Easy rider - dont on ne s’est pas privé, avant de se rendre à l’évidence que c’était pas par là. La cascade. Alors on est revenu sur notre chemin. Centre-ville.

"The Crazy House" ou la Maison folle à Dà Lat, province de Lâm Dông (hauts plateaux du Centre).

Cette fois on est sur la bonne route et on roule avec la satisfaction d’être sûr d’arriver où on veut, toujours autour de cette nature majestueuse qui enrobe Dà Lat, province de Lâm Dông (hauts plateaux du Centre). À l’entrée de la cascade Datanla c’est un peu la foire, ce qui nous inquiète, et puis finalement non. Dedans c’est très bien. Il règne une ambiance festive au milieu de cette belle verdure et tout le monde descend avec bonne humeur. La perspective de remonter avec les bobsleighs rend la descente encore plus sereine. Jeff tourne au ralenti pour le moment, il attend le moment propice pour lâcher les bonnes cartouches. La cascade n’est qu’un aimable divertissement à coté de ce qui nous attend plus bas.

Curieusement la plupart des touristes s’arrêtent à la cascade principale, certes jolie mais bon…, au lieu de s’aventurer un peu plus bas par un chemin qui s’enfonce verticalement dans la jungle. Le pirate commence à s’agiter. On passe aux choses sérieuses. Plus on descend, plus il fait moite et on commence à se dire que si on doit remonter tout ça, on va mettre la semaine. Plus on descend moins on croise de gens. Et c’est à ce moment-là que la cabine qui remonte les rares candidats à la descente passera juste au-dessus de nous, dans un silence impressionnant, seulement interrompu par le bruit grinçant des câbles. Ouf !

Jeff est maintenant chaud et parfaitement dans l’action. Il n’y a plus que nous et le rugissement de la cascade qui dévale vers le cœur de la forêt. Jeff prend des photos et moi, je prends en photo Jeff, qui prend des photos.

Arrivé en bas du jungle-phérique, on n’est pas au bout de nos surprises ! On peut descendre encore plus bas, et en ascenseur… On se comprend avec Jeff et en un coup d’œil on est en bas. Next ? D’après une guide vietnamienne, les promoteurs du site entendent permettre aux gens de s’enfoncer encore plus loin à l’avenir et plusieurs projets vont dans ce sens.

Entre deux photos moites et un soupir, Jeff me souffle que les choses ont bien évolué ici depuis qu’il était venu pour la dernière fois en 2007. Évolué ? Formidable.

Vertige à la Maison folle

Bruno Laurant visite la Maison folle à Dà Lat.

Restait à se farcir la Crazy House ou la Maison folle. Le pirate il y va à reculons et il a fallu le convaincre. Les trucs ou tout le monde va, ça ne le branche pas. Pour moi ? On ne sait jamais. En plus délire “archi”, ça me va. Surtout au Vietnam plutôt réputé pour sa rigidité architecturale post-soviétique. Donc faut voir. Et tout de suite, on voit. Comme plongé d’entrée dans un gigantesque champignon hallucinogène, avec des schtroumpfs qui sortent de partout. Les Schtroumpfs, c’est nous. Les touristes et les visiteurs. Vous avez noté la nuance ? C’est pareil ? Bon, ok.

Les puristes qui coupent les cheveux en quinze et les intellos mange-boules vous diront que c’est un peu kitsch et bien loin des grands maîtres surréalistes et autres architectes à la Gaudi. Il faut se détendre les mecs. Respirez un peu ! La Crazy House c’est juste le délire perso d’une Vietnamienne qui a laissé son esprit et son imagination se mélanger pour produire une sorte de chewing-gum géant modelé sans règles précises. C’est du Disney mélangé avec une dose de Charlie et la chocolaterie.

Bruno Laurant lors de son voyage à Dà Lat.

À l’intérieur pas vraiment de direction, ni de sens de la visite, on s’engouffre dans un labyrinth qui ressemble à un tube digestif. Ça monte, ça descend. Et à un moment ça monte, à l’extérieur. Superbe. Un mini escalier serpente sur le toit le plus haut de la Crazy House. Une bonne trentaine de mètres au-dessus du sol. Jeff se retranche genre mon boulot c’est de faire des photos, pas de faire l’acrobate. Moi j’y vais.

