Le président de l’Association Côtes-d’Armor Vietnam, Alain Rubé. |
Pourriez-vous nous donner des précisions sur la coopération décentralisée entre le Département français des Côtes-d’Armor et la province vietnamienne de Nghê An ? Comment cette coopération évolue-t-elle ?
L’Association Côtes-d’Armor Vietnam est en partenariat avec le Conseil général des Côtes-d’Armor, qui a conclu des accords de coopération décentralisée avec le Comité populaire provincial de Nghê An, depuis 1993.
Notre association, considérant depuis ces dernières années la diminution très importante des moyens mis à la disposition des établissements scolaires enseignant le français, a dû orienter ses actions vers deux axes nouveaux et complémentaires de coopération : la santé et le développement durable, tout en consolidant l’édifice francophonie avec le développement d’activités interculturelles.
L’Association Côtes-d’Armor Vietnam travaille aussi dans la province voisine de Hà Tinh. Le Conseil général des Côtes-d’Armor aide aussi les actions de l’association à Hà Tinh par le versement de subventions dans le secteur de la santé.
D’après vous, dans quels domaines cette coopération est-elle la plus fructueuse?
Dans trois volets. Primo, la culture et la francophonie. Le Centre de la francophonie de Vinh travaille en partenariat avec six établissements qui enseignent le français, pour un public de plus de 500 élèves potentiels. Dans une optique de soutien et de collaboration avec les acteurs vietnamiens, nous aidons les élèves à la pratique de l’oral, nous menons des ateliers culturels dans les classes, et nous apportons une aide pour la préparation aux concours nationaux. Nous organisons par ailleurs des évènements interculturels (expositions, théâtre, soirée de Noël…), et des échanges scolaires entre la France et le Vietnam.
Secundo, la santé. Nous travaillons à favoriser un transfert de compétences entre la France et le Vietnam. Des formations du personnel soignant sont mises en place par des médecins français qui viennent apporter leur expertise aux hôpitaux partenaires à Nghê An et Hà Tinh. Nous proposons par ailleurs des cours de français dans le but de permettre à des médecins vietnamiens de faire un stage en France.
Tertio, le développement durable. Initiées en 2008, les activités comptent aujourd’hui 17 microprojets et 22 parrainages. Elles sont menées en étroite collaboration avec les Unions des femmes des provinces de Nghê An et de Hà Tinh. Chaque microprojet consiste en un soutien à la création d’une activité génératrice de revenus, et représente une somme d’aide sous forme de microcrédit que les bénéficiaires s’engagent à rembourser à partir du 6e mois sur trois ans à taux zéro. Les parrainages concernent des enfants de familles pauvres et des ethnies minoritaires, sous forme d’aide trimestrielle visant à lutter contre l’abandon précoce de la scolarité. Il s’agit le plus souvent de dons de la part de familles françaises.
Remise de bourses de parrainage par l’Association Côtes-d’Armor Vietnam en mai dernier à des enfants de la province de Hà Tinh. |
Pourriez-vous nous préciser quelques projets concrets et leurs résultats ?
Dans le domaine de la culture et de la francophonie, nous intervenons dans les classes et aidons les élèves à préparer les concours nationaux, pour lesquels ils obtiennent souvent de très bons résultats. Nous leur fournissons également des informations sur la possibilité de poursuivre leurs études en France, ce que font chaque année de plus en plus d’étudiants. Nous organisons aussi des évènements culturels, comme la Journée de la Francophonie, ou prochainement un festival du film scientifique en partenariat avec l’Institut Goethe. Un comédien français va venir pendant deux mois pour initier les jeunes au théâtre, et monter une pièce en partenariat avec une école française.
Dans le domaine de la santé, quelques médecins de Hà Tinh ont pu venir faire un stage dans un hôpital français. D’autre part, l’année dernière, nous avons fait venir à Hà Tinh du personnel de santé qui a prodigué des formations et fait des consultations dans les domaines de l’hygiène, de la chirurgie vasculaire et de la dermatologie.
En ce qui concerne les microprojets, des familles pauvres ont pu développer des élevages bovins et porcins, et ont réussi à vendre leurs produits, et lancer leur activité. Quant aux parrainages d’enfants, cela leur permet de poursuivre leur scolarité, et plusieurs d’entre eux ont pu terminer leurs études secondaires.
Sur le volet de la francophonie, les années précédentes, des élèves vietnamiens ont été accueillies en France pour des visites “Découverte des écoles françaises”. Ce programme va-t-il se poursuivre ces prochaines années ?
Depuis 2000, régulièrement, une délégation française se rend au Vietnam, et une délégation vietnamienne se rend en France. Les échanges ont lieu presque tous les ans de façon alternative. Certains des meilleurs élèves sont sélectionnés pour participer à un voyage en France environ tous les deux ans. Depuis le début, 137 élèves vietnamiens sont venus en France dans le cadre de ces séjours «Découverte d’une école française». Ce programme ne pourra pas être reconduit en 2013, mais il le sera par la suite.
L’Association Côtes-d’Armor Vietnam en bref
Fondée en 1988, l’Association Côtes-d’Armor Vietnam a pour but de rapprocher les Côtes-d’Armor et les provinces de Nghê An et Hà Tinh, en favorisant les liens politiques, économiques et culturels entre les deux pays. Composée de 600 membres, elle est soutenue depuis 1993 par le Conseil général des Côtes-d’Armor dans le cadre d’accords de coopération décentralisée avec la province de Nghê An. Depuis 2002, le relais de l’association sur le terrain est le Centre de la francophonie de Vinh, qui travaille à la mise en œuvre de la coopération dans les domaines de la francophonie, la santé et le développement durable. En France, l’association organise des évènements comme des conférences ou la fête du Têt traditionnel, pour sensibiliser la population à la culture vietnamienne.
Propos recueillis par Bùi Thi Phuong/CVN