Je monte tranquillement, grisé par le paysage grandiose qui s’offre devant moi et je ne réalise pas que l’escalier se rétrécit de plus en plus, idem pour la rambarde. Une fois que je me rends compte de la minceur du chemin sur lequel je me trouve, perché en plein ciel sur le toit d’une maison rocambolesque, il est déjà trop tard. Le vertige est là. Il m’attendait. À gauche, le vide, à droite, le vide. De l’autre côté de la maison, Jeff est plié de rire. Moi pas. Je me plie doucement pour me retrouver quasiment à quatre-pattes puis carrément assis et je fais marche arrière. Doucement. Le pirate, il en peut plus. Il mitraille.

De retour sur la terre ferme, le corps met un petit moment pour reprendre son fonctionnement normal, le temps de récupérer et de poursuivre la visite. La suite sera plus tranquille avec un peu de fun en compagnie des pétillantes jeunes filles qui composent le staff de la Crazy House. Charmantes et exubérantes, elles ont pris le pli des lieux.

Le rire comme antidote à ce moment de frayeur et tout se remet en place. Next ?

L’auberge du poisson maudit

Tout leur appartient, mais on ne le savait pas encore. De retour de son périple dans le Nord du Vietnam et après une escale rapide à Hô Chi Minh-Ville, je retrouve le pirate pour une escapade sur le delta du Mékong. Ce sera Vinh Long, une ville austère encore à l’ancienne, posée le long d’un bras du Mékong, un peu avant Cân Tho. La barbe a poussé sur le visage du pirate, lui donnant un air de Van Gogh (ou Xabi Alonso, le joueur de foot espagnol, je sais ce n’est pas pareil) arrivant à Auvers-sur-Oise. Sauf que là on arrive à Vinh Long sur le Mékong dans le Sud du Vietnam. La première impression ressemble à une première impression lorsqu’on arrive dans un endroit nouveau, on ne sait pas. On regarde. Et on prend la température. Ensuite, on s’organise en fonction du feeling et de ce qu’on aimerait bien faire.

Le téléphérique menant à la cascade Datanla à Dà Lat.

Jeff lui c’est le marché son point de départ, alors on écume le marché. Et puis le Mékong, on écumera le fleuve. Et puis la ville, on écumera les endroits où on peut se restaurer ou se reposer. Et tout de suite, on sent bien qu’il y a un truc. Même si on ne sait pas trop quoi. D’abord il n’y a pas beaucoup de trucs justement. Ensuite tout nous ramène vers les mêmes trucs. Et même les gens nous dirigent vers les trucs en nous indiquant fermement que c’est là que ça se passe.

Front de rivière, 500 m à gauche, 500 m à droite. L’impression qu’aller plus loin ne sert à rien.

Hôtel, restos, bars, agence, tout appartient à une même compagnie dans le secteur. Pas la peine de chercher de meilleurs prix chez la concurrence, il n’y a pas de concurrence. “On est la plus grosse compagnie sur le secteur”, comme nous expliquera la charmante et souriante hôtesse Viet et francophone de l’agence, avant de nous louer un bateau pour aller sur le Mékong.

C’est bon, on a compris ! Plus grosse compagnie mais pas la plus grosse gastronomie.

Globalement on aura du mal à manger correctement pendant ces trois jours, avant l’apothéose finale. L’idée de se faire un bon poisson avant le retour à Hô Chi Minh-Ville paraissait bonne. Sauf qu’on s’est embrouillé en passant la commande avec la serveuse gloutonne, qui n’a manifestement pas non plus capté, et qu’on s’est retrouvé avec trois plats pour deux. Trois plats différents. L’exploit du jour étant que les trois (!!!) étaient infectes, immangeables et ne ressemblaient à rien. Le pirate a maudit le poisson et l’addition salée avec. Moi j’ai fini les légumes qui trainaient encore dans le fond du Hot Pot et nous avons repris la route de Hô Chi Minh-Ville. Et si c’était voulu ? S’ils voulaient aussi contrôler ce que vous mangez ?

Texte : Bruno Laurant/CVN

Photos : Jeff Périgois/CVN

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